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Rachelle Cunningham : “Je raconte des histoires sur le corps de celles et ceux qui les ont vécues”

Salomé Guez 30 juin 2020
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© @wanderoxi / Rachelle Cunningham

Si elle a vécu aux quatre coins du monde, on pourrait jurer, en posant les yeux sur ses toiles, que l’irlandaise Rachelle Cunningham est plus française que Marianne. Les illustrations chaudes, romantiques et raffinées de la jeune artiste à la chevelure flamboyante nous emmènent dans un univers vintage où chacun rêverait d’aller. Rencontre.

Dans tes illustrations on ressent une forte inspiration “années 1920/1930”… 

Oui tout à fait. Plus jeune j’étais attirée par la peinture romantique, l’époque victorienne et le baroque, puis, j’ai intégré une école de cirque pendant un an. Les costumes, les éléphants, les girafes et les vieilles affiches m’ont émerveillée alors je l’ai retranscrit dans mon travail.

© Rachelle Cunningham – “Le Moulin Rouge”

Passionnée de mode, les pièces que l’on retrouve dans tes toiles sont très travaillées. Quels vêtements préfères-tu peindre ?

J’adore le costume et l’histoire derrière le vêtement que je porte. Quand je peins je suis en jogging mais dès que je sors j’aime ressembler à un personnage. C’est pourquoi je n’achète que du vintage, la fast-fashion ne m’intéresse pas. Lorsque je peins de la haute couture, je m’inspire des créateurs Vivienne Westwood, Jean-Paul Gaultier ou Jacquemus. En fait j’aime dessiner tout ce qui est théâtral, presque “pas portable”. Dans mes illustrations je peux porter de l’ail, pas chez Monoprix.

Tu sublimes le corps féminin grâce à des ornements peints sur photo. Comment t’est venue cette idée ?

L’art n’a pas de limite. Tout ce qui est imaginé peut être réalisé. Je me suis vue dans ces femmes et j’ai tenté de les comprendre. J’ai commencé par dessiner sur moi quand j’avais 14 ans, puis, inspirée par les gens que je rencontre et leurs histoires, j’ai développé cette idée. Finalement j’essaye de raconter des histoires sur le corps de celles et ceux qui les ont vécues.

© Rachelle Cunningham / Ashley Graham

Sur qui vas-tu peindre prochainement ?

En ce moment j’ai une obsession pour Florence and the Machine. Mon rêve serait de designer la pochette de son album ! Alors peut-être elle.

Ton travail, pourtant enchanté, est largement figuratif, à l’exception de la série “Ménage à trois”. Pourquoi avoir choisi l’abstraction pour ce projet ?

Quand j’ai commencé la série “Ménage à trois” je vivais un moment très difficile psychologiquement. J’avais besoin d’extérioriser mes émotions telles qu’elles étaient sans projet précis. Alors j’ai peint. Le résultat de cette thérapie picturale fut des grands coups de pinceaux avec des courbes plus ou moins perceptibles. Paradoxalement l’abstraction révèle beaucoup de moi. Elle a été libératrice et m’a permis de guérir de la situation dans laquelle j’étais. “Ménage à trois” s’accompagne d’une grande vulnérabilité alors je suis réticente à l’idée de l’exposer. La série est évidemment beaucoup moins détaillée que mes illustrations mais on retrouve les couleurs que j’aime : l’ocre et le vert. 

© Rachelle Cunningham / “Ménage à trois – Raw umber”

Qui t’inspire ?

Mes parents. Bébé, mon père m’a initiée à la peinture et m’a laissée m’exprimer librement. Aujourd’hui les mentalités sont légèrement différentes, mais, lorsque j’étais plus jeune, les gens jugeaient les écoles d’arts et les artistes. Ils m’ont toujours soutenue et grâce à eux j’ai étudié à Parsons New York et Paris. Mon prof d’arts plastiques du lycée m’inspire également. C’est mon mentor. Je lui envoie tout ce que je fais et il me donne son retour critique. Artistiquement j’ai été inspirée par Dali ; peinture, cinéma, mode, design d’intérieur : il a tout fait. J’aime tout et je veux toucher à tout, comme lui.

Paris, c’est aussi glamour que tu l’imaginais ?

Je ne pense pas que Paris soit glamour mais certains aspects de la ville le sont. L’architecture, les gens et la culture le sont mais, en réalité, ça sent la pisse et les métros sont terribles. Mais oui, de l’extérieur la ville ressemble à un conte. J’ai vécu dans sept pays différents mais je savais que Paris était la ville où tout artiste était passé dans sa carrière. À 7 ans mes parents m’ont perdue dans le Louvre, j’étais en extase devant la peinture religieuse et je me suis promis de revenir un jour. Puis, j’ai été au lycée français en Norvège, pendant 3 ans, c’est là que j’ai appris le français. À 17 ans j’ai commencé mes études à Parsons Paris et, depuis, je fais des allers-retours un peu partout. 

© Rachelle Cunningham / “Mona”

Instagram, c’est le nouveau book d’un artiste ?

Évidemment. J’ai créé mon compte il y a 2 ans et ça a tout de suite pris. Pour exposer son travail à une galerie il est essentiel d’avoir un “bon profil”, un feed visuellement agréable et reflétant son travail. Je dois toutes mes opportunités professionnelles à Instagram et je suis immensément reconnaissante d’avoir un public. 

Ton reseau social préféré et le compte à suivre ?

Instagram. @celestebarber poste des photos super drôles. Je suis irlandaise alors j’aime rire mais sinon je dirais @paintingsdaily, on y découvre un tableau différent tous les jours, c’est génial. 

Retrouvez Rachelle Cunningham sur Instagram et sur son site !

Propos recueillis et traduits de l’anglais par Salomé Guez

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