Le chien bouleverse au Théâtre Rive Gauche
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Le Chien De Eric-Emmanuel Schmitt Mise en scène par Jean-Claude et Marie-Françoise Broche Avec Mathieu Barbier et Patrice Dehent Jusqu’au 26 mars Tarifs : de 19 à 21 € Réservation en ligne ou au 01 43 35 32 31 Durée : 1h30 Théâtre Rive Gauche |
Jusqu’au 26 mars 2017 Le chien, spectacle mis en scène par Jean-Claude et Marie-Françoise Broche, tel un beauceron tapageur et robuste, nous secoue intellectuellement, nous entraine avec force dans son élan émotionnel. La nouvelle d’Eric Emmanuel Schmitt bouleverse, au Théâtre Rive gauche, grâce au talent indéniable de ses deux interprètes. Quelques cubes disposés sur un plateau nu offrent un décor minimaliste. Mathieu Barbier, dont la carrure d’armoire à glace s’impose d’elle-même, fait résonner une voix profonde, chaude et douce. Si nous sommes intrigués, de prime abord, par ce qui s’apparente au monologue d’un conteur, le comédien nous surprend bientôt. L’interprète entame une succession de dialogues, donne vie à divers personnages, module son organe vocal avec une aisance déconcertante. Alors qu’intervient Patrice Dehent, dont la voix tout aussi mélodieuse décline sa panoplie de couleurs, le suspens d’une intrigue peu banale a tôt fait de nous happer.
Un médecin de campagne, suicidé cinq jours après la mort de son chien, un beauceron dénommé Argos, laisse sa fille unique, Miranda, dans un désarroi profond. Personne n’ose envisager la vérité. Comment un homme aurait-il pu mettre fin à ses jours à cause d’un animal ? Si cette vérité dérange, elle demeure incomplète. De nombreuses pièces du puzzle font défaut. Car Samuel Heiman était, de son vivant, nimbé de silence et de secrets. Miranda confie alors à l’ami de son père, un écrivain, la mission de percer le mystère. À travers un retour dans l’histoire de la guerre et de la Shoah, l’histoire refoulée rejaillit bientôt. Propulsée avec la force d’un volcan demeuré longtemps silencieux, la chaleur brûlante de l’amour d’un père très introverti, la vérité nous atteint de plein fouet. Optimisme et héroïsme Si ce récit enthousiasmera les amis de nos compagnons à quatre pattes, au delà de la question animale, le questionnement s’avère beaucoup plus large et universel. Il s’agit notamment de sonder, de questionner l’humanité, l’héroïsme à travers ce qui leur est communément opposé ; l’animal. Nous retrouvons bien l’auteur, Eric Emmanuel Schmitt ; construction parfaitement ficelée, réflexion rondement menée, suspens porté à son comble associés à un dénouement bienveillant, optimiste. Toujours croire en l’homme, lui donner sa chance, envers et contre tout ; en cela, l’auteur est bien ce héros qu’il dessine dans ses fictions.
Nous évoquerons une interprétation théâtrale plutôt qu’une une adaptation à proprement parler. Peu de transformations, nul artefact, l’économie des moyens employés libèrent notre imagination et l’aiguillonnent. Avec sobriété, ces deux comédiens livrent un jeu d’une richesse et d’une intensité désarmantes. Sans sensiblerie affectée mais étreints par une émotion poignante et contagieuse, ils nous arrachent bien quelques larmes. Vraiment bien joué ! Jeanne Rolland Citation : « Si les hommes ont la naïveté de croire en Dieu, les chiens ont la naïveté de croire en l’homme. » [Crédits Photo : © Théâtre Rive Gauche] |
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