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Dörte Eißfeldt, Oleksandr Suprun et Bohdan Holomíček sont les finalistes du Prix Viviane Esders 2025

3 juillet 2025
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Around 1973 © Bohdan Holomíček

Début juin, le jury réuni par Viviane Esders a sélectionné les trois photographes finalistes de l’édition 2025. Il a choisi trois démarches et approches distinctes de la photographie dans l’esprit d’une découverte ou redécouverte de carrières qui sont le reflet de pratiques photographiques de ces quarante dernières années.

Cette année le prix a reçu 222 candidatures provenant de 25 pays européens, dont 32 % de femmes photographes et 68 % d’hommes photographes, une augmentation encourageante pour les candidatures féminines (28 % en 2024) et une plus grande représentation de pays (17 en 2024), deux des ambitions de cette édition. 42 des candidatures présentées ont été suggérées par les Nominateurs, nouveau groupe d’experts européens de la photographie qui participent à la recherche d’artistes.

La ou le lauréat.e sera annoncé.e en Octobre à l’occasion d’une cérémonie à Paris. Elle ou il recevra 50 000 € dont 10 000 € consacrés à la production d’un ouvrage. Les deux finalistes recevront chacun 5 000 €.

Membres du jury 2025 :

  • Viviane Esders, fondatrice du Prix et Présidente du jury
  • Damarice Amao, historienne de la photographie, docteure en histoire de l’art, attachée de conservation au Cabinet de la photographie du Centre Pompidou
  • Antoine de Galbert, collectionneur d’art contemporain et mécène
  • Arnaud Lévènes, responsable et fondateur de La Capsule, résidence photographique
  • Robert Pujade, philosophe, écrivain, critique d’art
  • Marie Robert, conservatrice en chef du musée d’Orsay, chargée de la photographie et du cinéma

Dörte Eißfeldt
Allemande née en 1950

Née en 1950 à Hambourg en Allemagne, Dörte Eißfeldt est une figure de la photographie contemporaine allemande, dont l’œuvre explore les potentialités formelles et conceptuelles du médium. Formée à l’Université des beaux-arts de Hambourg, elle enseigne dans différentes institutions jusqu’à sa nomination en 1991 comme professeure d’arts plastiques et de photographie à la prestigieuse Braunschweig University of Fine Arts, poste qu’elle occupera jusqu’en 2016.

Dörte Eißfeldt

Parmi ses séries phares, Generator (1987–1988) et Schneeball/Boule de neige (1988) attirent l’attention. Dans Schneeball, à partir d’une seule et unique photographie représentant une boule de neige posée dans la paume d’une main, Dörte Eißfeldt réalise de nombreux tirages, modulant lumière, échelle et tonalité, entrainant le spectateur vers un spectacle cosmique — une sphère roulant dans l’obscurité — qui glisse vers une expérience plus intime. Plus tard, la série Haut/Peau (1991) joue avec les oppositions à travers les antonymes doux/dur, clair/sombre, brillant/mat, face/dos. Le tranchant acéré d’un couteau domine le centre de chaque image, sa pointe entrant en contact direct avec la peau. Ce point de contact — potentiellement blessant — trace la ligne ténue entre la forme et la matière, entre le fait et le fantasme, l’agressivité et la tendresse. Pour Agfa Brovira (2011), les versos de tirages exposés sur du papier vintage ont été photographiés numériquement en studio à la lumière d’un soleil éclatant, comme un hommage à la photographie argentique dans l’indifférence du champ numérique. La série HimmelHimmel/CielCiel (2017) explore les illusions chromatiques et spatiales de ciels apparemment parfaits, résultat de photographie manipulés avec une intelligence artificielle.

Depuis 1971, ses travaux ont été exposés dans de nombreuses institutions et galeries nationales et internationales.

Agfa Brovira, 2009/2015,
Archival Inkjetprint on Hahnemühle Photorag Satin, 80 x 60 cm, framed © Dörte Eißfeldt

Oleksandr Suprun
Ukrainien né en 1945

Né en 1945 dans le village de Berezivka, près de Kharkiv en Ukraine où il vit aujourd’hui, Oleksandr Suprun est l’un des artistes de la première génération de l’École de photographie de Kharkiv. De 1962 à 1968, il étudie à l’Institut polytechnique de Kharkiv et obtient en 1972 un doctorat en ingénierie. En 1967, il rejoint un club photo régional, puis participe, aux côtés de Jury Rupin, Evgeniy Pavlov, Oleg Maliovany, Boris Mikhailov, Guennadiy Tubalev, Oleksandr Sitnichenko et Anatoliy Makienko, au groupe Vremia [Le Temps], fondé en 1971.

