0 Shares 5823 Views

Alexandra Smilek : « Je suis une alchimiste du digitale »

Manon Guyard 9 mars 2018
5823 Vues

Rencontre avec Alexandra Smilek directrice artistique et creative technologist, un nouveau et passionnant métier.

Qui es-tu, Aleksandra, et quelles sont tes activités ?

Je suis une alchimiste du digitale. Je crée avec la technologie, je l’adapte aux besoins de notre monde contemporain qui file à très grande vitesse, sous nos yeux. Mon métier comporte une double casquette : creative technologist et directrice artistique. Cela consiste à faire du prototypage et de la création de formes numériques de toutes sortes. Cela peut passer par la création de robot, de start up, d’installation numérique interactive, d’architecture connectée…

Photo © Aleksandra Smilek

 

En quoi consiste exactement ce nouveau métier : creative technologist ?

 

C’est un métier apparu sur le marché il y a environ une dizaine d’années. À présent, aux États-unis, certains appels d’offres parlent même de Chief Creative Technologist (CCT). Les gens ont eu besoin de créer un poste combinant l’ADN du Hacker à celui du street artiste. Cela donne un profil de quelqu’un qui contourne les réalités pour créer. En fait, il manipule la technologie pour l’adapter aux tendances, aux instincts, aux besoins de notre société. Le creative technologist conceptualise des systèmes. Il va notamment créer toute une structure autour de la technologie. Et tout cela pour susciter des sensations inédites, de nouveaux territoires, pour doter le monde d’espaces virtuels.

 

Pourquoi t’es-tu orientée vers l’art numérique ? Penses-tu que celui-ci puisse être le futur de l’art ?

 

J’ai toujours été dans l’art numérique. Née en Pologne, je suis arrivée ici sans papier. À cette époque, où je n’avais rien, je n’avais qu’une seule envie : manipuler des choses splendides, qu’elles soient manufacturées ou technologiques. J’ai développé ce désir d’imaginer des formes à la fois artistiques et technologiques, surtout des choses qui laissent la place à une très grande liberté car les possibilités y sont infinies. Alors oui, pour moi, l’art numérique est un des futurs de l’art, même si ce n’est pas le seul !

 

Photo © Aleksandra Smilek

Pour le Festival 12 x 12, tu as mis en place un partenariat avec la Mairie  de Paris et JCDecaux pour la création d’une sculpture faite en impression 3D ? De quoi s’agit-il exactement ?

 

Nous avons été selectionnés par le festival pour créer la sculpture du festival. JCDecaux a tout de suite accroché sur le design ultra friendly de la sculpture. Inspirée du manga, elle avait effectivement une allure bon enfant. On nous a proposé de mécéner la production d’un MUPI, l’espace d’affichage numérique utilisé dans les villes. On a choisi d’y mettre un arbre géant imprimé en 3D. Cette réalisation nous a demandé plus de 400 heures d’impression 3D et nous a coûté une bonne migraine. On a ensuite pimpé le MUPI avec des néons roses et violets. Le tour était joué !

 

Être finaliste du grand Prix de l’Innovation de la Mairie de Paris, ça te fait quoi ?

C’était une experience super ! J’ai travaillé en tant que créative technologiste chez Kapsdata, une start-up spécialisée en IOT et nous avons, en effet, été selectionnés par la Mairie de Paris pour le Grand Prix de l’Innovation 2017, car nous avons développé le premier prototype objet connecté, capable de restaurer les oeuvres de street art sur les murs de nos villes. C’est une production développée ayant pour but de préserver notre patrimoine de street art. La ville est devenue un Pompéi vivant. Or, nous devons répondre aux besoins de préservation de notre patrimoine, y compris à l’aide des nouvelles technologies.

 

Photo © EP7


Quels sont tes projets ?

En ce moment, je travaille sur la programmation et le développement numérique de EP7, un nouvel espace culturel et gourmand doté de la plus grande façade d’exposition artistique en espace urbain. En somme, je fais de la programmation en art urbain numérique. C’est une ouverture incroyable sur de nouvelles potentialités de dialogue avec l’espace de la ville.

Je collabore avec l’artiste Santiago Torres de la Galerie Denise René. On crée une architecture connectée et interactive pour le citoyen. C’est vraiment une sensation incroyable que d’avoir un bâtiment au bout du doigt.

Je désigne également les trophées TALENT de l’Innovation 2018, qui vont être présentés à l’OCDE. Je travaille avec l’artiste Jonathan Lefebvre sur cette production. Bref, les choses vont très bien.

Propos rapportés par Manon Guyard

Articles liés

Kyab Yul-Sa transcendent les fondements de la musique tibétaine : concert de lancement au Studio de l’Ermitage
Agenda
85 vues

Kyab Yul-Sa transcendent les fondements de la musique tibétaine : concert de lancement au Studio de l’Ermitage

Le trio Kyab Yul-Sa, lauréat du Prix des Musiques d’Ici 2021, révèlera “Murmures d’Himalaya” son nouvel album à l’occasion de sa sortie le 26 avril 2024 chez Nangma Prod / Inouïe Distribution. Cet opus sera présenté le jeudi 23...

“Our Way”, le nouvel album du trio mythique du Jazz, Helveticus, sort le 24 mai
Agenda
93 vues

“Our Way”, le nouvel album du trio mythique du Jazz, Helveticus, sort le 24 mai

Quatre ans après « 1291 », voici le deuxième album du trio suisse Helveticus, formé de trois musiciens exceptionnels de trois générations différentes et issus de trois régions différentes de la Suisse. Si le premier album a été enregistré dans l’urgence...

“La Danseuse” : Justine Raphet met en lumière la toxicité des relations amoureuses
Agenda
166 vues

“La Danseuse” : Justine Raphet met en lumière la toxicité des relations amoureuses

La Danseuse traite des relations amoureuses toxiques et de l’emprise au sein du couple en s’intéressant au parcours de vie de Noé et à sa relation amoureuse avec Adèle. Noé, jeune danseur, ne se sent pas en phase avec le...