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Ce n’est pas notre histoire – Lettre Ouverte concernant le Palais de Tokyo

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« Ce n’est pas notre histoire

On voudrait nous faire croire que le monde de l’art est effondré par le départ d’Olivier Kaeppelin du Palais de Tokyo. On voudrait nous faire croire qu’on manifeste devant le Centre Pompidou pour défendre sa cause, quand six protestataires (quatre selon la police) s’agitent devant la chenille armés de pancartes réclamant la « grève de la fin du mépris artistique ». On voudrait nous faire croire qu’Olivier Kaeppelin est aujourd’hui le seul garant d’une représentation décente de la scène française et que son départ signe aujourd’hui la fin de la grande mission que s’est fixée le Palais de Tokyo nouvelle génération.

Mais voilà longtemps que la scène artistique française n’espère plus la venue de son messie. Elle n’a attendu aucun sauveur pour voyager et être exposée de San Francisco à Karlsruhe, de la Tate modern de Londres au KW de Berlin. Ces péripéties de palais ne l’ont pas empêché aujourd’hui, et depuis quelques années déjà, de se réengager sur la voie d’une circulation à l’international tandis qu’elle s’expose aux côtés d’artistes internationaux entre les murs de nombreux centres d’art de banlieue et de province. Le nier, tout attendre d’un seul homme, c’est faire bien peu de cas de tous ces acteurs qui oeuvrent au quotidien, sans coup d’éclat mais avec efficacité : le Plateau à Paris, la galerie de Noisy-le-Sec, le Crédac d’Ivry-sur-Seine, le Mac/Val de Vitry-sur-Seine, l’IAC de Villeurbanne, la Villa Arson de Nice, le Capc de Bordeaux, le Magasin de Grenoble, le musée de Rochechouart (la liste devrait être bien plus longue), mais aussi tous les Fonds régionaux d’art contemporain et le réseau associatif national. Sans jamais se borner à circonscrire la scène française, ces structures ont toujours su mêler artistes français et étrangers, menant des actions qui se sont avérées bien plus efficientes, sur la durée, que des stratégies événementielles et dispendieuses comme la Force de l’art au Grand Palais.

On voudrait nous faire croire enfin qu’il existe deux camps, celui des jeunes branchés et celui des anciens négligés. Que les intérêts des uns s’opposent à ceux des autres. Notre travail au quotidien prouve le contraire. Tout comme la propension des artistes à voler de leurs propres ailes, à voir au-delà de la rue de Valois, sans tout attendre des institutions.

Nous voulons ici rappeler notre désir d’envisager le palais de Tokyo comme le reflet d’une cartographie complexe de la scène artistique, plutôt que l’affirmation d’un panache national. Oui, il existe des alternatives au programme d’Olivier Kaeppelin. Les intrigues répétées dont le Palais a été victime les ont souvent entravées. Parce qu’une “scène” est toujours le  fruit d’une construction, intellectuelle, poétique, politique aussi, il faut aujourd’hui réaffirmer la nécessité d’un lieu où pourrait se dessiner une histoire élargie de l’art français. Un lieu où s’écriraient les multiples récits d’une scène française inscrite dans une dimension intergénérationnelle et internationale. »

[Visuel : The Palais de Tokyo (modern art museum) taken from the Eiffel tower, Paris. Behind is the Palais Gallieri. 11 octobre 2008. Travail personnel de Strobilomyces. Licence Creative Commons Paternité – Partage des conditions initiales à l’identique 3.0 Unported]

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