Les Derniers Parisiens, une petite virée dans Pigalle
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Les Derniers Parisiens De Hamé et Ékoué Avec Reda Kateb, Slimane Dazi, Mélanie Laurent Durée : 1h45 Sortie le 22 février 2017 |
Le 22 février 2017
Hamé et Ekoué, membres du groupe de hip-hop La Rumeur, ont fait le pari de réunir Reda Kateb, Slimane Dazi et Mélanie Laurent pour leur premier film. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette balade dans l’un des quartiers les plus connu de Paris tend à faire réfléchir.
Les Derniers Parisiens est un film « de potes », comme le disent si bien ses réalisateurs. Et il nous emmène droit dans Paris, sans artifices, ce qui est rare et appréciable, car Pigalle a tendance à changer et n’a plus la même réputation sulfureuse qu’autrefois. Et pourtant, selon eux, le quartier reste le point de convergence de toutes les banlieues. Le but était donc de filmer une ville comme une autre et de montrer la vie de ses habitants, ces « derniers Parisiens » qui tentent de vivre la tête hors de l’eau. En effet, les plans rapprochés nous permettent de suivre les scènes au plus près des protagonistes, de rire et de s’énerver avec eux. Et même si certaines paroles ne sont pas toujours compréhensibles, nous voyons une vie quotidienne parfois aux allures de documentaire. Entre clichés et convivialité, le film possède un bon sens du rythme qui transporte le spectateur, du début à la fin, au milieu des déboires de Pigalle.
Si Nas et Arezki sont au centre du film, les réalisateurs n’en oublient pas moins les autres personnages, tous très attachants. Nous finissons par suivre plusieurs histoires qui s’entremêlent de façon très intelligente. Comme dans la réalité, c’est en passant du temps avec les gens que nous commençons à les connaître et à les comprendre. Nous voyons même des personnes réelles et leur vie quotidienne comme le vendeur de CDs et DVDs. Pari réussi : le film se passe au plus près des Parisiens. Et les femmes dans tout cela ? Si le film peut être accusé de misogynie, en y réfléchissant, leur discrétion finit par jouer un rôle important dans le déroulement de l’histoire. Bien que quasiment absente à l’écran, le personnage de Mélanie Laurent exerce une influence déterminante auprès des protagonistes principaux dans leurs décisions. Responsable de la réinsertion de Nas, l’actrice Mélanie Laurent met d’ailleurs en lumière une profession peu visible au cinéma : celle des SPIP, services pénitentiaires d’insertion et de probation.
La relation entre les deux frères est au cœur de l’histoire et est l’image de deux générations bien distinctes. Les années 80 sont touchées par une arrivée massive du chômage et de la drogue, impactant ainsi de plein fouet la génération d’Arezki. Vient ensuite celle de Nas, qui a vu ses grands frères tomber, et qui essaie de survivre tant qu’elle peut pour ne pas terminer de la même façon. Et cela passe malheureusement par quelques magouilles. Autre touche d’intelligence de la part des réalisateurs, la drogue n’est jamais montrée explicitement. Elle est incarnée par les personnages, comme Nas qui sort de prison, ou le SDF qui tente d’avoir assez d’argent pour en acheter. Cette tension conduit les deux frères à ne plus se comprendre, à ne plus savoir se parler. Et comme dans la vie réelle, nous ne sommes pas dans le happy-end romancé. Pensons-y, Nas et Arezki existent sans doute réellement, nous les avons peut-être déjà croisés. Ce film est donc un bel hommage à ces Parisiens qui ont connu la crise, ceux qui habitent encore les quartiers de la capitale, malgré l’arrivée massive d’étudiants et provinciaux. Et au fond, ces Parisiens, nous les connaissons tous. Ils veulent tout simplement ce que tout le monde souhaite : exister. Manon Bailleul Bande annonce [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=qQqibc9zS-M[/embedyt] [Crédits Photos : © Haut et Court] |
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