0 Shares 2038 Views

Arles – Les Rencontres de la Photographie 2025 : la sélection Artistik Rezo des expos à voir absolument !

27 juillet 2025
2038 Vues

L’engagement traverse l’ensemble de la programmation de cette 56e édition. De l’Australie au Brésil, en passant par l’Amérique du Nord et les Caraïbes, tandis que le monde est ébranlé par la montée des nationalismes, l’essor du nihilisme et les crises environnementales, les regards photographiques proposés offrent un contrepoint essentiel aux discours dominants, célébrant la diversité des cultures, des genres et des origines.

De passage à Arles pour l’édition 2025 des Rencontres Photographiques, nous vous proposons une sélection d’expositions à ne surtout pas manquer…

1- On Country : Photographie d’Australie
Église Sainte-Anne – 7 juillet au 5 octobre 2025 – 9h30 à 19h30 – Billetterie ici

En plaçant la pratique et la relationalité des peuples premiers au cœur de cette exposition, On Country : photographie d’Australie rassemble des artistes autochtones et non-autochtones qui témoignent de cet être “on Country” dans ses aspects visibles comme invisibles. À travers leur travail, l’exposition explore les relations anciennes et nouvelles entre Pays et colonialisme, entre communauté et identité aujourd’hui en Australie. L’histoire complexe de l’Australie est sous-tendue par 60 000 ans d’attachement continu des peuples premiers à cette terre qu’ils n’ont jamais cédée par traité – des peuples comprenant plus de 250 groupes linguistiques, ou “countries”.

MichaelCook - Grande

Michael Cook (Bidjara)
Majority Rule (Parliament), série Majority Rule, 2014.
Avec l’aimable autorisation de l’artiste / Jan Murphy Gallery

2- Futurs ancestraux – Scène contemporaine brésilienne
Église des Trinitaires – 7 juillet au 31 août 2025 – 9h30 à 19h30 – Billetterie ici

Futurs ancestraux présente des artistes qui, par le biais de la photographie, de la vidéo et du collage, traitent du Brésil contemporain à partir de la réinterprétation de ses archives visuelles et de ses traditions. Avec ironie et sensibilité, ces artistes dénoncent la violence historique à l’encontre des communautés afro-brésiliennes, indigènes et LGBTQIA+ en questionnant la construction des stéréotypes et en contestant l’histoire officielle du pays.
Le titre de l’exposition fait écho au livre Futuro Ancestral du philosophe et activiste indigène Ailton Krenak qui, contre la conception occidentale d’un temps chronologique et linéaire, propose un avenir qui se construit en revenant sur des éléments essentiels du passé.

2025-FUTU-05 - Grande

Rafa Bqueer, Image tirée du film Themônias, 2021.
Avec l’aimable autorisation de l’artiste / Institut Moreira Salles

3- Keisha Scarville – Alma
Salle Henri Comte – 7 juillet au 5 octobre 2025 – 9h30 à 19h30 – Billetterie ici

Suite au décès de sa mère en 2015, Keisha Scarville décide d’utiliser la photographie pour explorer la matérialité de l’absence et la manière dont elle affecte celles et ceux qui restent. Puisant son inspiration esthétique dans diverses sources, parmi lesquelles la photographie spirit et la figure ancestrale d’egun, Scarville utilise les vêtements et les objets de sa regrettée mère, Alma, pour invoquer sa présence. Elle se met également en scène dans des portraits délicats en noir et blanc où elle utilise son propre corps comme médium pour rendre présente l’absence. L’éclat original des tissus imprimés, désormais dépourvus de leurs couleurs, traduisent à la perfection la douleur de la perte et les métamorphoses qui en découlent. La force des images de Scarville tient à leur capacité à transformer le chagrin en pure beauté. Travail de deuil autant que célébration de la vie et de l’héritage d’Alma, ces images ont le pouvoir d’évoquer, d’incarner, et de plonger dans ce qui a été transformé.

2025-SCAR-01 - Grande

Keisha Scarville, Sans titre #18, série Alma / Les Vêtements de maman, 2017.
Avec l’aimable autorisation de l’artiste

4- Carol Newhouse et Carmen Winant – Double
Croisière – 7 juillet au 5 octobre 2025 – 9h30 à 19h30 – Billetterie ici

“Est-il possible de tout laisser derrière soi ? De recommencer à zéro, en dehors et au-delà des manières de vivre connues, en réinventant ce que signifie le fait d’exister en tant que corps et âme sur cette terre ?” Ces questions ont donné forme à l’exploration par Carmen Winant de la réinvention radicale, en particulier dans le contexte des communautés lesbiennes séparatistes des années 1970. Au cours de ce processus, Winant s’est rapprochée de Carol Newhouse, la cofondatrice de WomanShare, une communauté féministe lesbienne de la côte ouest des États-Unis.
Pour les Rencontres d’Arles, Winant et Newhouse ont créé une œuvre inédite mêlant leurs histoires, leurs passions et leurs questionnements. Pendant un an, elles se sont livrées à un dialogue photographique – l’une utilisait une pellicule, la rembobinait puis l’envoyait à l’autre bout du pays, où l’autre l’exposait à nouveau – en utilisant la technique de la double exposition pour créer un jeu de couches dans leurs images.

