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Drawing Now : entretien avec Philippe Piguet, directeur artistique du salon du dessin contemporain

25 mars 2014
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Drawing Now : entretien avec Philippe Piguet, directeur artistique du salon du dessin contemporain

Le 25 mars 2014

DrawinNowLe salon du dessin contemporain Drawing Now ouvre ses portes au public mercredi 26 mars. Après une période de nomadisme et quatre années passées au Carrousel du Louvre, il investit le Carreau du Temple fraîchement rénové. En cette veille d’inauguration, Philippe Piguet, critique d’art et directeur artistique de Drawing Now, partage sa vision du dessin contemporain et livre ses premières impressions au cours d’un entretien avec Art Media Agency.

Quel est le point fort de cette édition ?

Incontestablement, la grande singularité de l’année est le changement de lieu. Nous étions déjà venus au Carreau du Temple en 2009, mais à l’époque, il était totalement inadapté. Pour nous, le fait de s’installer dans cet espace sublimement rénové est surtout l’occasion de revenir dans la ville, d’investir le tissu urbain et d’être au cœur de la géographie de l’art contemporain qu’est le haut Marais.

Comment avez-vous pensé ce nouvel espace ? 

Nous avons choisi de distribuer les 87 galeries présentes au Carreau du Temple sur plusieurs niveaux. Sous la verrière, nous présentons celles qui nous suivent depuis plusieurs éditions, tandis que le niveau inférieur est consacré à une section intitulée INITIAL, qui regroupe 19 galeries exposant chez nous pour la première fois. En ce qui concerne les jeunes galeries, nous avons choisi de les mettre en avant sur la plateforme FRESH de l’Espace Commines, qui constitue la facette culturelle et institutionnelle de l’événement. Elles ont toutes moins de quatre ans d’existence, notre volonté est de leur donner un coup de pouce et de la visibilité grâce à des tarifs très préférentiels. La seule condition est qu’elles doivent consacrer 50 % de leur stand à des artistes qui ont moins de quarante ans.

Comment se passe la sélection, justement ?

Notre comité est composé de six personnalités du monde de l’art. Nous recevons plus de 200 dossiers que nous étudions au cours de deux séances. Notre sélection s’établit avant tout sur la capacité des galeries à porter leur projet et sur la qualité de leur proposition artistique. Car nous demandons aux galeristes de choisir un artiste de moins de 50 ans pour lequel elles doivent dédier au minimum un tiers de leur espace. C’est très important, car ces artistes, qui sont les Focus de Drawing Now, sont les potentiels lauréats du prix. Enfin, nous prenons également en compte l’ambiance, leur tenue et leurs capacités prospectives.

Peut-on parler de tendances en ce qui concerne le dessin contemporain ?

Il est difficile de parler de tendances, à proprement parler. Et encore moins de dresser une typologie tant le dessin contemporain est vaste. Mais on peut néanmoins faire quelques constats. Le dessin a cette caractéristique d’être un art laborieux, au sens merveilleux du terme. C’est une expression artistique qui nécessite d’être fouillée, travaillée, très construite même dans ses formes les plus minimalistes. Je remarque cependant dans la sélection qu’il y a assez peu de gestuelle, mais beaucoup d’obsessionnel, de narratif et de matiérisme. Mais là encore, c’est une observation que nous faisons, ce n’est pas un choix délibéré de programmation.

Qu’est-ce qui distinguent les collectionneurs de dessins contemporains des collectionneurs de dessins anciens ?

Déjà, ce qu’ils ont en commun, c’est un rapport de proximité et d’intimité avec l’œuvre. Ceci est très particulier au dessin. J’ai une expression pour ça depuis une trentaine d’années. J’aime dire que le dessin, c’est l’enregistrement de la voix haute de la pensée. Dans le dessin ancien, le collectionneur s’inscrit dans l’histoire longue et documentée de l’œuvre. Tandis que dans le contemporain, le collectionneur est en amont de l’histoire, il écrit directement une ligne dans le CV du dessin. On distingue deux grands types de profils, les jeunes collectionneurs qui entrent dans l’aventure de la collection par le dessin. Ou les collectionneurs aguerris d’art contemporain qui sont également amateurs de dessin. Ce qui est très rare en revanche, ce sont les collectionneurs exclusifs de dessin contemporain. En ce qui me concerne, le dessin me colle à la peau. Et puis, la collectionn ite, c’est quand même du fétichisme. J’en sais quelque chose…

Art Media Agency

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