Aux Abbesses, Ambra Senatore déménage avec ses « Pièces »
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Pièces D’Ambra Senatore Avec Aline Braz Da Silva, Du 15 au 19 mars 2017 Tarifs : 10-26 € Réservation par tél. au 01.42.74.22.77 Durée : 1h Théâtre des Abbesses |
Du 15 au 19 mars 2017
La danse contemporaine peut être totalement divertissante, tranchante, ironique… « Pièces » d’Ambra Senatore, qui arrive au Théâtre des Abbesses, est une pièce, ou bien ça en est trois, une de danse, une de théâtre et une autre, cinématographique. Cinq personnages, des jeunes du monde actuel, y courent après leurs rêves et leurs désarrois. En leur milieu, la chorégraphe elle-même, une forte tête de l’Italie du Nord. Ambra Senatore est chorégraphe. Pourtant on pourrait aussi bien voir en elle une metteure en scène de théâtre. D’un théâtre où le mouvement du corps exprime, dans les creux des genoux, des coudes et du bassin ce que les mots des personnages tentent de cacher. Et puis, elle vient de Turin, ville qui cultive le mythe du cinéma et possède l’un des plus beaux musées du septième art. Et les pièces de Senatore sont souvent montées comme au cinéma. « Pièces » prend la réalité, mais la reflète comme dans un miroir déformant. Les dialogues des jeunes qui cohabitent cet appartement passent à côté d’une communication réelle et montrent d’autant plus leur réalité profonde. Que c’est comique, on l’imagine facilement. Ensuite, ce groupe d’amis aime se déplacer en unissons ondulant ou autres démarches décalées, révélant au passage les failles et les incertitudes, mais aussi les désirs de chacun(e). Mais dans la projection de ce film théâtral, ça dérape autant : Retours en arrière, répétitions, sauts dans le temps… Au fait, y a-t-il une histoire? Bien sûr, la chorégraphe qu’est Senatore ne laisse pas les choses au hasard! Chaque geste, chaque cut porte le sceau de son ironie, de son propre sourire facétieux et d’une idée très claire sur ce qu’est son univers personnel. La metteure en scène qu’elle est trace sa route dans le paysage de la danse, et cette route est parfaitement cohérente. Thomas Hahn [Crédit Photo : © Viola Berlanda] |
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Ce qui est vrai pour ses pièces en général, l’est d’autant plus pour « Pièces ». Elle a donné ce titre directement en français, car il est loin son temps de jeune chorégraphe turinoise. Ou bien, pas si loin. Car sa carrière fut fulgurante. Aujourd’hui, Senatore dirige le Centre Chorégraphique National de Nantes, succédant à Claude Brumachon et Benjamin Lamarche. « Pièces » est sa première création en tant que membre du cercle des dix-neuf directeurs de CCN, dont des noms comme Angelin Preljocaj, Thierry Malandain, Boris Charmatz, Olivier Dubois et, il n’y pas longtemps encore, Carolyn Carlson…
Dans « Pièces », il y a des pièces : Le séjour, la cuisine et autres. Car le théâtre dansé de Senatore creuse ce que nous sommes et faisons au quotidien, nos relations à nous-mêmes et à l’autre. Et cette Italienne à la longue natte blonde n’a pas seulement un regard pointu, mais aussi énormément d’humour. Elle nous tend le miroir, mais elle le fait avec un grand sourire. Senatore ne flingue personne, même pas pour les pires de crises de nerfs.
Le rythme aussi est surréaliste dans « Pièces ». Car chaque scène est découpée en petites pièces, justement, et remontée en petits bouts, croisées avec les petits instants prises dans d’autres pièces dans la pièce, comme dans un cut cinématographique qui tourne en vrille, où le monteur aurait perdu le contrôle de ses ciseaux et recollé les bouts au hasard. 



