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Festival de Cannes 2012 – 22 mai 2012

24 mai 2012
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Festival de Cannes 2012

Avec quelques heures à peine de sommeil au compteur, je me paye le luxe d’une grasse matinée cannoise soit 4 heures de sommeil en moins qu’une grasse matinée classique. Pourtant elle réconforte, d’autant plus que je sais que la journée sera longue et éprouvante.

Il est autour de 11 heures quand je quitte mon poste de travail pour m’installer devant le premier film de ma journée : La Part des anges de Ken Loach en compétition officielle. Le film agit comme un bain moussant, une petite bulle de rire et de connivence, de légèreté et d’insouciance. Ken Loach réussit sa comédie sociale sur le whisky, admettons quand même qu’il n’a aucune chance de rafler un prix, et offre une parenthèse bienvenue dans les thématiques tristes et glauques de cette année.

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Il arrive que même les badges bleus comme moi, se fassent refouler d’une projection trop courue, c’est le cas aujourd’hui et ce sera le cas encore quelques fois certainement pendant le festival. Peut-être est-ce le temps qui joue en notre défaveur, peut-être est ce le nombre d’accréditations ou une motivation soudaine de la grande majorité des journalistes présents mais cette édition est marquée par une présence exceptionnelle dans les salles à toutes les projections (les plus tardives comme les plus matinales).

Vers 15h, je me rends au village international pour rencontrer les acteurs et réalisateurs sélectionnés dans le cadre des jeunes talents Adami. Le soleil pointe enfin le bout de son nez, même timidement, et le cœur est à nouveau à la fête. Je suis même ravie d’enchaîner une dizaine d’interviews à la suite confortablement installée sur ma table en teck pour profiter d’un temps enfin bienveillant.

1h30 plus tard, je suis trop en retard pour voir une autre projection. J’en fais mon deuil et décide de travailler en salle de presse avec mes congénères. L’ambiance est studieuse dans la salle à l’étage supérieur du palais des festivals. Des poufs en skaï blanc et des espaces de travail permettent à tous de rendre ses articles et ses photographies à temps. Le wifi est traditionnellement catastrophique, puisque pas du tout prévu pour le nombre de connections réelles à la minute mais il y a un espace café et de quoi recharger ses batteries (dans tous les sens du terme). Il m’arrive de travailler par terre quand l’affluence est à son maximum mais cela fait partie du charme des lieux.

Alors que je n’avais pas forcément prévu de le voir en premier lieu, je descends faire la queue pour le nouveau film de Leos Carax, présenté en compétition officielle, Holy Motors. Très vite, dans mon cœur et mon esprit, Holy motors est une palme d’or évidente. Revenant à la fois sur son cinéma et sur le cinéma, porté par de multiples performances d’un Denis Lavant habité, de coups de génie et coups d’esbrouffe, Leos Carax transcende son œuvre pour nous apporter un film mature, aussi sublime sur le fond que dans la forme. Bref, mon gros coup de cœur de ce festival à ce jour.

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Encore transportée par la merveille que je viens de voir, complètement euphorique et incontrôlable, me voilà partie pour une folle nuit qui m’emmènera jusqu’à l’aube. Elle commence avec la soirée punk suisse du film Opération Libertad présenté à la Quinzaine des réalisateurs. J’arrive tôt et l’ambiance n’est pas à son comble, je prends un verre mais m’ennuie vite et décide au bout de 45 minutes d’attente de bouger quitte à revenir plus tard. Rendez-vous sur le bateau Arte où les calissons fondent délicatement en bouche avec le pétillement des coupes de champagne qui s’enchaînent. Le bateau ferme ses portes tôt et nous décidons avec ma bande de revenir sur la soirée punk pour profiter enfin d’une ambiance décalée. C’est le cas vers minuit quand nous arrivons pour un concert déchaîné à base de pogo et de paroles revendicatrices, de tatouages et de piercing. Quelques bières plus tard et alors qu’un set de DJ tout à fait réjouissant nous fait déjà gaiement nous trémousser, quelqu’un a la bonne idée de tenter une percée dans le château où se déroule la soirée du film de Ken Loach La part des anges, une soirée à thématique dégustation de whiskies.

Nous sommes déjà tous bien avinés au moment des 15 minutes de marche qui mènent au Château où bien sûr nous faisons chou blanc sans invitation. Pour 6, nous n’avons que 2 pass d’entrée. Qu’à cela ne tienne, 2 personnes entrent dans le château et montent un étage pour nous jeter par dessus un balcon les 2 pass qui ont permis leur entrée… et ainsi de suite. La technique peut paraître audacieuse mais je vous jure que ça marche (et que ça marche régulièrement dans tous genres de soirées). La fête bat son plein, Jean Dujardin et Benoît Poelvoorde sont saouls au point de faire semblant (de façon très réaliste) de se battre devant le bar avant de s’esclaffer. Nous, l’air de rien, continuons notre barathon entre bière, whisky et cocktails vodka cranberries.

De grandes discussions, de cinéma mais pas que, un peu de danse, des rencontres heureuses font que cette soirée que j’avais vue se finir vers 23h nous emmène aux alentours de 6h du matin dans un état très variable selon participants. Mais ce sont des grands souvenirs, peut-être les meilleurs du festival. Je me couche épuisée mais ravie, complètement sous le charme de cette ambiance bon enfant où tout est permis ou presque, et surtout ce qu’on ne fait pas d’habitude. Cannes est la chocolaterie Wonka pour les cinéphiles mais aussi pour les fêtards… imaginez ce que ça donne pour une cinéphile fêtarde…

Lucile Bellan

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