La Grande boucle – comédie de Laurent Tuel
Laurent Tuel ne manque pas d’idées. Celle, frappée de génie, d’utiliser notre Johnny national pour lui faire incarner Jean-Philippe Smet, illustre inconnu qui va prendre la place de la rock-star avait attiré plus de deux millions de spectateurs en 2005. Il reprend ici la même trame, proposant à Clovis Cornillac, dont la présence sauve le film en bien des points, d’incarner un looser de la pédale qui, pour reconquérir sa femme qui vient de le lâcher en emmenant leur ado de fils avec elle, va accomplir le Tour de France sans sponsor ni coach, en courant les étapes un jour avant la vraie compétition. Son exploit finit par faire parler de lui et le brave François se trouve sous les feux des projecteurs plus que le grand favori du Tour, un Italien râleur et fétichiste.
L’idée du quidam qui devient un héros national revient donc ici et le film suit exactement la même ligne narrative que celle de « Jean Philippe » avec au lieu du Stade de France, l’Arc de Triomphe pour l’arrivée en fanfare aux Champs Elysées du pédaleur solitaire. Le scénariste a agrégé à cette histoire courue d’avance une dimension qui aurait pu être exploitée avec un peu plus de finesse, celle du combat contre soi-même en parallèle de celle, au demeurant sans intérêt, de la lutte entre le looser et le porteur du maillot jaune. C’est finalement un film très consensuel que livre Tuel avec quelques clichés bien lourdingues (les Hollandais baba cools et vivant le cul à l’air, les Italiens rouspéteurs et queutards de première) et surtout un manque de rythme durant la première partie.
Ce n’est qu’à partir de la prise d’intérêt des médias pour ce drôle de zigue que le film change de braquet et passe à la vitesse supérieure. Confrontation des opposés avec la rencontre du chanteur de rap avec le cycliste, chausse-trappe orchestrée pour décaniller ce looser encombrant et autres pirouettes scénaristiques vont un peu pimenter le propos, sans pour autant le frapper du sceau de l’originalité, le tout étant balisé comme une étape du Tour et rarement drôle et le happy-end gagné d’avance. Un ensemble sommes toutes assez moyen.
Franck Bortelle
[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=JIgPUITZEmk[/embedyt]
La Grande boucle
De Laurent Tuel
Avec Clovis Cornillac, Bouli Lanners, Ary Abittan, Elodie Bouchez, Bernard Hinault, Laurent Jalabert
Durée : 98 min.
A découvrir sur Artistik Rezo :
– les films à voir en 2013
Articles liés
“C’est bientôt fini” : un seul en scène drôle et touchant de Gabriel Donzelli, dès le 14 juin à La Scala !
“Bonjour, j’m’appelle Gabriel, j’vais vous raconter ma vie, y’a eu des hauts et des bas mais ne vous inquiétez pas, c’est bientôt fini”. Gabriel Donzelli livre avec ce premier spectacle un autoportrait à la fois drôle et sensible, à...
Dans le cadre du festival OFF Avignon, “La fleur au fusil” commémore la révolution portugaise
Après le triomphe du “Voyage dans les mémoires d’un fou”, la nouvelle création de Lionel Cécilio ! Le 25 avril 1974, au Portugal, la révolution des œillets fait chuter la plus longue dictature d’Europe. Des milliers de portugais...
“Les Paravents” à l’Odéon : sublimer les morts et les parias de la terre
Dans un spectacle magnifique, Arthur Nauzyciel rend hommage à l’œuvre scandaleuse de Jean Genet, créée il y a soixante ans. Pour incarner quatre heures de performance intense qui nous fait voyager sur des montagnes russes, entre enfer et paradis,...