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Ce qui nous lie : le retour à la terre de Cédric Klapisch

18 juin 2017
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Ce qui nous lie

De Cédric Klapisch

Avec Pio Marmaï, Ana Girardot, François Civil, Jean-Marc Roulot, Jean-Marie Winlig, Maria Valverde, Eric Caravacca.

Durée : 113 min.

Sortie le 14 juin 2017.

Pourtant, bien que Jean soit le narrateur du film, Ce qui nous lie n’est pas seulement son histoire. C’est un film sur la terre, sur le vin, sur le lien, sur l’héritage. Mais c’est aussi un film sur une femme qui s’affirme après avoir trop longtemps vécu dans l’ombre de son père et de ses frères. C’est l’histoire de Juliette, depuis l’enfance douée pour le vin et passionnée par la viticulture, qui reprend le domaine de son père alors que celui-ci avait toujours voulu faire de Jean son héritier. C’est l’histoire de Juliette qui ne se sent « pas faite pour être patronne » et requiert constamment l’avis des autres avant d’enfin oser taper du poing sur la table et proclamer : « C’est mon vin ».

C’est l’histoire de Jérémie, le petit dernier, surprotégé, qui apprend lentement à dire non.

225454.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxxC’est également l’histoire de la terre de Bourgogne, traitée comme un véritable personnage. Un cycle de vie qui accompagne le cycle du vin. « On croit que la terre nous appartient » dit en substance le personnage de Jean « mais à force de s’en occuper, on réalise qu’on lui appartient un peu aussi ». C’est cette acceptation de soi, de sa propre histoire, qui permettra à Jean de résoudre ses conflits intérieurs avec son passé et son présent. Cultiver la terre aux côtés de ses frères et sœurs, travailler à produire un vin exigeant, lui feront un peu mieux comprendre son père et ressentir enfin l’amour que celui-ci n’a pas su lui exprimer correctement de son vivant.

On savait Cédric Klapisch doué pour décrire la jeunesse, son sentiment de révolte, ses rêves d’absolu dans des films générationnels aussi marquants que le culte Péril Jeune ou L’Auberge Espagnole, film emblématique de la génération Erasmus. Mais avec Ce qui nous lie, il réussit un beau portrait de famille, un film sur la transmission, sur ce moment de bascule où l’on réalise ce qu’on doit à ce contre quoi on s’est révoltés et comment la révolte nous a façonnés. Ainsi, le personnage de Jean frappe-t-il parfois par ses ressemblances fugaces avec les Tomasi et les Xavier d’autrefois ; mais des Tomasi et des Xavier qui seraient revenus au bercail et s’y seraient apaisés, pour en retenir quoi transmettre à leur tour.

Raphaëlle CHARGOIS

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[Crédits Photos : © 2017, Emmanuelle Jacobson-Roques, Ce Qui Me Meut. ]

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