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Saul Steinberg – musée Tomi Ungerer – Strasbourg

4 janvier 2010
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musée Tomi Ungerer

En consacrant sa nouvelle exposition temporaire à Saul Steinberg, le musée Tomi Ungerer de Strasbourg met à l’honneur un illustrateur qui a laissé peu de techniques inexplorées : fusain, lavis, crayons de couleur, encre de chine, il les mêle les unes aux autres et brise les frontières. Cet amoureux de la ligne qui développe le one-line drawing – ou dessin réalisé d’un trait continu – invente une nouvelle manière de croquer, pleine de décalage et de burlesque, mais toujours au plus près de la vérité : une « écriture visuelle » sans égal.

Un trait synthétique et aigu

L’exposition, organisée autour de six sections, offre tout d’abord un regard sur le travail de l’artiste et sur ce dernier à travers des photographies prises par ses amis, tels Doisneau, Irving Penn ou Stefan Moses. Le clou de cette section est cependant un cadavre exquis, dessiné avec Picasso, qui pointe du doigt le lien que tissa Steinberg avec le surréalisme. Le visiteur découvre par la suite l’univers si particulier du dessinateur, son trait synthétique et aigu qu’il utilisa à merveille pour épingler la société américaine en couverture du New Yorker, et ce pendant 60 ans.

Un écrivain qui dessine

L’accrochage de l’exposition permet de voir de quelle manière Saul Steinberg enrichit le one-line drawing en y incluant d’autres techniques. Du fascisme qu’il connut en Italie, il retient ainsi l’obsession pour les tampons et les empreintes digitales, deux aspects particuliers qu’il utilise dans certaines de ses œuvres. Ainsi les empreintes sont là reprises dans leur cadre naturel, dans les faux diplômes ou papiers que Steinberg dessine à l’attention de ses amis Giacometti, Le Corbusier ou Henri Cartier-Bresson, et deviennent là des oiseaux malicieux et expressifs en dépit de la simplicité du trait.

« Un écrivain qui dessine », c’est ainsi qu’il se définissait : lanceur de messages en quelques lignes ou traits, il mêle calligraphie et trompe-l’œil, paysages et illustrations qui mettent en exergue le goût du dessinateur pour les situations absurdes et décalées. Une passion qui se reflète désormais dans le travail de ses héritiers que sont Sempé, Ungerer, Chaval ou Geluck.

Faisant la part belle à l’illustration, l’exposition Saul Steinberg, l’écriture visuelle est une occasion rare de découvrir le trait de ce dessinateur qui emmène le visiteur par-delà les frontières habituellement établies entre les genres et les techniques.

Solène Zores

Saul Steinberg, l’écriture visuelle

Du 27 novembre 2009 au 28 février 2010
Ouvert tous les jours de 12h à 18h
Les samedis et dimanches de 10h à 18h
Fermé le mardi

Plein tarif : 5€ // tarif réduit : 2.5€

Musée Tomi Ungerer
2, avenue de la Marseillaise
67000 Strasbourg

www.musees-strasbourg.org

[Visuel : Musée Tomi Ungerer (Strasbourg), 29 avril 2009. Travail personnel de Ji-Elle. Partage des conditions initiales à l’identique 3.0 Unported, 2.5 Générique, 2.0 Générique et 1.0 Générique]

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