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Joan Fontcuberta et David Lynch – Maison européenne de la Photographie

21 janvier 2014
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Joan Fontcuberta - MEP

David Lynch – Small Stories 

Commissaires d’exposition: Patrice Forest, Jean-Luc Monterosso et Pierre Passebon

Joan Fontcuberta – Camouflages

Commissaires d’exposition: Joan Fontcuberta, Jean-Luc Monterosso et Pascal Hoël

Du 15 janvier au 16 mars 2014
Du mercredi au dimanche, de 11h à 19h45

Plein tarif : 8 €
Tarif réduit : 4,50 €

Gratuit : moins de 8 ans (individuel), personne handicapée, accompagnateur de groupe, personnel de la Ville de Paris, carte presse. Tout public, tous les mercredi de 17h à 20h

Maison européenne de la Photographie
5/7, rue de Fourcy
75004 Paris

www.mep-fr.org

Du 15 janvier au 16 mars 2014

Deux événements en ce début d’année à la MEP. Joan Fontcuberta présente « Camouflages », un (gros) condensé de son travail délirant et irrésistiblement drôle. De son côté, David Lynch nous invite à créer une histoire d’après les 40 clichés qu’il expose sous le titre « Small Stories ». Les lynchéens apprécieront certainement. Les autres risquent de rester de marbre…

En parcourant son travail, on s’attendrait à voir débarquer un olibrius illuminé au regard hagard, la tignasse en choucroute, et fagoté à la six-quatre-deux. Que nenni ! Joan Fontcuberta a tout du quidam qu’on ne remarque pas. Posé, un accent catalan à couper à la scie, ce théoricien, critique, historien et professeur, s’il appartient à ceux qui ont choisi entre le look et le talent, ne fricote pas avec l’extravagance de l’apparence. C’est donc dans son travail qu’il exprime ce qu’on pourrait appeler sa folie.

Son credo : donner à réfléchir sur ce qu’on nomme la vérité. Questionner le visiteur sur ses certitudes. Ebranler le chaland en lui proposant de douter, toujours douter. Fait-on plus cartésien ?

Pour ce faire, une idée de départ piochée dans le monde réel. Un fait divers. Un appareil. Une institution intouchable. Une œuvre. La suite : raconter une histoire, créer un reportage photographique en empruntant à cette idée de départ tout ce qui n’est pas elle. Inventer la suite du fait divers. Utiliser l’appareil différemment. Faire exploser le carcan de l’inébranlable réalité à l’intouchable institution. Recréer l’œuvre, quitte à faire croire que ses recréations sont partie intégrante du travail originel.

Joan Fontcuberta MEPAinsi décrits, les contours du travail de Joan Fontcuberta peuvent sembler encore un peu flous. Dévoiler trop de détails serait préjudiciable, tant la découverte de ce génie de la mystification passe par l’effet de surprise. Disons toutefois qu’il y a chez Fontcuberta, outre cette soif de bousculer ses contemporains perclus de certitudes, une imagination délirante, débordante, foisonnante. Quel scénariste il aurait pu faire ! Il invente des trucs à faire verdir de rage les gardiens du temple de la vérité historique, crée des personnages, utilise des procédés parfois d’une stupéfiante simplicité…

Joan Fontcuberta MEPLe résultat est sidérant. Il faut prendre le temps non seulement d’admirer les clichés d’une renversante beauté mais aussi de lire toutes les légendes, tous les textes qui les accompagnent. L’ensemble prend alors les allures d’une véritable aventure à chaque fois. Il y en a neuf au total et certaines risquent fort de provoquer des rires car une fois admise la certitude que l’artiste se moque de tout, de nous, de lui, de ce que nous croyons croire, l’échappatoire la plus exquise, la plus incoercible est bien celle du rire. En nous inoculant le virus du doute, il parvient aussi, lui qui a connu le franquisme, à nous faire réfléchir sur la force de manipulation de nos gouvernements, de nos clergés, de nos institutions. Ce n’est donc pas un Pierrot lunaire avec la tête dans les étoiles qui expose mais bien un citoyen qui nous invite à vivre, à lire, à rire de ce monde pour mieux le comprendre. Immanquable.

Lynch et ses délires…

Chimérique d’une autre manière, David Lynch a disposé d’une carte blanche. Il l’a jouée en remplissant l’espace dédié de 40 clichés sur lesquels il invite à l’imagination, à inventer l’histoire qu’inspirent ses photos. L’ensemble est incontestablement très lynchéen, de cette trempe que l’on retrouve dans ses films les plus radicaux (« Lost Highway » notamment) et dont l’adhésion obéit à une prédisposition totale à l’étrange, à la schizophrénie, à l’irrationnel. Il n’est donc pas certain que nonobstant sa prestigieuse signature, cette exposition fascine les foules.

Franck Bortelle

A découvrir sur Artistik Rezo : 
– les expositions les plus attendues en 2014 à Paris

[Photo de Joan Fontcuberta : Franck Bortelle // Autres photographies : © Joan Fontcuberta]

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