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Leslie Louis-Jean : “Les femmes ont le pouvoir de se réapproprier le mot sexy”

© Kriss Logan

Leslie, ancienne danseuse du Crazy Horse sous le nom de Kanella Chado, nous raconte son expérience au sein du mythique cabaret parisien. Pour elle, une Crazy Girl est une femme qui peut avoir de multiples facettes, qui a confiance en elle, qui connaît son pouvoir de séduction et qui est surtout unique en son genre. C’est tout cela qu’elle souhaite transmettre dans ses ateliers Crazy in Love.

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Leslie Louis-Jean, parisienne, danseuse (bientôt à la retraite), je suis aujourd’hui sophrologue et coach en féminité. J’ai commencé la danse classique à l’âge de 7 ans et jusqu’à la fin du lycée, j’étais en section pré-professionnelle danse. Après le bac, j’ai passé énormément d’auditions pour intégrer des troupes de danse classique, où j’ai vite compris que ma couleur de peau posait problème, ce qui m’a poussée à envisager d’autres voies, telles que la danse contemporaine ou les cabarets, car je voulais danser à tout prix. Un jour, j’ai vu une affiche pour l’audition du Crazy Horse et je me suis dit pourquoi pas tenter car je n’avais rien à perdre. J’ai intégré la troupe à l’âge de 19 ans, sous le pseudo Kanella Chado.

Comment gère-t-on la vie d’une danseuse du Crazy Horse ?

À 19 ans, je la gérais bien et pour être honnête, je n’avais pas vraiment le temps de faire d’autre chose à côté, même prendre des cours de danse, à cause des horaires décalés. J’ai eu l’opportunité de partir un an et demi à Las Vegas, quand le show était au MGM Grand Casino. J’ai adoré pouvoir voyager grâce à ce job, même dans des pays où je n’aurais jamais mis les pieds, comme le Kazakhstan. J’ai fait de fabuleuses rencontres humaines, j’ai beaucoup mûri mais pour moi, ce n’était qu’un passage pour aller vers d’autres horizons.

Tu dis que ce n’était qu’un passage, comment s’est déroulée cette fin d’expérience pour toi ?

Je ne me voyais pas y rester pendant des années car j’avais le sentiment d’avoir fait le tour et j’avais un réel désir d’explorer mes capacités artistiques. Je suis partie une première fois étudier à Alvin Ailey, à New-York, ce qui était mon rêve ultime. Quand je suis revenue à Paris, j’ai travaillé sur le film Cloclo, sur l’opéra Aida et j’étais remplaçante au Crazy Horse pour dépanner. C’est après une blessure, où j’ai dû être en repos forcé, que j’ai décidé de me former à la sophrologie. J’en avais déjà fait pour moi et j’avais pu observer les grands bienfaits que cela m’apportait dans ma vie quotidienne. J’ai définitivement arrêté le Crazy Horse fin 2013. Je savais que j’avais encore du temps pour me reconvertir, le milieu de la danse me frustrait beaucoup et j’avais besoin de faire quelque chose plus proche de l’humain.

Comment conçois-tu la nudité dans ta vie, après le Crazy Horse ?

Il a fallu du temps avant qu’on arrête de m’appeler pour faire des scènes dénudées sur des tournages car dans la tête de beaucoup de gens, comme tu as dansé au Crazy Horse, la nudité ne te gêne pas. Ce qui est faux car les danseuses, sur scène, sont habillées de lumière, avec une mise en scène particulière.

© Antoine Poupel

Ancienne soliste du Crazy Horse, tu développes aujourd’hui des ateliers à l’attention d’autres femmes. Peux-tu nous en dire plus ?

Le développement des ateliers Crazy in Love a pris du temps. Je revenais de Londres, où j’avais vécu pendant deux ans, et je cherchais un moyen de me différencier des autres dans le domaine du développement personnel. Ma force c’est mon parcours de danseuse professionnelle, j’ai donc commencé à monter des workshops pour que les femmes qui le désiraient, puissent apprendre à marcher en talons. Ces ateliers n’ont pas fonctionné et un jour, une organisatrice d’événements m’a demandé de faire un atelier de danse cabaret pour la journée internationale des femmes. C’est de cette manière que les ateliers Crazy in Love ont vu le jour. Je me suis rendue compte qu’il était important que les femmes fassent la paix avec l’image qu’elles ont d’elles-mêmes et que la danse pouvait être un vecteur vers une meilleure affirmation de soi. Avant de commencer chaque atelier, je propose aux participantes un instant de sophrologie pour qu’elles se sentent à l’aise et commencent à être en confiance.

À qui sont destinés tes ateliers ?

Ils sont destinés à tout le monde, même aux personnes n’ayant jamais pris de cours de danse de leur vie. Les mouvements ne sont pas difficiles techniquement, je prends le temps de les expliquer, de guider et j’invite les personnes à exprimer leur personnalité avec beaucoup de bienveillance. Mon public est principalement féminin mais quelques hommes sont déjà venus explorer leur féminité.

Était-ce une évidence pour toi, en tant que danseuse, de transmettre ce que tu as appris, ton univers et tes goûts ?

Pas du tout car à la base, enseigner ne m’intéressait pas. J’ai eu envie d’accompagner les femmes dans la révélation à elles-mêmes de leur côté féminin. Cela ne veut pas nécessairement dire qu’il faut être en jupe, porter du rouge à lèvres, être mince pour être féminine. Chaque femme est unique et précieuse et par mes ateliers, je les invite à se (re)découvrir en tant que telle. Être féminine, sensuelle et sexy ne veut pas obligatoirement dire sexuelle et vulgaire car au Crazy Horse, on apprend la subtilité.

“Sois sexy” : aujourd’hui encore, on peut y voir une connotation de “femme-objet”. Comment conçois-tu cela ?

Je ne supporte plus les injonctions et en particulier ce type de phrases. Je pense que toutes les femmes ont le pouvoir de se réapproprier le mot “sexy” pour changer fondamentalement la perception des femmes, dans une société régie par les hommes.

La confiance en soi et la féminité semblent être des vecteurs essentiels pour toi. Que dirais-tu aux femmes qui aimeraient essayer tes ateliers ?

Je leur dirais d’essayer de trouver la ressource dans leur for intérieur, au quotidien, pour polir leur personnalité un peu chaque jour. Les changements n’arrivent pas du jour au lendemain, il faut trouver du soutien, du courage et de l’inspiration pour s’affirmer. C’est aussi important de rappeler aux femmes que c’est ok de ne pas être au top H24.

Dévoile-nous un souvenir marquant pour toi. 

Fan d’Alvin Ailey, je l’ai étudié mais je n’ai jamais fait partie de la compagnie. En 2012, la troupe était en spectacle au théâtre du Châtelet pour Les Étés de la Danse et j’y suis allée, avec ma sœur enceinte de huit mois. Cette année-là, il y avait dans la programmation “Minus 16”, d’Ohad Naharin. À un moment, les danseurs sont passés dans la salle afin de choisir des personnes pour monter sur scène avec eux et j’ai eu la joie d’être choisie par Alicia Graf Mack. C’était dingue d’être sur scène avec la compagnie pendant ces quelques minutes. J’ai remercié la vie pour ce moment !

Un futur projet ?

J’en ai plein car je ne me mets pas de limites. Je suis en train de développer une marque de lingerie avec ma sœur pour les femmes noires à forte poitrine, ça va s’appeler BEE U.




Plus d’informations sur ses pages Facebook, Instagram, et Cocoon-place.

Propos recueillis par Anastasia Le Goff.

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