Mikko Franck au meilleur de sa forme

Magnifique concert d’ouverture de saison pour l’Orchestre Philharmonique de Radio-France dans un programme magnétique.

L’acoustique précise de l’Auditorium sert l’écriture minutieuse de The Shadows of time de Dutilleux. Cette oeuvre, peut-être la meilleure pièce d’orchestre du compositeur français après les Métaboles, créée en 1997 par le Boston Symphony Orchestra de Seiji Ozawa, enchaîne cinq mouvements et un interlude d’un seul tenant. Les premières sonorités cuivrées sont saisissantes. On sent un Mikko Franck en contrôle, sans emballement, dans une musique au tissu instrumental dense mais toujours équilibré. Les trois voix d’enfants semblent venir de nulle part, se fondant parfaitement dans l’orchestre. Que ce soit sur un unisson de cuivres ou une homophonie des bois, les effets de timbres sont admirables.

Les Litanies à la vierge noire de Rocamadour de Poulenc sont une surprise. La Maîtrise de Radio-France sous la direction de Sofi Jeannin montre ici tous ses atouts. Elle est essentiellement constituée de jeunes filles, mais on ne sait si c’est volontaire ou non. Oeuvre un peu désuète pour qui comprend les paroles, elle nous transporte dans un autre temps.

Enfin, deux poèmes symphoniques de Richard Strauss parmi les plus connus. Si la profondeur d’inspiration de Mort et transfiguration plonge l’audience dans le recueillement, la joie et l’humour de Till l’espiègle, dans une salle qui gratifie la précision des réponses d’un pupitre à l’autre, emporte le public dans un tonnerre d’applaudissements.

Marie Torrès