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“Primera carta de San Pablo a los Corintios”, grandiosement diabolique

11 novembre 2015
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corintios

Primera carta de San Pablo a los Corintios

Avec Victoria Aime, Angélica Liddell, Ugo Giacomazzi en alternance avec Borja López et Sindo Puche

Jusqu’au 15 novembre 2015

Tarifs : de 6 à 40 €

Durée : 1h25

Odéon-Théâtre de l’Europe
Place de l’Odéon
75006 Paris

M° Odéon
(lignes 4 et 10)

www.theatre-odeon.eu

Performeuse explosive, elle est à Paris dans le cadre du festival d’automne avant de partir à Strasbourg. Angélica Liddell interroge le sacré à travers le profane et mêle le trivial au religieux : grandiosement diabolique.

Trois séquences, trois lettres exactement, composent le spectacle. D’abord des versets de la Première épître aux Corinthiens de saint Paul puis la lettre de Marta à Tomas dans Les Communiants de Bergman et celle d’Angélica Liddell elle-même qui est la Lettre de la Reine du Calvaire au Grand Amant. En langue espagnole et suédoise, le spectacle est surtitré et le plateau se transforme en étrange zone où Dieu, la foi et l’amour sont interrogés, triturés, violentés, apostrophés et suppliés, voire suppliciés, par mots et par images. On retrouve Angélica Liddell telle une braise volante, capable de traverser le plateau en mouvements d’oiseau de feu mais aussi capable de s’immobiliser en mystique pour parler au Christ et au ciel dans une longue adresse superbe et saisissante. En robe blanche ou en robe rouge, elle oscille entre une pureté et une folie qui ne repousse aucun excès. Sa voix à elle seule est une cantate et son timbre jusqu’aux accents rugueux atteint une puissance sonore bouleversante, le cri et l’invocation se tissant comme un requiem. Quant au corps, il est travaillé jusqu’à la transe et la chorégraphie, même statique, est une variation gigantesque entre appel désespéré et convulsions qui sont autant de syncopes corporelles mariées à la musique sacrée.

Le propos structuré en trois expériences spirituelles est traduit minutieusement par Christilla Vasserot et convoque une haute densité. Angélica Liddell prend à bras-le-corps la question du bien et du mal, elle traverse les frontières entre amour et haine, chair et esprit, don et sacrifice, vie et mort. Accompagnée d’un homme nu, elle brasse l’irrationnel et le terre à terre, elle bataille à la façon de Jacob avec l’Ange, elle traverse des ténèbres non sans rappeler des figures comme sainte Thérèse d’Avila et, dans sa tentative de retrouver le concept de Dieu, elle se livre aux transgressions de la loi par des gestes poétiques et des visions iconoclastes. Les extraits bibliques prennent un écho pourfendeur et les figurantes nues dans le tableau final suggèrent non sans violence une foi retrouvée à moins que ce ne soit un point limite pour l’humain qui se dépouille face au divin. Le tout prend un magnifique relief visuel sous la lumière de Carlos Marquerie. C’est extrêmement dérangeant pour certains, c’est aussi une performance artistique proche d’une installation picturale, textuelle et vocale, installation hautement vivante, nerveuse, quasi-folle et palpitante.

Émilie Darlier

[Photos © Samuel Rubio]

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