Carol Newhouse et Carmen Winant, Doubles expositions, 2024. Avec l’aimable autorisation des artistes

5- Claudia Andujar – À la place des autres
Maison des peintres – 7 juillet au 5 octobre 2025 – 9h30 à 19h30 – Billetterie ici

Claudia Andujar – À la place des autres est l’aboutissement de deux années de recherche à partir des archives de la photographe. C’est également la première rétrospective internationale consacrée exclusivement au travail que l’artiste et militante a réalisé dans les années 1960 et 1970 au Brésil, avant son engagement auprès du peuple indigène Yanomami d’Amazonie, qui l’a fait connaître à l’échelle internationale.
Née en Suisse en 1931 dans une famille juive et protestante, Claudia Andujar grandit en Transylvanie. Survivante de l’Holocauste, elle s’envole pour New York en 1946 et arrive neuf ans plus tard à São Paulo où elle entame une brillante carrière de photographe.

Claudia Andujar, de la série A Sõnia, São Paulo, SP, vers 1971. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / Instituto Moreira Salles

6- Todd Hido – Les Présages d’une lueur intérieure
Espace Van Gogh – 7 juillet au 5 octobre 2025 – 9h30 à 19h30 – Billetterie ici

Les Présages d’une lueur intérieure présente une série d’œuvres qui captent des moments de beauté paisible dans des paysages souvent désolés.
Todd Hido est connu pour ses images à l’atmosphère particulière – maisons anonymes dans la nuit, paysages urbains, intérieurs négligés, personnages mélancoliques. Ses photographies, souvent décrites comme cinématographiques, évoquent une narration implicite permettant la libre interprétation du spectateur. Prenant souvent ses photos dans des conditions météo difficiles, parfois à travers le pare-brise de sa voiture, Todd Hido saisit l’attrait calme et troublant des routes isolées et des arbres qui traversent le temps. À travers des paysages poétiques et évocateurs mêlés à des collages de vieilles photos de famille, Todd Hido soutient que nous pouvons redoubler d’efforts pour renforcer les liens d’amour avec ceux qui nous entourent, et trouver du réconfort et de la ténacité, jusque dans les situations les plus fragiles.

2025-HIDO-04 - Grande

Todd Hido, #11805-5737, série Les Présages d’une fin, 2017.
Avec l’aimable autorisation de la galerie Les filles du calvaire

7- Kourtney Roy – La Touriste
Ancien collège Mistral – 7 juillet au 5 octobre 2025 – 9h30 à 19h30 – Billetterie ici

La Touriste contient toutes les marques de fabrique de Roy que nous aimons et attendons : l’autoportrait, une approche cinématographique, sa palette colorée bien particulière, ainsi qu’une tension entre le clin d’œil spirituel et l’atmosphère sinistre, la convention et le bizarre, le chic et le toc. Nous découvrons aussi avec plaisir que les frontières entre la réalité et l’imaginaire sont brouillées. Mais la qualité hors pair de La Touriste tient à l’organisation méticuleuse du moment où nous quittons notre monde extensif pour pénétrer dans son monde intensif. Roy crée une métaphore visuelle d’un monde que nous croyons connaître. Pourtant, grâce à son utilisation intelligente de la juxtaposition, nous réalisons que ce n’est pas le monde que nous pensons. Les détails sont intimement entrelacés, de sorte que les scènes sont à la fois familières et étrangères. Le masque de plongée au-dessus d’une bouche d’où pend une cigarette, la serpillère du garçon de piscine abandonnée négligemment près d’un faux temple ; des pantoufles moelleuses à proximité de l’eau ne sont jamais une bonne idée, pas plus que des talons hauts sur des bords de piscine glissants.

