0 Shares 3098 Views

Henri – comédie dramatique de Yolande Moreau

2 décembre 2013
3098 Vues
Henri - comédie dramatique de Yolande Moreau

Henri et Rita tiennent un restaurant dans une petite ville belge. Entre les habitués, la famille et les amis, leur existence se déroulent paisiblement jusqu’au jour où Rita meurt subitement. Henri doit faire face et embauche Rosette, jeune femme atteinte d’un léger handicap mental, qui au contact de ce monde dit « normal » va désirer l’intégrer pour vivre une sexualité et des amours comme tout le monde…

Sublime Yolande Moreau qui nous prend par la main et nous balade au gré de son humanisme jamais voyeur, de la générosité de son regard azuré et affuté et de son cinéma qui réchauffe mieux qu’un paysage tropical et trop parfait ! Avec cette désarmante pudeur qui avait déjà fait mouche et séduit l’Académie des Césars pour « Quand la mer monte », elle nous plonge au cœur de sa Belgique natale, s’attarde sur des personnages pour les faire siens, les faire nôtres.

Le sujet était casse-gueule. Handicap mental (où s’était vautré Jaco van Dormael avec son larmoyant 8ème jour) et sexualité en plus sur fond de droit à la différence. C’est précisément en s’attardant sur ce troisième élément que la réalisatrice tape juste. Sans chercher la démonstration ni le discours emphatique qu’on lirait au Téléthon, elle raconte avant tout une histoire. Avec des êtres vivants, survivants parfois. N’ayant pas plus peur de dire qu’une défunte était une emmerdeuse que de faire mentir une handicapée mentale qui provoque un tsunami dans la vie du personnage titre, elle parle avant tout de la vie, ce « seul luxe ici bas » selon la formule chère à Brassens.

Pour ce faire, elle déborde d’idées aussi désarmantes que bouleversantes de simplicité. Un peu à la manière de son aînée Agnès Varda, elle poétise d’un rien, d’un paysage de plage déserte, d’un rideau blanc, de l’eau d’une baïne où flotte un radeau de carton ou encore d’un miroir déformant. En créant un juste équilibre entre drame et comédie, elle vitalise son propos que soutiennent des comédiens épatants. La trop rare Lio, la jeune Miss Ming, le débonnaire Pipo Delbonno formidable dans le rôle titre et Yolande Moreau elle-même qui s’octroie un petit rôle qu’elle transcende le temps de quelques plans à peine. Il n’y a pas que de la vie dans ce cinéma-là. On en sort gonflé d’espoir. Et c’est aussi beau que rare…

Franck Bortelle

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=w6fPeOdBtXg[/embedyt]

Quinzaine des Réalisateurs 2013 (du 16 au 26 mai)

  • Sélection officielle

Cannes – Projections

  • Vendredi 24 mai à midi : Théâtre Croisette (projection presse)
  • Vendredi 24 mai à 19h30 : Théâtre Croisette (projection officielle)


Henri
 

De Yolande Moreau

Avec Pippo Delbono, Candy Ming, Jackie Berroyer, Simon André et  Gwen Berrou

Image : Philippe Guilbert // Montage : Fabrice Rouaud 
Son : Jean-Paul Bernard – Jean Mallet // Décors : Marc-Philippe Guérig 
Musique originale : Wim Willaert // Costumes : Alexandra Charles

Durée : 107 min.

Sortie le 4 décembre 2013

A découvrir sur Artistik Rezo :
– les films à voir en 2013
 

Articles liés

“The Way Out” : une exposition proposée par Kaxu Galerie et Controversy Art au Didam à Bayonne
Agenda
84 vues

“The Way Out” : une exposition proposée par Kaxu Galerie et Controversy Art au Didam à Bayonne

Dans le cadre du Festival Points de Vue #8, Kaxu Galerie propose de renouveler le projet expérimenté en 2023 d’une double-exposition au Didam et dans son espace rue Sainte-Catherine. Pour cette nouvelle édition, Kaxu a choisi de travailler en...

En clôture du C.A.P.S Festival, une vente aux enchères est organisée au profit de l’Association Co42
Agenda
117 vues

En clôture du C.A.P.S Festival, une vente aux enchères est organisée au profit de l’Association Co42

Dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine et pour marquer la clôture du C.A.P.S Festival 2024, le festival d’art urbain de Paris 17 et Clichy, une vente aux enchères est organisée à l’Espace Co42 (Porte de Clichy). Les...

Une adaptation de Goldoni, la co-production franco-italienne “La veuve russe” joue au Théâtre des Bouffes Parisiens
Agenda
105 vues

Une adaptation de Goldoni, la co-production franco-italienne “La veuve russe” joue au Théâtre des Bouffes Parisiens

Découvrez à partir du 10 septembre aux Bouffes Parisiens, “La Veuve rusée”, adaptée et mise en scène par Giancarlo Marinelli. Jouée pour la première fois à Venise en 1748, la comédie du dramaturge italien Carlo Goldoni, continue de faire...