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Cadavres à la Pelle – film de John Landis

16 septembre 2011
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Cadavres à la Pelle - film de John Landis

Réalisateur du cultissime Blues Brothers (1980), de l’horrifique Loup Garou de Londres (1981), d’Un Prince à New York (1988) et du plus fameux clip de Michael Jackson, Thriller (1983), John Landis avait déserté le grand écran depuis plus de dix ans, préférant s’adonner à la direction et à la production de divers formats télévisés. Son retour avait donc de quoi faire saliver, surtout avec une comédie d’humour noir telle que celle à laquelle se prêtait le sujet de Cadavres à la Pelle.

A savoir les pérégrinations d’un duo d’assassins célèbres Outre-Manche — William Burke — et William Hare, petits magouilleurs qui, en 1828, décidèrent de se remplir les poches en palliant la pénurie de cadavres à disséquer subie par les universités de médecine d’Edimbourg. Mais la profanation de cimetière ne se révélant ni suffisamment lucrative ni assez efficace, ils optèrent rapidement pour une solution plus radicale : zigouiller carrément les quidams pour revendre leurs macchabées ! Seize meurtres s’ensuivirent qui pourvurent aux présentations anatomiques du Dr Knox.

Sur cette base macabre, John Landis construit une comédie loufoque au rythme enlevé, où les acteurs s’en donnent à cœur joie. Andy Serkis, Simon Pegg et Isla Fisher s’amusent visiblement à l’écran, et sont pour beaucoup dans le caractère entraînant et l’enthousiasme suscités par le film. La courte apparition de Christopher Lee survient également comme un amusant clin d’œil aux séries B de La Hammer, auxquelles les œuvres d’épouvante plus ou moins teintées d’ironie de John Landis ont toujours rendu hommage.

Malgré tout, le gros problème de Cadavres à la Pelle est de manquer du cynisme nécessaire pour en faire une véritable comédie noire un peu trash, comme le cinéma britannique sait si bien en produire. Ici, pas de corrosivité : les malfrats sont plus bonhommes et goguenards que minables, les bouges semblent un peu aseptisés. Les meurtres eux-mêmes ne sont pas sanguinolents, comme si, seulement préoccupé par l’aspect rigolard de ses protagonistes, le réalisateur avait oublié qu’il lui fallait leur imputer quelques méfaits pendables. Alors, Burke et Hare ont beau assassiner à tour de bras ; on n’y croit pas.

Le comble est sans doute qu’en dépit de son charme suranné et de la fantaisie de ses comédiens, ce nouveau John Landis s’avère cocasse, mais pas réellement drôle. Tout au plus arrache-t-il quelques sourires de sympathie pour ses personnages croquignolesques.

Aussi, passant à côté de son potentiel horrifique, loupant le portrait trop affectueux de ses crapules, dépeignant un Edimbourg trop lisse, dépouillé du caractère crasseux qu’auraient pourtant dû recéler les bas-fonds qui en constituent le décor, Cadavres à la Pelle passe hélas à côté de son sujet. Il en demeure le fâcheux sentiment d’avoir vu un divertissement certes agréable, mais dont on aurait aisément pu se dispenser.

Raphaëlle Chargois

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Cadavres à la Pelle

Film de John Landis

Avec Simon Pegg, Andy Serkis, Isla Fisher, Tom Wilkinson et Tim Curry

Sortie le 31 août 2011

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