Allez-y de notre part : 3000 nuits

Sortie le 4 janvier 2017

Comme chaque semaine, la rédaction d’Artistik Rezo sélectionne pour vous LE film à ne pas rater. Cette semaine : 3000 nuits, de Mai Masri.

Le pitch. Années 80, à la veille des événements de Sabra et Chatila. La révolte gronde dans une prison israélienne, où sont détenues des prisonnières politiques palestiniennes. Layal, une jeune institutrice de Naplouse, vient d’arriver, condamnée à 8 ans de prison pour un attentat dans lequel elle n’est pas impliquée. Elle partage la cellule d’Israéliennes condamnées pour droits communs et s’habitue progressivement à l’univers carcéral. Mais Layal découvre qu’elle est enceinte. Envers et contre tout, elle décide de garder l’enfant.

Allez-y de notre part. On n’a pas attendu Orange is the new black pour parler des prisons pour femmes dans les films et les séries : pour ne parler que des œuvres les plus récentes, l’argentin Leonera et le français Ombline (avec Mélanie Thierry) ont su en décrire les subtilités et les spécificités au travers d’œuvres souvent dures mais néanmoins empreintes çà et là d’une tendresse due à l’entraide à laquelle se livrent immanquablement les taulardes, habituées à avancer de front pour ne pas se laisser marcher dessus.

Réalisé par une metteuse en scène palestinienne spécialiste du doc (elle a réalisé 9 longs métrages documentaires après avoir étudié le cinéma aux États-Unis, d’où son père est originaire), 3000 nuits est donc le premier long de fiction de Mai Masri. Hors de question ici de laisser floue la frontière entre fiction et documentaire ; pour autant, le film est gorgé de ce que la cinéaste a pu apprendre de ses nombreuses rencontres avec des femmes palestiniennes, dont beaucoup ont déjà été enfermées dans des prisons israéliennes.

S’il n’y avait son épaisse dimension politique, 3000 nuits se résumerait à une vaillante relecture des films précédemment réalisés sur le même thème : il y est question de grossesse en prison, de violence et de ce que les prisonnières peuvent être prêtes à faire pour survivre et donner une vie décente à leurs enfants. Le témoignage est d’autant plus fort ici qu’il s’accompagne d’une réflexion sur les convictions politiques et les décisions déchirantes qu’elles peuvent être amenées à provoquer.

Lucile Bellan

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[Image 2017 © JHR Films]