Grace de Monaco, le film : bon pour le musée Grévin !
Grace de Monaco D’Olivier Dahan Avec Nicole Kidman, Tim Roth, Frank Langella, Paz Vega, Milo Ventimiglia et Jeanne Balibar Durée : 102 min. Sortie le 14 mai 2014 |
Sous prétexte de conter comment Grace Kelly devint la princesse Grace, Olivier Dahan constitue une sorte de musée Grévin de chair humaine. À la fois malsain et ennuyeux.
1962. Sur le rocher monégasque, c’est la crise. Le Général de Gaulle, lassé de voir les entreprises françaises s’exiler sous les cieux plus cléments et non-imposables de Monaco, menace le prince Rainier d’une invasion en bonne et due forme s’il ne paie pas de fortes sommes à la France. Quant à la princesse Grace, autrefois Grace Kelly, blonde icône du cinéma hitchcockien, elle a la nostalgie des projecteurs et se verrait bien en Marnie, kleptomane frigide dans un futur chef-d’œuvre – aux côtés d’un acteur écossais inconnu du nom de… Sean Connery. Évidemment, Rainier, dont l’autorité semble ainsi contestée jusque dans l’intimité, ne voit pas d’un très bon œil sa femme soupirer pour Hollywood. Pour sauver la principauté, tout ce petit monde devra alors se pencher sur la crise du couple royal. Conspué (avec raison) à sa présentation en ouverture du Festival de Cannes, le film Grace de Monaco a ceci de remarquable qu’il verse à peu près dans tous les écueils redoutables qui menacent habituellement le genre du biopic. Car enfin, au-delà du lien affectif que l’on peut entretenir avec tel ou tel personnage célèbre, on peut se demander quel intérêt trouver au récit de son existence. Souvent, le cinéma se contente d’un récit linéaire suivant le fil de la vie de celui ou celle qu’il cherche à portraiturer, sans grand apport pour le spectateur, à quelques exceptions près. Ainsi, I’m not there de Todd Haynes est-il bien plus qu’un biopic de Bob Dylan, puisqu’à travers cinq personnages et autant d’acteurs, il nous raconte les vies imaginaires, rêvées du héraut de la musique folk contestataire et nous en dit beaucoup plus long sur ses sources d’inspiration que sur son existence factuelle et prosaïque. Cette promenade parmi les momies n’est pas sans susciter un certain malaise qui, au bout de près de deux heures de temps, confine à l’écœurement. Mais elle est en outre profondément ennuyeuse. L’idée de se focaliser sur un épisode particulier de la vie monégasque de « Son Altesse Sérénissime la Princesse Grace » n’était pourtant pas mauvaise et se nourrit d’au moins un bon plan : celui, prémonitoire, où la princesse mène sa voiture furibonde à une vitesse folle dans les virages du rocher. Mais jamais le film ne parvient à susciter l’adhésion, voire la simple émotion, empêché en cela par l’impossibilité de jouer de son actrice principale sous ses quinze couches de maquillage et l’inconsistance de son scénario. La morale niaise, à peigne digne d’un discours de Miss France, achève d’enliser le tout dans le grotesque. Les vains efforts de Grace Kelly, actrice, pour apprendre à devenir princesse frisent la caricature et souffrent de la comparaison qui s’impose avec un autre film sur un règne en crise, autrement plus réussi. C’était en effet le postulat du magnifique Les Adieux à la Reine, de Benoît Jacquot, de montrer comment, dans l’urgence de la déchéance monarchique de 1789, Marie-Antoinette devenait enfin reine, en une sorte de révélation désespérée. Heureusement, un détail empêche de sombrer complètement dans la narcolepsie : la présence du grand Tim Roth au casting, qui parvient – et c’est louable – à tirer son épingle de ce jeu de masques, en prince Rainier. Raphaëlle Chargois [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=RycA1TW35tI[/embedyt] [Tous crédits photos : David Koskas, Grace de Monaco, 2014, © David Koskas, © 2014 – STONE ANGELS] > Le synopsis du film Grace de Monaco d’Olivier Dahan |
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