François Ruffin, le Robin des Bois des temps modernes
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Merci patron ! |
Sortie le 24 février 2016
Dans ce film atypique, le sujet tourne autour d’un couple, Jocelyne et Serge Klur. Pour eux, rien ne va plus : leur usine fabriquait des costumes Kenzo (Groupe LVMH), à Poix-du-Nord, près de Valenciennes, mais elle a été délocalisée sans précaution en Pologne. Les voilà tous deux au chômage, criblés de dettes et risquant désormais de perdre leur maison. C’est alors que François Ruffin, fondateur du journal Fakir, frappe à leur porte.Ces héros picards réussiront-ils à duper le premier groupe de luxe au monde, et l’homme le plus riche de France ? Ruffin est un journaliste confiant. Entouré d’un inspecteur des impôts belge, d’une bonne sœur communiste, de la déléguée CGT et d’ex-vendeurs à la Samaritaine, il ira porter le cas de la famille Klur à l’assemblée générale de LVMH, bien décidé à toucher le cœur de son P.D.G., Bernard Arnault. Mais ces frondeurs pourront-ils l’emporter contre un groupe et un milliardaire aussi puissants ? Dans ce jeu de rôle du pot de terre contre le pot de fer, il y a des personnages qui sortent de ce documentaire pour devenir de vrais acteurs de cinéma. C’est le cas des Klur qui, n’ayant rien à perdre, ont joué le jeu d’une duperie assez gonflée. C’est le cas d’un ex-commissaire, reconverti dans les renseignements en entreprise, qui joue à l’ancienne un authentique et pas méchant, presque attachant, flicard du patronat. Du suspense, de l’émotion et de la franche rigolade émaillent le film de Ruffin. Ces héros picards réussiront-ils à duper le premier groupe de luxe au monde, et l’homme le plus riche de France ? That’s the question !
François Ruffin a pris cette option d’un cinéma militant. Quant à la force qu’aurait le cinéma de changer la société, il reste dubitatif tout en continuant, confiant et déterminé, ce qui reste sa marque de fabrique : savoir passer d’observateur à acteur. Il confie : “Lorsque l’on a un film comme La Loi du marché de Stéphane Brizé qui remporte un prix à Cannes et un joli succès et, qu’au final, sur le terrain politique, c’est comme s’il ne s’était rien passé, cela met en lumière cette déconnexion entre un univers culturel qui peut produire des choses et des structures sociales qui ne l’intègrent pas. J’ai bien conscience que mon film n’est qu’un film. Mais je crois, et j’espère, qu’il pourra servir d’outil au moins pour enthousiasmer à nouveau les découragés, les résignés… Ce qui est pour moi une continuité du travail d’engagement. Et, par ce biais, les gens que je rencontre deviennent à leur tour acteurs du film et, d’une certaine manière, de leur propre vie.” Pour parler des situations tragiques que vivent les laissés-pour-compte du marché du travail pour cause de course aux profits immédiats de la part d’actionnaires sans scrupules, Ruffin a choisi l’humour sarcastique et ce deuxième degré parfois crispant apporte une dimension très particulière à son film. On rit, parfois aux éclats, et on a le ventre serré devant la banale scène de la précarité. Ruffin est un bon cinéaste, servi par un remarquable montage de Cécile Dubois, il est un super ensorceleur… Patrick DuCome [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=9V03eMAjQgA[/embedyt]
Il écrit également dans Le Monde diplomatique. Il acquiert une renommée nationale en publiant Les Petits soldats du journalisme, puis en travaillant comme reporter pour Là-bas si j’y suis (France Inter) avec Daniel Mermet. Merci patron ! est son premier film. [Visuels © Jour2Fête] |
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Sortie le 24 février 2016
Un film n’est-il qu’un film ?
François Ruffin, journaliste, né en 1975, est le fondateur et rédacteur en chef du journal Fakir, lequel compte aujourd’hui 6 743 abonnés ainsi que sa vente en kiosque dans toute la France. 



