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Ekaterina Aristova : “Je travaille l’idée, le concept et l’âme”

Ekaterina Melnikova 30 décembre 2021
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© Ekaterina Aristova, La Creazione (Dyptique), 2021

Rencontre avec Ekaterina Aristova, une artiste franco-russe qui représente par la création artistique le sens, l’âme et l’honnêteté. Aujourd’hui installée à Paris, l’artiste a commencé sa carrière dans l’art par une rencontre avec le peintre Sergueï Toutounov, qui l’a encouragée à abandonner le secteur financier où elle travaillait pour se consacrer entièrement à la création artistique. Et c’est précisément son chemin d’émancipation et de liberté que l’artiste exprime à travers sa créativité, qui n’obéit à aucun code ni à la raison, mais qui est une sorte d’art pur et transparent sans intention.

Vous travaillez avec l’inconscient et les émotions pour créer des œuvres d’art “impulsives”. Y a-t-il eu un événement qui vous y a poussée ?

Quand j’ai fréquenté l’Académie de la Grande Chaumière, nous travaillions souvent avec le dessin académique : il y avait un modèle posé devant nous que nous devions peindre. J’ai passé beaucoup de temps à essayer de créer des proportions parfaites, mais je n’étais jamais satisfaite de mon résultat. Un jour, nous devions peindre une danseuse en mouvement. Elle dansait vite, je n’avais pas le temps de réfléchir, alors j’ai créé des croquis rapides. C’était ma meilleure série. Je me suis rendu compte que plus je passais de temps à réfléchir à mon travail, plus il était rempli d’erreurs et d’artificialité.
Ma série d’aquarelles intitulée Danse avec moi a été bien accueillie par le public et a lancé ma carrière d’artiste.

Quels sujets aimez-vous traiter ?

Je travaille avec l’émotion. Tant qu’il y a une impulsion, je peins un tableau. Je me suis toujours demandé comment était-il possible de peindre quelque chose qui n’a pas de forme ? Par exemple, des sentiments ou des émotions ?

© Ekaterina Aristova, Soleil Blanc, série Reflections, 2021

Ai-je raison de supposer que vous ne créez que de l’art abstrait ? Comment expliquez-vous cela ?

J’ai commencé mon travail par l’art figuratif. Cependant, je pense que l’abstraction lyrique me donne plus de possibilités d’exprimer la spontanéité et l’honnêteté des émotions lors de la création de “l’Art Inconscient”. Mais dans ce chaos abstrait naissent des images figuratives, qui sont différentes pour chaque personne. Je pense donc que ce que je fuyais est ce à quoi je suis arrivée, c’est-à-dire des images figuratives créées par notre esprit.

© Ekaterina Aristova, Requiem (D Minor), 2021

Peignez-vous uniquement au pinceau ou utilisez-vous d’autres méthodes pour créer vos œuvres ?

Dans le traité De Anima (De l’âme), Aristote définit les cinq sens de l’être humain qui sont la vue, le toucher, l’ouïe, l’odorat et le goût. Cet ouvrage m’a permis de me rendre compte que dans la création de mon art, je n’utilisais que la vue. J’en oubliais mes quatre autres sens. Ainsi, avec mon œuvre Requiem, j’ai décidé de sortir de ma zone de confort et de peindre avec mes mains, les yeux fermés. Je voulais tester mes émotions et voir ce que je ressentirais en créant cette peinture.

Le confinement a-t-il eu un impact sur votre travail ?

Oui, c’est une période qui m’a fait subir une pression et une angoisse quotidienne. Nous étions confinés dans nos appartements, avec un faux sentiment de sécurité. Tout ce que nous pouvions faire c’était regarder à travers la vitre ce qui se passait dans le monde. Pendant cette période, j’ai réalisé une série intitulée Reflections. Le confinement m’a encouragé à réfléchir à des notions telles que la vie, l’âme, le sens, les valeurs, la peur et la mort.

On peut décrire votre travail comme une expression franche et honnête de l’émotion, mais y a-t-il des artistes qui vous inspirent ?

Je suis très inspirée par les idées et les déclarations de Cy Twombly sur l’explosion d’émotions lors de la création. De plus, suite à mes cours à l’Académie de la Grande Chaumière, j’aime travailler en écoutant de la musique. J’ai par exemple écouté le Concerto pour piano n°2 en do mineur de Sergueï Rachmaninov pour réaliser mon œuvre majeure L’Âme, qui a créé une atmosphère méditative. Nicolas de Staël et Mark Rothko sont aussi deux des principaux abstractionnistes qui m’ont inspirée. Cependant, si Rothko a travaillé la couleur, je travaille l’idée, le concept et l’âme.

© Ekaterina Aristova, L’âme, Série Reflections, 2021

Plus d’informations sur le compte Instagram et le site Internet d’Ekaterina Aristova.

Propos recueillis par Ekaterina Melnikova

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