0 Shares 2021 Views

Bronson

16 juillet 2009
2021 Vues
bronson1

 

Un opéra pop


D’une narration réduite au maximum, il focalise son récit sur la nature ambivalente de Michael Peterson. Exit donc les effets dramatiques et les justifications morales. Son “héros” n’est pas l’enfant monstrueux d’un trauma familial, mais simplement la résultante d’une colère tapie sous le vernis d’une middle class lénifiante. Evacué en l’espace de quelques plans, l’ « historique » de Michael Peterson laisse donc place aux exactions de son double, Bronson, adepte du corps à corps. Et sans concession, Nicolas Winding Refn filme ces ballets sanglants, soutenus par un score épique invoquant la marche funèbre de Wagner. La violence, bien que magnifiée par la caméra fétichiste du réalisateur, est immédiatement désamorcée par des ellipses absurdes renvoyant au caractère irrationnel des protagonistes. On pense alors au lyrisme morbide d’Orange Mécanique et à l’érotisation du mal déjà éprouvée chez Kenneth Anger. A l’opposé du style quasi naturaliste des Pusher, Nicolas Winding Refn réalise un opéra pop, usant de contre-plongées iconiques et de séquences d’animation.

 

 

L’anti « Hunger »

 

Mais le film est surtout une variation brutale du Vol… de Milos Forman. En narrateur omniscient, Bronson orchestre une accumulation de saynètes illustrant son glissement progressif dans la schizophrénie. Dès l’épilogue, il se présente en Groucho Marx inquiétant devant un théâtre imaginaire en contrechamp. Composé comme un anti “Hunger”, le dernier film de Nicolas Winding Refn bouscule la représentation traditionnelle de l’enfermement carcéral. Ici la prison est une scène, les codétenus, des spectateurs. Un jeu de faux-semblants qui s’achève dans un climax radical où Bronson reproduit sur le corps de sa victime un tableau de Magritte. Et la tension, latente depuis les premières images, de trouver son paroxysme.

 

Romain Blondeau

 

 

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=Oty72584I4E[/embedyt]

 

 

Bronson

 

De Nicolas Winding Refn

Avec Tom Hardy, Matt King

 

Sortie le 15 juillet 2009

 

Articles liés

“Irisation, le prisme de la lumière” : une exposition de l’artiste XOMATOK à la Galerie Magnetic – Bordeaux
Agenda
115 vues

“Irisation, le prisme de la lumière” : une exposition de l’artiste XOMATOK à la Galerie Magnetic – Bordeaux

Du 1er juin au 7 juillet, dans le cadre des Semaines de l’Amérique Latine et des Caraïbes 2024, la Galerie Magnetic accueille une légende internationale du muralisme péruvien, XOMATOK, pour son exposition “Irisation”. Créateur de l’univers par la puissance...

“Dissidente” : le premier long métrage de Pier-Philippe Chevigny au cinéma le 5 juin
Agenda
96 vues

“Dissidente” : le premier long métrage de Pier-Philippe Chevigny au cinéma le 5 juin

Dans la Vallée du Richelieu, région agricole du Québec, Ariane est embauchée dans une usine en tant que traductrice. Elle se rend rapidement compte des conditions de travail déplorables imposées aux ouvriers guatémaltèques… Tiraillée, elle entreprend à ses risques...

Ce week-end à Paris… du 24 au 26 mai
Art
329 vues

Ce week-end à Paris… du 24 au 26 mai

Avis aux amateurs d’art, de spectacle vivant, de cinéma, de musique… ce week-end sera placé sous le signe de la culture ! Pour vous accompagner au mieux, l’équipe Artistik Rezo vous a programmé une sélection d’événements à ne pas...