Le Sacre du printemps – Pina Bausch – Théâtre des Champs-Élysées
Pour fêter les cent ans du Sacre du printemps, le Théâtre des Champs-Élysées donne durant deux semaines plusieurs Sacres dont celui de Nijinski. Difficile de trouver mieux après la version source et celle de Pina Bausch.
On l’avait revue avec bonheur en 2010 au Palais Garnier dans un programme consacré à trois grands maîtres de la danse : George Balanchine, Trisha Brown et Pina Bausch dans un voyage poétique intitulé Apollon, O Zlozony / O Composite et Le Sacre du Printemps.
Sacha Waltz s’en tire plutôt bien mais on lui préfère sa compatriote allemande.
La soirée est conçue en deux parties : un documentaire sur le travail de chorégraphe de Pina Bausch et le ballet. Celui-ci étant trop court pour constituer à lui-seul le programme de la soirée.
Le documentaire est intéressant, on y voit la chorégraphe à l’œuvre, coiffée d’un bonnet d’aviateur, cigarette à la main, guider chaque mouvement de la danseuse avec tendresse et précision. Celle-ci interprète l’élue. On la voit décomposer à loisir et recommencer le mouvement jusqu’à épuisement pour incarner véritablement le personnage. C’est du théâtre dansé, rappelons-le. Aussi chaque geste est pleinement chargé de sens. C’est plaisant mais le spectateur attend le ballet avec impatience. Aussi, avec joie, il salue les techniciens qui apportent la tourbe sur scène. Cette terre légère et colorée, matière sur laquelle le drame se joue…
Dès les premières secondes, la puissance et la beauté unique du Sacre de Pina Bausch immortalisent le sacre de Printemps. Les danseurs exceptionnels du Tanztheater envahissent le plateau avec une force et une présence incroyables : le spectateur est pris aux tripes. La chorégraphe sait occuper magistralement le plateau et les corps s’affrontent dans la matière dans une dimension quasi archaïque. La terre légère se colle aux torses nus des danseurs ou s’accroche au voile beige et transparent des danseuses. On entend leur souffle résonner sur scène. Le ballet évolue dans une harmonie et une violence inouïes. Chaque mouvement est en parfaite adéquation avec la musique qu’il donne à redécouvrir. Certains passages résonnent différemment. La version de Nijinski apparaît alors parfois toute guillerette en comparaison.
Saluons cette prestation magnifique de tous les danseurs et la merveilleuse élue tragique si émouvante.
Un moment de grâce applaudi à tout rompre par une salle bouleversée et debout.
Marie Torrès
Le Sacre du printemps
Chorégraphie de Pina Bausch
Danseurs du Tanztheater
Théâtre des Champs-Élysées
15, avenue Montaigne
75008 Paris
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