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Le concile d’amour d’après Oscar Panizza

21 octobre 2009
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Le Concile d’amour, opéra pour voix, instruments, marionnettes et machineries

 

Le Concile d’Amour est une oeuvre « irréalisable » sur scène parce qu’elle est excessive, énorme, bavarde, parce qu’elle convoque des dizaines de personnages, figures subtiles et caricaturales. (46 principaux dont Dieu le Père, Marie, Jésus, le Diable et une centaine de figurants dont le Saint Esprit, quelques archanges, amours, Marie- Madeleine, des martyrs, les ombres des morts…), des décors de péplums…C’est une oeuvre irréalisable avec les outils « classiques » du théâtre mais nous la réaliserons avec nos outils musicaux et scéniques !

 

Ecrire un opéra à partir du Concile d’Amour suppose l’adaptation. L’auteur est iconoclaste, nous le serons avec lui : il autorise et requiert des ellipses et des coupes. Cette pièce est un chef d’oeuvre de la littérature satirique, burlesque et tragique. C’est une pièce allégorique, excentrique, écrite en réaction à l’autorité et à la pensée autoritaire, la censure et l’autocensure. Elle dénonce le pouvoir de l’Église, souligne l’absurdité de ses dogmes, dénie la faute originelle. Son écriture est souvent débridée, dévastatrice. Oskar Panizza y a «fourré» toute son immense culture du XVIème italien étudiée pour objectiver peut-être la haine huguenote et maternelle qui a déchiré son enfance, c’est un hurlement désordonné et féroce, déséquilibré comme son auteur.

 

Notre projet n’est pas d’abord musical, ou visuel ou théâtral, il articule véritablement les trois domaines sans en mettre un au premier plan. Les écritures musicales et scéniques s’élaborent ensemble pour inventer une forme opératique, un théâtre musical, cinématographique et radiophonique.
A la multiplicité des plans et des échelles de regard, à la circulation et la mobilité des points de vue, répondent les variations de plans sonores de l’ensemble instrumental et des chanteurs, par leurs déplacements en acoustique naturelle, en proximité et dans l’éloignement, par la sonorisation, la diffusion en plan large ou en plan réduit.

 

Notre Concile, nous le rêvons tranché, éclaté, grotesque, râpeux, chantant, ironique, brut, malin comme le diable, roué comme la Vierge Marie, multiple et saturé comme la guitare électrique, tragique et violent comme la fureur de Panizza, …

Jean Pierre Larroche – Michel Musseau

Concile ? Amour ?


L’Amour est le grand mot qui clôt toutes les bouches. On en trafique depuis des siècles. Dans cette pièce, Dieu apparaît en chef d’entreprise vieillissant, confronté à une crise de la foi, ne sachant plus comment relancer un système fondé sur la consommation du corps de son fils, et dans lequel, pour maintenir la demande, le péché est nécessaire.

 

Dieu réunit donc un concile céleste composé de lui-même, du Christ et surtout de la Vierge Marie. Malheureusement, incapables de faire face à la dépravation humaine et à la baisse de la contrition, ils doivent se résoudre à faire appel au Diable. Ce dernier, éternel refoulé du banquet divin, espérant follement un semblant de reconnaissance, invente une maladie nouvelle, destinée à sauver l’économie céleste et contrôler l’humanité.

 

L’univers dans lequel se déploie cette rêverie de Panizza transcende les catégories du bien et du mal. Oui, le pape Borgia qu’il évoque, séducteur esthète, préfère, à l’hostie, des pâtisseries plus délectables, et, au crime sanglant, la discrétion du poison. Le temps de la Renaissance, comme notre Modernité, a cru au progrès, à la beauté, à l’amour. On y évangélisait les sauvages, de force, mais pour leur bien, tout comme le fait notre actuelle foi en la Liberté, avec ses valeurs de croissance et de concurrence. Les gens persuadés d’être des gens de bien ne sont-ils pas pires que le Diable ?

 

Le projet de Panizza est plus ambitieux et complexe qu’il n’y paraît. Le conflit intime de son enfance, celui de ses parents, de confessions opposées, fait résonner en lui une controverse fondamentale entre le monde protestant et le monde catholique. Pour tenter de la résumer disons que pour le protestant, le nom d’Adam signifie la boue que Dieu à sculpté, et qu’il ne sera jamais – tant que la Grâce n’y souffle pas – que du mal, façonné à l’image de Dieu. Le catholique, au contraire pense que l’homme est du divin perverti qui peut et doit se purifier. Il y a aussi une tentative passionnante de faire se rejoindre l’Histoire la plus documentée avec l’allégorie la plus libre.

 

Nous ne pourrons pas suivre tous ces chemins. D’autres réalités de l’oeuvre nous interpellent : son foisonnement, sa désespérance, son rire. Nous chercherons des réponses dans le désincarné et l’incarné, le vivant et l’inerte, le cri des hommes et la musique des sphères.
Frédéric Révérend

 

Tournées :
Les 5, 6, 8, 9 et 10 novembre 2009 à l’Opéra de Nantes
Les 13 et 14 novembre 2009 au Grand Théâtre d’Angers
Le 24 novembre 2009 à l’Hexagone – scène nationale de Meylan, dans le cadre du Festival Les 38e Rugissants
Les 10 et 11 mars 2010 à la Scène nationale de Quimper
Les 25 et 26 mars 2010 au Théâtre musical de Besançon en collaboration avec Le Théâtre de l’Espace
Les 17 et 18 avril 2010 au Théâre Massalia à Marseille en collaboration avec le GMEM, Centre national de création musicale
Les 26, 27, 28 mai 2010 au Théâtre National de Toulouse

 

Le concile d’amour
Oscar Panizza

Musique : Michel Musseau
Scénographie et mise en scène : Jean-Pierre Larroche
Dramaturgie et adaptation : Frédéric Révérend
Assistant à la mise en scène : Balthazar Daninos
Costume : Marguerite Bordat
Collaboration à la scenographie : Pascale Hanrot
Lumières : Jean Yves Lourloux
Son : Alexis Meyer
Avec : Dalila Khatir (Mezzo), Fredéric Caton (Ténor), François Bedel (Le diable et percussions)
Acteurs manipulateurs : Anaïs Durin, Mickaël Chouquet
Violon : Rebecca Gormezano
Guitare électrique : Julien Desprez
Trombone : Fidel Fourneyron
Régie générale : François Fauvel
Production et diffusion : Géraldine Buon
Coproduction Angers-Nantes Opéra – Compagnie les ateliers du spéctacle – Théâtre de Cournouaille – Centre de création musicale – Scène nationale de Quimper, Massalia – Théâtre de marionnettes
Avec le soutien de : La Direction des affaires culturelles d’Ile-de-France – Ministère de la culture et de la communication

Du 5 au 10 novembre 2009

Angers Nantes Opéra
pl Ralliement
49000 Angers
Tel: 0241241640

www.ateliers-du-spectacle.org

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