Ernest et Célestine
Un trait dessine sous nos yeux la silhouette d’un ours. Le crayon apparaît progressivement. Puis, la main de Célestine qui la dessine et le profil de ses petites camarades agglutinées autour d’elle. Nous voici plongés dans le grand dortoir de l’orphelinat du monde des souris. Au-dessus d’elles, s’étend le monde des ours, lieu de tous les dangers, dans lequel elles se risquent pour récupérer des dents.
Ce qui sépare les deux mondes d’Ernest et Célestine : les préjugés, les légendes et l’ignorance des uns vis-à-vis des autres. La grande Grise qui surveille le dortoir effraie ses petites pensionnaires avec l’histoire du grand méchant ours. Les ours craignent la capacité des souris à tout envahir et à tout dévorer. Pour relier les deux univers, il aura fallu la rencontre de deux marginaux. Célestine, une petite souris qui ne rêve que de dessiner, et Ernest, un ours clown musicien saltimbanque à l’affut des friandises.
Légèreté flottante
Le film d’animation réalisé par Benjamin Renner, Vincent Patar et Stéphane Aubier reprend avec justesse le pastel délicat de l’album de Gabrielle Vincent. La cité des rongeurs baigne dans un camaïeu de marron et de gris. Celle des ours, dans une atmosphère plus lumineuse, de blanc, de vert, de bleu… La légèreté flottante, rendue grâce au décor peint à l’aquarelle et la fugacité des contours, est respectée dans le long métrage. Les dessins à traits ouverts reproduisent avec délice l’aspect onirique de l’œuvre originale.
Petit bijou de douceur visuelle, Ernest et Célestine offre aussi une belle réflexion sur la différence et les craintes liées aux préjugés. L’histoire, originale, reflète l’esprit des albums sans les répéter. Elle narre la rencontre entre Ernest et Célestine, la naissance de leur amitié et l’inquisition qui leur est faite de la part des ours comme des souris. Un narrateur commente les gestes des deux amis. Si cette voix accompagne l’entrée du spectateur dans l’univers du compte, peut-être finit-elle par lasser les plus grands par son aspect redondant – elle redit seulement les gestes accomplis par les personnages. En revanche, on écoute avec plaisir la voix de Lambert Wilson qui interprète un Ernest à la fois bougon et d’une grande tendresse. Un film plutôt à partager avec les petits donc, mais qui séduira les grands qui ont conservé leur âme d’enfant.
Chloé Goudenhooft
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- Nomination : Caméra d’Or
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Ernest et Célestine
De Benjamin Renner, Vincent Patar et Stéphane Aubier
Durée : 79 min.
A découvrir sur Artistik Rezo :
– les films à voir en 2012
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