Oleksandr Suprun. © Valeriy Baitoldzhy, 1995 / Courtesy of the Museum of the Kharkiv School of Photography (MOKSOP)

Si nombre de photographes de l’École de Kharkiv ont ponctuellement expérimenté la technique du collage, Oleksandr Suprun en a fait une démarche artistique à part entière. Loin des esthétiques surréalistes qui prévalaient ailleurs, il s’empare du photomontage comme d’un moyen d’expression personnel et poétique, à travers lequel il explore les paysages et les scènes rurales de son enfance. Issu d’un milieu rural, il puise dans cette expérience la matière de ses collages, qui évoquent paysages, scènes villageoises et figures locales.

Dans le contexte répressif de l’Union soviétique, photographier des personnes dans l’espace public constituait un acte susceptible d’être assimilé à de l’espionnage et conduire à l’arrestation. Suprun dissimulait alors son appareil photo dans un sac de courses, recourant à un dispositif technique lui permettant de capter ses sujets à leur insu. Si ses images peuvent, au premier regard, paraître d’une grande simplicité, elles révèlent, à y regarder de plus près, une sophistication visuelle fondée sur l’agencement subtil de fragments photographiques, véritable travail d’orfèvre de découpage et de montage.

Sa première exposition personnelle est organisée en 1973, marquant le début d’une participation à de nombreux concours et salons de la Fédération Internationale de l’Art Photographique (FIAP). En 1996, Suprun reçoit la distinction “Excellence FIAP” (EFIAP). Depuis 1981, il enseigne en tant que professeur associé à l’Institut d’art et d’industrie de Kharkiv, aujourd’hui Académie nationale du design et des arts. Ses œuvres ont intégré les collections du Centre Pompidou à Paris et du Museum of Fine Arts à Houston, et ont été présentées dans plusieurs institutions européennes, notamment au Hangar Photo Center (Belgique), au Kunstmuseum (Allemagne), au Centre Pompidou (France), ainsi qu’à Photo London en 2022 et Art Basel en 2023. Il est représenté par la galerie Alexandra de Viveiros.

Spring In Forest. Lilies of the Valley, 1975,
© Oleksandr Suprun / Courtesy of Galerie Alexandra De Viveiros.

Bohdan Holomíček
Tchèque né en 1943

Né en 1943, dans le village de Senkevichivka, en Ukraine, Bohdan Holomíček déménage avec ses parents en 1947 à Mladé Buky, alors en Tchécoslovaquie. À 14 ans, il reçoit pour Noël un appareil photo soviétique Smena et dix films 35 mm, qu’il développe le même jour. De son adolescence à sa retraite comme électricien, Bohdan Holomíček a documenté sa propre vie, ainsi qu’un pan entier de l’histoire culturelle et politique de la République tchèque. Depuis 1995, il poursuit sa carrière en photographe indépendant.

OlekBohdan Holomíček, 2000

Bohdan Holomíček, 2000

“Bohdan Holomíček est un phénomène rare de la culture tchèque. Il est le photographe des rencontres amicales, celui qui capture l’optimisme, les moments de gentillesse et les éclairs d’amour, avec la contribution magique de la lumière.” C’est ainsi que l’historienne de la photographie et conservatrice tchèque, Anna Fárová, a décrit le travail de Bohdan Holomíček. Son vaste corpus photographique tient à la fois du journal intime et de la mémoire collective, retraçant les instants extraordinaires du quotidien sous la forme d’un journal visuel ouvert au regard du spectateur.

L’un des marqueurs du langage artistique de Holomíček réside dans le dialogue qu’il établit entre image et texte. Suivant une démarche formelle, il conserve le cadre noir du tirage photographique et utilise les marges restantes du papier pour y inscrire des annotations manuscrites. Ces légendes manuscrites — allant de descriptions factuelles à des réflexions personnelles — s’entrelacent avec l’image. Il a photographié une myriade de personnes, des plus ordinaires aux icônes de la dissidence et de la culture tchèque.

Depuis la fin des années 1960, ses travaux ont fait l’objet de nombreuses expositions en République Tchèque et en Europe. À la fin des années 1980, il explore des tirages plus grands qu’ils exposent sous forme d’ensemble d’images mises côte à côte et les unes en dessous des autres, formant des narrations globales. En 2009, les Rencontres d’Arles lui consacre une exposition sur ses archives de Vaclav Havel, son voisin avec qui il a noué une amitié d’une vie. Il a publié plusieurs ouvrages avec l’éditeur tchèque Torst.

Amazing trip with Aneta F., summer 1982 © Bohdan Holomíček

[Source : communiqué de presse]

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