Miró – Musée Frieder Burda de Baden-Baden
Miro frieder burda::
Une centaine d’œuvres, toiles et sculptures, six décennies du travail de l’artiste, tel est le parti-pris du musée Frieder Burda et de Jean-Louis Prat, commissaire de cette exposition. Cependant, plus que la quantité, c’est avant tout la qualité des œuvres présentées qui fascine. En effet, Miró. Les couleurs de la poésie réussit à surprendre le visiteur, chose souvent malaisée dans le cadre d’une exposition consacrée à un artiste d’une telle renommée. Et pourtant les visiteurs, à leur tour, ressentent le choc sous l’effet duquel Joan Miró commençait ses tableaux et qui le faisait « échapper à la réalité », redécouvrant dès lors la finesse et la poésie du coup de pinceau et de l’œil créatif de l’artiste catalan.
Une poésie indéniable

Fascinés traditionnellement par les créations les plus attendues de Joan Miró, faites de fonds colorés ponctués de courbes, de ronds et de signes symboliques, les visiteurs ont ici le plaisir de découvrir les œuvres détaillistes de l’artiste, aux couleurs un peu moins vives mais au tracé déjà précis et à la poésie indéniable. Plusieurs œuvres de « jeunesse » sont en effet exposées, bousculant les attentes et offrant un autre regard sur le peintre. Cependant, ce sont bien les peintures colorées qui sont au premier plan de l’exposition, présentées en regard de sculptures et de céramiques aux lignes tout aussi intrigantes que celles tracées sur les toiles.
Onirique et fantasmagorique
« J’aimerais parvenir à atteindre l’intensité la plus forte possible avec le minimum de moyens. C’est pourquoi je peins mes tableaux toujours plus dépouillés et plus vides ». Au fur et à mesure du parcours de l’exposition, les toiles sont en effet moins occupées et leur signification se fait plus obscure, à peine rendue intelligible par les titres des oeuvres.

Que comprendre de « Sergent à coquelicots traînant sur un champ de violettes peuplé par des lézards en deuil » ? Rien peut-être, mais n’est-ce pas là finalement, dans l’incertitude et l’incompréhension qu’il provoque, que le travail de Joan Miró touche au poétique, à l’onirique et au fantasmagorique ? Une rêverie en prise au réel, en témoigne « L’Espoir du condamné à mort », triptyque accroché en fin de parcours, brûlant dans la simplicité des trois courbes qui s’amenuisent comme raccourcit une vie.
Peintre de la couleur, Joan Miró trouve au musée Frieder Burda un écrin à sa mesure. À l’image de l’œuvre de l’artiste catalan, Miró. Les couleurs de la poésie est une exposition flamboyante et poétique qui invite, sans cesse, à la rêverie.
Solène Zores
Joan Miró, Mont-roig, l’église et le village, 1919. Private Collection – Museum Frieder Burda, Baden-Baden © Successió Miró / VG Bild-Kunst, Bonn 2010 Photo : Joan Ramon Bonet
Joan Miró, Silence, 1968. Centre Pompidou, Paris – Musée national d’Art moderne / Centre de création industrielle – Donation 1982 © Successió Miró / VG Bild-Kunst, Bonn 2010 Photo: bpk / CNAC-MNAM / Jean-François Tomasian
Miró. Les couleurs de la poésie
Du 2 juillet au 14 novembre 2010
Du mardi au dimanche, de 10 h à 18 h.
Ouvert tous les jours fériés sauf le 24 et le 31 décembre.
Tarif plein : 9 euros
Tarif réduit (dont étudiants) : 7 euros
Scolaires à partir de 10 ans : 4 euros
Enfants jusqu’à 10 ans : entrée libre
Parents avec leur enfant : 20 euros
Musée Frieder Burda
Lichtentaler Allee 8b
76530 Baden-Baden
Allemagne
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