Artprice: rapport du Marché de l’art contemporain

Artprice a publié son rapport annuel sur le marché de l’art contemporain. Ce dernier prend en compte les ventes aux enchères enregistrées entre juillet 2013 et juillet 2014 —en ne concernant que les artistes nés après 1945. Toutes les valeurs énoncées ci-dessous sont des « prix marteau ».

Ce point a déjà largement été débattu : cette année fut une nouvelle réussite pour le marché de l’art global, qui a progressé de 12%. L’art contemporain a amplement bénéficié  de — et contribué à — cette hausse. Un nombre record de ventes a atteint le seuil de 1M$/EUR, le record de l’œuvre d’art contemporain la plus chère est tombé — avec Balloon Dog de Jeff Koons, vendu pour 38,8M$ —, et 2014 a vu le chiffre d’affaires le plus important jamais enregistré lors d’une vacation post-war and contemporary art — 477M$ chez Christie’s à New York. Treize œuvres contemporaines ont été vendues pour plus de 10MEUR, battant le total de quatre œuvres de l’an dernier. Surtout, ce résultat représente la moitié des 26 œuvres contemporaines vendues au-delà de 10MEUR. Le marché contemporain est aujourd’hui le 3ème marché de l’art le plus rentable (après les secteurs moderne et d’après-guerre). Il représente 15% du marché mondial, avec un résultat de 1,5 milliard d’euros, soit une augmentation de 33 % par rapport à  l’année dernière et  de 1078% par rapport à la dernière décennie. Ces bons résultats sont alimentés par une hausse des prix de l’art contemporain, provoquée par l’expansion géographique du marché et l’attrait toujours plus fort porté à l’investissement.

Les trois artistes en tête du Top 500 d’Artprice sont Jean-Michel Basquiat, Jeff Koons et Christopher Wool

Ils représentent 22% du marché contemporain mondial, réalisant tous les trois des enchères au-delà des 10MEUR — un seuil qui a été atteint pour la première fois en 2007 par Damien Hirst avec Lullaby Spring. Comparaison amusante, leurs ventes totales en enchères pour l’année 2014  représentent un montant près de 100 fois supérieur aux ventes aux enchères contemporaines japonaises pour la même période. Il est intéressant de noter que ces trois artistes sont d’origine américaine et doivent beaucoup de leur succès au soutien de Larry Gagosian, l’un des personnages les plus influents du monde de l’art. Jeff Koons, avec son Balloon Dog, devient ainsi l’artiste vivant dont les œuvres se vendent le plus cher. Trois de ses œuvres ont été dispersées cette année pour un total de plus de 20MEUR.

Les artistes chinois sont également très présents dans le rapport

Effectivement, 47 artistes apparaissent dans le Top 100, en comparaison à 19 Américains. Ce chiffre reflète la vigueur du marché de l’art chinois, qui compte aujourd’hui pour 40% du total mondial. De plus, les artistes chinois ont représenté plus de 39% du chiffre d’affaires contemporain, contre 35 % pour les Américains. L’artiste Zeng Fanzhi a incontestablement atteint son apogée avec un chiffre d’affaires de 59,6MEUR. Ses prix ne cessent d’augmenter.

Cependant, l’attention des médias sur les oeœuvres des blue chips cache la réalité du marché. Seulement 6% des lots vendus dépassent les 50.000 EUR et 66% des lots contemporains ne dépassent pas les 5.000 EUR. Même les œuvres d’artistes de renom peuvent être vendues à ces niveaux de prix, à l’instar de Takashi Murakami ou de Jeff Koons qui ont créé des multiples édités à plus de 2.000 exemplaires afin toucher un maximum d’acheteurs. On retrouve également ces niveaux de prix dans la photographie. Ainsi, 40% des œuvres de Cindy Sherman, classée 24e dans le classement Artprice, sont vendues pour moins de 6.000 EUR.

New York demeure la ville la plus dynamique dans l’art contemporain. Pékin prend la seconde place et Londres la troisième

New York et Londres restent également les meilleurs tremplins afin de se faire connaître, avec des expositions et des ventes qui contribuent à promouvoir les nouvelles tendances et les artistes des pays émergents. Londres reste leader en Europe, en représentant 77% du marché européen. Le marché français, bien qu’au quatrième rang mondial, a connu une baisse notable de 10% et compte désormais pour 1,75% du marché mondial. Quatre artistes français seulement occupent le Top 100. L’Europe, dans son ensemble, est dominée principalement par des ventes d’œuvres à bas prix, avec 81% de lots vendus pour moins de 5.000 EUR — seulement 38% en Chine. D’ailleurs, les artistes européens bien établis, avec des œuvres figurant dans de grandes institutions nationales, échouent constamment lorsqu’il s’agit d’atteindre le même niveau de prix que les artistes américains contemporains.

Globalement, les artistes venant de Chine, des États-Unis et d’Europe sont les mieux représentés dans le Top 100.

Cependant, les artistes en provenance des marchés émergents occupent une place très prometteuse dans le Top 500. Les institutions internationales portent d’ailleurs un intérêt croissant aux artistes d’Amérique latine, d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie du Sud-Est.

Bien que ce point ne soit pas souligné dans le rapport Artprice, il convient de noter que seulement quatre des 100 meilleurs artistes du classement sont des femmes. Cindy Sherman, l’artiste féminine la plus performante, représente 5,6% du total atteint par Basquiat. Alors que la plupart des données démographiques dans le Top 100 peuvent être facilement expliquées par des facteurs économiques, il n’y a pas d’explication évidente pour ce fait.

Art Média Agency

[® Jean-Michel Basquiat, Philistines, 1982, acrylic et crayon sur toile, 183 x 312.5 cm]