Kourtney Roy, Marilyn Wig, série La Touriste, 2019-2020.
Avec l’aimable autorisation de l’artiste / Galerie Les filles du calvaire, Paris

8- Raphaëlle Peria et Fanny Robin – Traversée du fragment manquant
Lauréates du programme BMW ART MAKERS 2025
Cloître Saint-Trophime – 7 juillet au 5 octobre 2025 – 9h à 19h (dernière entrée 18h) – Billetterie ici

Pour embarquer au cœur de l’exposition Traversée du fragment manquant, il faut remonter le fil de l’eau et du temps afin de replonger trente-deux ans en arrière. À l’âge de trois ans, Raphaëlle Peria, accompagnée de son père et de ses sœurs, remontait le canal du Midi à bord de sa première péniche. Un moment suspendu, dont elle ne garde que de vagues réminiscences, que sa mémoire continue d’effacer progressivement. Un jour, l’album photo de famille resurgit, et avec lui, l’histoire de cette traversée qui se dévoile, page après page, et que l’artiste redécouvre délicatement, tel un bijou précieux qu’on prend soin de sortir de son écrin.
Ces archives familiales révèlent alors les sources d’inspiration qui inondent le travail de l’artiste depuis toujours : l’eau avec ses réverbérations aux mille reflets et la présence d’une nature foisonnante où les arbres sont omniprésents.

2025-PERI-02 - Grande

Raphaëlle Peria, Cueillir les murmures, 2025.
Avec l’aimable autorisation de l’artiste / BMW ART MAKERS. 123

9- Louise Mutrel – Only You Can Complete Me
Jardin d’été – 7 juillet au 5 octobre 2025 – 7h à 20h30 – Billetterie ici

On raconte que l’engouement pour la customisation automobile arrive au Japon dans les années 1970 sous l’influence de la culture américaine d’après-guerre. Inspirés des decorated trucks américains, les camions dekotora réinterprétés par les japonais·es deviennent un artisanat sophistiqué et engagé. C’est à travers ce hobby que des passionné·es redéfinissent leurs identités et s’inventent des avatars mobiles. Les véhicules utilitaires – de transport ou de chantier – sont métamorphosés par leurs propriétaires en objets hybrides qui mélangent, aujourd’hui encore, des influences traditionnelles comme l’actualisation d’estampes ukiyo-e et des influences populaires telles les inspirations formelles d’armures robotiques de la série de science-fiction des années 1980 Gundam. Dans les années 1990, jugés trop éblouissants et tape-à-l’œil, les dekotora sont bannis des centres-villes et interdits de circuler pleins phares la nuit. Ils se retranchent alors dans les zones périurbaines, investissant les parkings, les stations-services et les lieux industriels, comme sanctuaires pour partager leur passion.
Au crible de la communauté des dekotora, Louise Mutrel a appréhendé les rassemblements comme des espaces de croyances collectives et des hauts lieux d’expérimentations esthétiques. Entre récit visuel et objet de documentation, Only You Can Complete Me [Seul toi peux me compléter] constitue une archive sensible sur cette subculture autant qu’une expérience sensorielle. Dans l’agitation des grands regroupements, Louise Mutrel a capturé l’énergie et l’intensité : l’œil qui cherche – déjà saturé, baigné dans le chrome, au ras des pare-chocs ou perdu dans le ciel à extraire un détail – un signe, un éclat.

3_louisemutrel - Grande

Louise Mutrel, Art Truck Club, rassemblement dekotora, Kyoto, Japon, 2024.
Avec l’aimable autorisation de l’artiste

10- Jia Yu – Étrangers
Lauréat du JIMEI × ARLES DISCOVERY AWARD 2024
Ground Control – 7 juillet au 5 octobre 2025 – 9h à 19h30 – Billetterie ici

“Jia Yu vit et travaille à Xining, dans la province du Qinghai, sur le plateau tibétain, et enseigne les arts plastiques en école primaire.” Cette phrase permet à elle seule de saisir l’essence de la série Étrangers : elle délivre des informations géographiques et identitaires sur l’artiste et révèle en filigrane les intentions de son travail. Jia Yu n’est pas un artiste professionnel ; il crée et photographie, non par vocation académique, mais en réponse à une volonté personnelle et à une intime nécessité.
En guise de reconnaissance envers l’artiste, les nomades lui offrent des présents en retour : de la tsampa, des cordes en laine de yack ou encore des plantes médicinales.
Les photographies de Jia Yu et les récits qui les accompagnent expriment une parole : celle d’un être humain à son semblable. L’artiste nous rappelle qu’au-delà des images que nous maîtrisons, produisons, manipulons tels des outils, il existe une autre catégorie d’images – incertaines, informelles, fortuites – destinées à transiter d’une main à l’autre, comme transmission d’une mémoire.

