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“On Mass Hysteria” : Laia Abril, une enquête visuelle sur le contrôle des corps

Zoé Lunven 10 mars 2025
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Laia Abril, Identity Thief, from the series On Mass Hysteria, 2023

Le BAL accueille actuellement l’artiste-chercheuse catalane Laia Abril pour le dernier volet de sa trilogie sur l’histoire de la misogynie. Après On Abortion et On Rape, son exposition On Mass Hysteria explore un concept aussi controversé que manipulé : l’hystérie collective. Longtemps utilisée pour discréditer la parole des femmes, cette notion est ici déconstruite à travers une approche à la fois artistique et documentaire.

À la croisée de l’histoire, de la psychiatrie et de l’anthropologie, l’exposition interroge la construction des peurs collectives et leur instrumentalisation. Entre archives, témoignages sonores et installations vidéo, elle ne cherche pas à imposer de réponses, mais à provoquer une réflexion critique. Comment certains récits façonnent-ils notre perception de ces phénomènes ? Comment ces peurs sont-elles entretenues et exploitées ?

À travers trois cas récents — une mystérieuse épidémie de paralysie dans un pensionnat au Mexique, des évanouissements en série dans des usines textiles au Cambodge et l’apparition soudaine de tics incontrôlables chez des lycéennes aux États-Unis — Laia Abril met en lumière des crises souvent perçues comme énigmatiques. Mais sous le prisme des sciences sociales, ces événements révèlent des réactions collectives face au stress, à l’oppression ou aux traumatismes partagés.

On Mass Hysteria ne se limite pas à un regard rétrospectif : elle éclaire des enjeux profondément actuels. Elle interroge la manière dont certains discours réduisent des voix au silence, la pathologisation de certaines souffrances féminines et l’impact du contrôle social sur les corps. À travers un parcours immersif où images et sons dialoguent, l’exposition brouille la frontière entre symptôme et révolte, entre corps et politique.

Loin du simple constat, l’installation confronte le visiteur aux mécanismes du discrédit et à la fabrication des récits. L’hystérie, employée à travers l’histoire pour justifier l’oppression des femmes, y est revisitée sous un prisme contemporain. Comment les images participent-elles à perpétuer ces inégalités ? Quels liens existent entre mémoire collective et construction des peurs ?

Un programme de rencontres, de projections et de débats accompagne l’exposition, offrant des clés supplémentaires pour saisir cette réflexion fascinante sur les stratégies de contrôle et les formes de résistance. On Mass Hysteria n’est pas une exposition que l’on regarde passivement : c’est une expérience immersive qui bouscule, interroge et invite à repenser notre regard sur ces phénomènes.

À découvrir au BAL jusqu’au 18 mai 2025

Zoé Lunven

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