Anna Broujean au salon de Montrouge : la confrontation des mots et des images
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Anna Broujean au salon de Montrouge: la confrontation des mots et des images Anna est représentée par la galerie Archiraar à Bruxelles : http://archiraar.com Du 30 avril au 28 mai 2014 Le Beffroi |
Du 30 avril au 28 mai 2014
Anna Broujean est l’une des 72 artistes à avoir été sélectionnée pour la 59ème édition du salon de Montrouge. Du 30 avril au 28 mai 2014, cet événement présente au public les jeunes talents les plus prometteurs du monde de l’art contemporain. « Auteur du traité Comment aimer ses mollets en dix leçons, Rosa Korb n’y est jamais parvenu. Elle les cache à l’aide de pantalons évasés, et d’un complexe de supériorité (elle prend l’ascenseur, jamais les escaliers ». Voici ce qu’Anna a imaginé de la vie de cette femme avec un turban sur la tête, qui s’est fait tirer le portrait en noir et blanc il y a plus de 30 ans.
Les cheveux coiffés en un élégant chignon, vêtue d’une jupe patineuse rouge, l’artiste entretien sa féminité, et son image. Mais bien loin de se limiter à la sienne, c’est surtout celle des autres qui l’intéresse. Son truc, c’est de se saisir d’une illustration existante, et d’en renverser l’interprétation. Parmi ceux qui l’inspirent, il y a Richard Prince, l’inventeur de « l’Appropriation art ». « Il récupére des archives, les recadre, et apporte un nouveau sens de lecture à l’œuvre » explique Anna.
Elle parvient à intégrer l’ENSP après plusieurs années d’études en médiation culturelle, et de nombreux voyages à travers le monde : Argentine, Allemagne, Hollande… « Quand je suis entrée à l’ENSP j’ai enfin eu cette légitimité artistique dont j’avais besoin. Très vite, j’ai eu envie de créer un lien entre le texte et l’image. ». Et dans « Les petites morts » aussi, l’artiste joue entre les mots et le visuel, toujours sur un ton drôle et caustique. En intitulés de photos kitchissimes de morts dans leurs cercueils, Anna énonce des pratiques du quotidien considérées à risque. Sous un cliché dominé par la couleur rose, où une femme gît dans son cercueil, elle écrit : « Huile de palme sur tartine ».
Anna n’est pas en panne d’idées extravagantes. Fan du cinéma hollywoodien des années 50-60, elle a compilé une centaine d’extraits de films où l’on dit « I love you ». On réalise, avec la vidéo, comment le cinéma met en scène l’amour. Un moment, qui en temps normal nous aurait ému, devient agaçant, à force d’entendre les mêmes paroles, répétées sans cesse. ” J’ai voulu créer un contraste entre la fascination qu’on peut avoir pour ces séquences hollywoodiennes, et le dégout du faux sentiment. Ce « I love you » fini par devenir artificiel et se vide de son sens ». Le salon de Montrouge, qui débutera le 30 avril, est une vitrine rêvée pour faire connaitre ses drôles de créations. Pourtant, quand l’artiste s’est inscrite pour la sélection, elle n’avait aucune conscience de l’importance de l’évènement. Puis en en discutant avec des gens alors qu’elle avait été choisie, elle a réalisé à quel point il s’agissait un rendez-vous majeur de l’art contemporain. ” Heureusement que je ne le savais pas avant, sinon je crois que je n’aurais jamais osé y participer. Ça aurait été vraiment dommage pour moi », confie-t-elle. Et d’autant plus dommage pour les spectateurs. Juliette Jean Pour en savoir plus sur le salon de Montrouge: www.salondemontrouge.fr [Visuels: Anna Broujean] |
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