2025-YU-06 - Grande

Jia Yu, La vie quotidienne des nomades, Dajiao Village, 2012.
Avec l’aimable autorisation de l’artiste

11- Éloge de la photographie anonyme
Collection Marion et Philippe Jacquier
Donation de la Fondation Antoine de Galbert au musée de Grenoble
Cloître Saint-Trophime – 7 juillet au 5 octobre 2025 – 9h à 19h – Billetterie ici

Fondateurs de la galerie Lumière des roses, Marion et Philippe Jacquier se sont spécialisés dans la photographie anonyme et amateur. “Chercheurs d’images”, ils ont œuvré pendant 20 ans à constituer un vaste fonds composé de près de 10 000 tirages argentiques, couvrant plus d’un siècle de photographie. Au sein de cette collection où se côtoient photos de famille, clichés historiques, scientifiques, érotiques ou encore photos de reportage, les galeristes ont prélevé certaines images qui les fascinaient par leur mystère, leur singularité ou le trouble qu’elles suscitaient.
L’exposition présente une sélection de photographies les plus représentatives de la photographie vernaculaire, regroupées autour de thématiques comme l’histoire, l’intimité, les obsessions. En restituant une parcelle de l’infinie production de la photographie anonyme, cette exposition rend hommage à tous·tes les photographes amateur·ices qui ont exercés leurs regards sans autre limite que celle de leur fantaisie.

2025-ÉLOG-08 - Grande - Grande

Photographe amateur anonyme.
Sans titre, Houlgate, France, 1931.
Avec l’aimable autorisation de la Collection Marion et Philippe Jacquier / Donation de la Fondation Antoine de Galbert au musée de Grenoble

12- Sortilèges
Fondation Manuel Rivera Ortiz – 7 juillet au 5 octobre 2025 – 9h30 à 19h30 – Billetterie ici

En 2025, la Fondation Manuel Rivera Ortiz célèbre ses 10 ans à l’hôtel Blain avec une exploration envoûtante du mystère, de la magie et des mondes occultes. Ce programme invite à franchir le seuil de l’invisible, à sonder l’inconnu, à interroger les croyances qui défient la raison. Entre ombre et lumière, rites anciens, légendes et forces mystiques s’entrelacent. Les frontières vacillent, laissant place à un univers où l’étrange et le merveilleux se confondent. Chaque exposition devient un passage, une résonance de traditions occultées, une immersion dans l’insaisissable. Loin des certitudes, ce voyage sensoriel ouvre les portes de l’imaginaire et dévoile l’aura du mystère.
À travers les figures de la Vierge Noire, de Sainte Sara et de Mazu dans le taoïsme, la programmation interroge ces croyances populaires qui, entre dévotion et marginalité, transcendent les cultures et les époques. Fotohaus amplifie cette programmation avec la thématique Kontroverse et Paradoxe, invitant à explorer les tensions et les contradictions qui surgissent lorsque les croyances se confrontent à la réalité.

Ian Cheibub, My grandmother’s hand is seen during a festivity for Exu, the god of the crossroads. Rio de Janeiro, Brazil. Avec l’aimable autorisation de l’artiste


L’équipe Artistik Rezo vous souhaite de belles visites et de belles découvertes photographiques !

 

Taking Picture Photography GIF by Wikipedia

En ce moment

Articles liés

“Western Smoke” : le nouvel album de The Freaky Buds est disponible !
Agenda
77 vues

“Western Smoke” : le nouvel album de The Freaky Buds est disponible !

Avec “Western Smoke”, The Freaky Buds, le projet de Max Genouel (chant – guitare) et Hugo Deviers (batterie) des Lowland Brothers, livrent un album de blues intensément vivant, forgé dans l’authenticité et la fougue. Enregistré et produit par Kid...

Luc Langevin revient pour un show d’illusions exceptionnel à la Salle Pleyel !
Agenda
124 vues

Luc Langevin revient pour un show d’illusions exceptionnel à la Salle Pleyel !

Luc Langevin enfin de retour avec un tout nouveau spectacle de grande envergure ! Au sommet de son art et en parfaite maîtrise de son talent unique, il exécute avec finesse et précision des numéros de grandes illusions, créés...

Encore une journée : nouvelle exposition de la jeune artiste Joséphine Paul au Cœur de Ville de Vincennes
Agenda
138 vues

Encore une journée : nouvelle exposition de la jeune artiste Joséphine Paul au Cœur de Ville de Vincennes

Encore une journée, série composée de huit toiles, est la nouvelle exposition de l’artiste Joséphine Paul, fraîchement diplômée d’un master en Arts plastiques à Paris I Panthéon-Sorbonne. L’exposition est à voir actuellement, jusqu’au 3 janvier 2026, à Vincennes, au...