Champs-Élysées Film Festival 2015 : Stinking heaven

Présenté au Champs-Élysées Film Festival

Le Champs-Élysées Film Festival est devenu en quelques années un espace où les cinéphiles les plus curieux peuvent trouver des œuvres atypiques, parfois à la lisière de l’expérimental. C’est le cas avec ce Stinking heaven, filmé intégralement avec une caméra Ikegami, initialement utilisée pour la télévision dans les années 80.

L’histoire est simple : le fragile équilibre qui soudait une bande de marginaux en communauté dans le New Jersey vole en éclats avec l’arrivée d’une nouvelle personne.

Une histoire basée sur la propre expérience du réalisateur (une partie de sa famille a habité un temps dans un ashram), des scènes qui transpirent l’improvisation et des cadrages au plus près de l’action (immersifs mais étouffants), Stinking heaven est un objet qui éveille autant la fascination, en particulier sur la manière sublime dont la caméra capte la lumière en extérieur, que l’agacement. En effet, ce qui semble être des séances de thérapie de groupe où les membres ressassent leur vie passée (et se gargarisent de la paix qu’ils ressentent désormais dans la communauté) virent de façon systématique à de pénibles crises hystériques.

Plus que la question du propos, c’est le regard que le réalisateur pose lui-même sur cette tentative désespérée d’accéder à une nouvelle vie qui étonne. De par son scénario et la complaisance avec laquelle il s’acharne à nous montrer chaque parcours de délitement (ou d’implosion), il dresse un portrait sans paillettes de la possible vie post-addiction. Selon Stinking heaven, le constat est clair : l’équilibre est précaire et un grain de sable rappelle à son état, un addict reste un addict et ne trouve son salut (et celui de ses proches) que dans la mort.

Lucile Bellan

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[Image 2015 © Champs-Élysées Film Festival]