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Teresina – Théâtre de Poche-Montparnasse

4 octobre 2013
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teresina

La pièce commence avec l’entrée de Pulcinella en scène, accompagné de son jeune fils Emanuele. Ce sont deux marionnettistes ambulants, deux charlatans, qui voyagent de village en village avec leur castelet de marionnettes à gaine. Ils nous introduisent dans l’univers d’une foire où ils rencontrent la jeune Teresina, dont Pulcinella tombe amoureux. Celle-ci succombe à ses mots doux, tandis qu’il lui promet de l’épouser. Mais la veille de leur mariage, le futur époux s’enfuit, ignorant qu’elle est enceinte de lui.

Cette « mère courage », toujours amoureuse de l’homme qui l’a abandonnée, décide de lutter pour le reconquérir. Ce couple, qui a ses origines dans la commedia dell’arte du xvIe siècle, est prédestiné à se quereller pour l’éternité. Teresina et Pulcinella vont-ils réussir à échapper à leur destin ou bien celui-ci va-t-il changer leur sort ?

Une comédie qui masque un drame

S’inspirant de la commedia dell’arte, l’auteur-metteur en scène Fabio Marra tente avec Teresina de donner à ce genre théâtral une dimension et une force dramatiques plus proches de la scène d’aujourd’hui. Il met la tradition au service du drame.

Ses personnages, masqués et animés par l’urgence de vivre, représentent des types humains identifiés par leur appartenance à un groupe social, un langage et un costume. Leur corps trace dans l’espace les grands traits des émotions et des passions humaines.

Derrière ces masques grotesques se joue une comédie humaine qui rassemble les personnages dans des situations comiques, mais touchantes : Teresina, la mère célibataire, qui vit dans l’espoir de reconquérir son amour ; Pulcinella, un éternel enfant soucieux de sa liberté, qui fuit la réalité et ses responsabilités ; Emanuele représentant la génération future, le rêve, la gourmandise de la vie. Des personnages à la fois burlesques et tragiques, dont les masques ne peuvent cacher leur vérité. Le mariage du rire et des larmes.

La Commedia dell’arte

La commedia dell’arte est la forme la plus populaire du théâtre italien et la forme la plus authentique du théâtre pour tous. Le comique de ce théâtre tient dans la représentation des ridicules, voire des monstruosités de la nature humaine, par le truchement de masques et d’un dialogue marqué par la vivacité, la simplicité et la vérité. Il nous offre des types humains aussi risibles à la scène qu’ils peuvent être douloureux, voire pitoyables dans la vie.

C’est au xvIe siècle que le dramaturge vénitien Angelo Beolco, dit « Ruzzante », considéré comme le père de la commedia dell’arte, invente un langage original formé d’une grande variété de langues : il juxtapose des dialectes divers, le florentin, le napolitain, le vénitien et introduit des expressions en latin, en espagnol et même en allemand. Ce théâtre est donc marqué par ses innovations linguistiques. Dans Teresina, Pulcinella utilise à plusieurs reprises le napolitain et Teresina l’espagnol, leurs langues maternelles respectives.

La commedia dell’arte va inspirer les plus grands dramaturges français au xvIIe siècle. Ainsi Molière, qui partage la salle du Palais-Royal avec les Comédiens italiens du Roi, va-t-il assimiler cette technique et ce répertoire. On retrouve dans son théâtre les fameux valets, ou zanni, en francisant leur nom. En général confidents de jeunes amoureux, ils se chargent de faciliter la rencontre entre ceux-ci et leur mariage et ils taquinent, comme dans la tradition, leurs vieux maîtres colériques.

Admirateur de Molière, Goldoni, au xvIIIe siècle, renouvelle le genre. Il oblige ses acteurs à se référer à un texte écrit, à renoncer aux pitreries faciles et il donne aux personnages une individualité de plus en plus marquée. La commedia dell’arte devient peu à peu comédie de caractères. Avant qu’elle ne disparaisse de la scène au xIxe siècle, les Anglais s’en inspirent pour créer, au cirque, le personnage du clown, héritier naturel du héros de la commedia, acteur maquillé qui porte un costume souvent excentrique et qui improvise des situations comiques dans une forte proximité avec le public.

La commedia dell’arte connaît aujourd’hui un regain de faveur, notamment au sein des jeunes compagnies, mais aussi dans un théâtre plus institutionnel, certains grands metteurs en scène n’hésitant pas à lui donner une dimension authentiquement spectaculaire.

Teresina

De Fabio Marra

Mise en scène de Fabio Marra

Avec Sonia Palau, Teresina, Emanuele, Fabio Marra, Pulcinella

Du 1 octobre au 10 novembre 2013
Du mardi au samedi à 21h30
Le dimanche à 17h

Durée du spectacle : 1h05

Théâtre de Poche Montparnasse
75, boulevard du Montparnasse
75006 Paris

www.theatredepoche-montparnasse.com

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