Erwin Blumenfeld, génial précurseur
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Studio Blumenfeld : New-York 1941-1960, L’Art en contrebande Œuvres d’Erwin Blumenfeld Tous les jours, sauf le mardi, de 11h à 19h Parcours officiel du Mois de la Photo du Grand Paris Plein tarif : 5€ Cité de la Mode et du Design |
Jusqu’au 4 juin 2017
À la Cité de la mode, l’exposition Studio Blumenfeld : New York 1941-1960 retrace la relation du photographe avec la presse et la publicité. Une invitation à découvrir sa constante soif d’exploration et sa recherche d’une identité par la couleur qui a influencé l’Amérique. Le sous titre (L’Art en contrebande) rappelle le contexte dans lequel Erwin Blumenfeld s’installe aux États-Unis en 1941 : après avoir fui le nazisme, il débarque à New-York où la presse de mode est en plein essor.Il va alors totalement révolutionner le genre, imposant son style, immédiatement reconnaissable : jeux de couleurs et de lumières, manipulations du medium, répétitions du motif, figures tronquées, cadrages audacieux… Un style qu’il a eu l’occasion de peaufiner les années précédentes, mais c’est cette période américaine qui fait sa réputation.
Dans une mise en scène confiée à l’architecte et scénographe Vasken Yéghiayan, l’exposition a été conçue, par François Cheval et Nadia Blumenfeld Charbit, comme une exploration à travers les différents procédés techniques et artistiques du photographe. De l’entrée de la Cité de la mode jusqu’à la galerie d’actualité, ce sont près de 200 œuvres qui sont ainsi dévoilées, dont une trentaine de clichés inédits, tirés des archives personnelles d’Erwin Blumenfeld. Y sont rassemblés des photographies de mode en couleurs réalisées pour la presse, des couvertures de magazine et ses « 100 best ».
Ses travaux réalisées pour Vogue, Harper’s Bazaar, Look, Life racontent l’histoire du grand écart permanent entre les exigences de la commande et les aspirations artistiques. Car, avant tout, Erwin Blumenfeld considère son modèle à part entière. Davantage que le vêtement, c’est la personne qui est mise en avant. « Il est l’un des rares photographes de son époque à avoir l’audace de mettre en couverture des modèles ne répondant pas aux standards (…) ou des mannequins encore inconnus », expliquent les commissaires de l’exposition. Celui qui a placé la beauté féminine au centre de son œuvre, ne cède donc pas aux canons habituels de la beauté, tout du moins ceux imposés par les médias et les marques. Malgré la pression des directeurs artistiques, il contrôle chaque détail, voire maquille lui-même ses mannequins, et choisit les accessoires. Il manipule aussi l’art graphique, utilise des calques, des parois de verre et effets spéciaux en tous genres, n’hésitant pas à provoquer. Car, si à ses yeux, la femme reste le plus stimulant objet de fantasmes, il s’attache autant à l’âme, si ce n’est plus, qu’à la beauté plastique. À la beauté sous tous ses aspects, donc.
Un grand écart périlleux, mais réussi, grâce à un style unique, marqué par l’obsession pour la recherche : «Novateur acharné, mon grand-père cherchait toujours à bousculer les conformismes», ajoute Nadia Blumenfeld Charbit. En effet, selon Erwin Blumenfeld, le réel n’a d’intérêt que modifié. Cette transformation, elle s’opère par expérimentations, en l’occurrence ici, les filtres et la couleur qui le fascinent ou l’amusent. Grâce à un partenariat avec le musée Nicéphore Niepce, ce sont près de 650 Kodachromes et Ektachromes qui ont d’ailleurs retrouvé leurs tonalités d’origine. Et comme la couleur est une fête, ça en jette ! La grammaire des années 30 est ici formidablement rassemblée. La lumière sculpte autrement le sujet. Lignes et matière composent des ensembles abstraits, si bien que le point de fuite est à chercher dans le hors champ. Graphique, la photo se fait aussi chorégraphie. Autant d’obsessions visuelles et chromatiques qui troublent. Encore et toujours.
Les renvois à l’histoire de l’art européen sont incessants. On reconnaît, pêle-mêle, la peinture de la Renaissance, l’impressionnisme, mais aussi la modernité des années 20, le dadaïsme, le cinéma… De là aussi, vient la contrebande. Ces références iconographiques et stylistiques sont d’ailleurs mises en avant dans l’une des pièces centrales du parcours : le paravent monté à partir de ses 100 meilleures photographies, en noir et blanc. Il servait parfois de décor lors de séances, mais trônait surtout dans son studio pour l’inspirer. C’est un plaisir, chaque fois renouvelé, que de se plonger dans l’œuvre d’Erwin Blumenfeld. D’ailleurs, l’exposition a été sélectionnée par le Mois de la Photo du Grand Paris, qui, cette année, se tient en avril. Normal ! Ce photographe majeur, élevé aux avant-gardes européennes, a su aussi influencer les codes esthétiques de la photo de mode. En contrebandier de talent. Sarah Meneghello À noter : [Crédits Photos 1, 2 et 3 : © The Estate of Erwin Blumenfeld / Photo 2 : Le Poudrier pour Elizabeth Arden, 1955 Modèle : Nancy Berg © The Estate of Erwin Blumenfeld / Photo 4 : Paravent monté à partir des 100 meilleures photographies d’Erwin Blumenfeld © Sarah Meneghello]
Exposition « Studio Blumenfeld New-York 1941-1960 L’art en Contrebande » – Cité de la Mode et du Design, de Fabiola Ondzounga |
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