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Kurt Masur – Sarah Chang au Théâtre des Champs-Élysées

21 septembre 2012
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Dès l’introduction du Concerto pour violon de Brahms, l’orchestre semble particulièrement concentré et investi. La sonorité est pleine. Les contrebasses ont été placées de face à l’arrière de l’orchestre. Kurt Masur, quatre-vingt-cinq ans, a une gestuelle économe mais l’orchestre le suit dans une cohésion parfaite. Le premier violon de l’orchestre, assise en avant au bord de sa chaise, fait des gestes amples à chaque levée, comme s’il valait mieux la regarder, elle.
Très énergique, la violoniste américaine a un timbre singulièrement effilé et perçant. Son jeu est très tendu tout le long du concerto mais elle a une belle technique. L’équilibre est toujours difficile dans cette oeuvre où l’écriture orchestrale est dense et l’effectif instrumental important (Cinquante cordes, quatre cors).
Petite peur au début lorsqu’elle se tourne vers l’orchestre pour dialoguer avec le hautbois et le basson : on ne l’entend plus. Heureusement, cela n’arrive plus ensuite.
Le premier mouvement est admirablement conduit de bout en bout. Au troisième, les attaques puissantes de la soliste masquent parfois les hauteurs. Elle joue avec verve, et tire l’orchestre vers un tempo plus allant. Très applaudie par le public du Théatre des Champs-Élysées, elle ne lui donne pas de bis.

La première Symphonie de Brahms est dirigée par coeur. Le chef n’a pas d’estrade, peut-être pour éviter une éventuelle chute. La sonorité de l’introduction est magnifique. Bien que, là encore, les gestes du chef ne semblent pas très lisibles, la conduite dramatique de la ligne à travers le premier mouvement est remarquable. Le premier thème est enlevé, le second plus mystérieux. Dans la lente sortie du développement vers la ré-exposition, la progression dramatique faite de tensions et de dynamiques multiples est admirable.
La sonorité des cordes dans le deuxième mouvement est pleine et chaleureuse. Le discours est toujours parfaitement profilé. On ne sait pas très bien comment le chef a réussi à faire passer sa grande expérience de cette oeuvre, mais il y est arrivé. Encore de beaux contrastes dans le troisième mouvement et sa mesure à deux temps. Le thème léger du trio est ravissant.
Le quatrième mouvement, immédiatement enchaîné, est colossal. Les pizzicati en accelerando de l’introduction, parfaitement ensemble, sous la main incertaine du chef – comment font-ils ? Peut-être a-t-il réussi à imposer par son expérience et sa maîtrise de ce répertoire, une autorité sereine et détachée qui mobilise les musiciens ? Ou bien alors, se sont-ils pris en main, seuls ? Dans l’Andante, le thème du cor accompagné des trémolos aux cordes est lumineux. Puis vient le célèbre thème.
Le public applaudit vivement le chef et l’orchestre.

Johannes Brahms

Concerto pour violon et orchestre
Symphonie nº 1

Sarah Chang, violon

Orchestre National de France
Kurt Masur, direction

Le jeudi 20 septembre 2012 à 20h

Théâtre des Champs Elysées
15, avenue Montaigne
75007 Paris

www.theatrechampselysees.fr

[Crédit visuel : Christophe Abramowitz]
 

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