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Festival de Cannes 2012 – Mi-parcours

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IMG_2257L’amour fait des ravages, pour l’amour de Dieu, l’amour est aveugle, l’amour toujours, l’amour brisé… Il en existe des expressions où l’amour est le centre des préoccupations. A Cannes, il est omniprésent dans les salles de cinéma. Dès l’ouverture des festivités, Moonrise Kingdom de Wes Anderson donnait le la avec une histoire d’amour platonique entre un jeune scout et une jeune intellectuelle.

Six jours plus tard, Michael Haneke revenait sur la croisette avec Amour en compagnie de Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva. Vivre d’amour et mourir d’amour, voici ce que résume ces deux films dans un genre bien différent. Entre temps, un autre autrichien, Ulrich Seidl, en aura bousculé plus d’un avec son Paradis : amour en compagnie de femmes matures teutonnes en recherche d’amour (et de sexe) au Kenya.

Deux maîtres : Haneke & Zeitlin

IMG_2288Pour l’instant, deux films ont véritablement transcendé la croisette créant la surprise et la stupeur. Il y a donc d’un côté Amour, le dernier film de Michael Haneke qui l’emporte en tout point de vue. Avec le style qu’on lui connaît et l’humanité en plus, le réalisateur nous peint les derniers jours de la vie d’un couple avec un style artistique envoutant et magnifiquement mélancolique. Transcendant, ce voyage unique et initiatique bouleverse et nous renvoie à notre simple condition humaine sans tomber dans le pathos, le tout grâce à un jeu d’acteurs stupéfiant comme on n’en voit plus au cinéma.

A ses côtés, Les bêtes du sud sauvage de Benh Zeitlin impressionne. Ce premier film est une œuvre à part, objet autant improbable que non identifiable. Déjà grand vainqueur du dernier Festival de Sundance, son réalisateur se voit directement sélectionné à Un Certain Regard au lieu de la compétition officielle où l’on aurait préféré qu’il figure. Il y a du Terrence Malick dans cette œuvre contée par une petite fille afro-américaine devant faire face avec son père malade à une tempête dévastatrice en Louisiane. Surement le meilleur film de l’année, voir des cinq dernières années au côté du Tree of life de Terrence Malick.

Deux histoires d’amour… au « masculin »

IMG_2274Attendu comme le loup blanc, le dernier film de Xavier Dolan Laurence Anyways présenté à Un Certain Regard est l’histoire d’un amour impossible. Celui d’un homme devenant femme et d’une certaine manière d’une femme devenant homme, chacun évoluant à leur manière. Xavier ne faillit pas à son style dolanesque mais l’agrémente d’une tonalité mature et sérieuse qui permet de voir un face-à-face cassavétien entre les acteurs Melvil Poupaud et Suzanne Clément qui explosent à l’écran.

A la Semaine de la critique, c’est Hors les murs de David Lambert qui lui aussi raconte une histoire d’amour impossible, mais cette fois-ci entre deux musiciens à la sexualité ambiguë. Le film n’apporte rien au genre (déjà mainte fois adapté à l’écran), mais bénéficie d’une interprétation juste entre le couple masculin Guillaume Gouix/Matila Malliarakis.

Face-à-face

IMG_2270La dualité pourrait être un autre thème lié à ce 65ème Festival de Cannes. Outre les films déjà cités, on pourrait rajouter à la liste le documentaire Polanski : a film memoir (Hors compétition) où le réalisateur franco-polonais se confit à son meilleur ami et producteur Andrew Braunsberg ; l’occasion pour le cinéaste de se confronter une bonne fois pour toutes avec ses démons. Plaidoyer (et défense) en sa propre faveur, ce documentaire signé Laurent Bouzereau est un témoignage rare et une belle proposition du cinéaste.

Entre la Quinzaine des réalisateurs et la Semaine de la Critique, deux films se font face, chacun réalisé par des diplômés de l’école de cinéma La Femis. C’est d’ailleurs ce que l’on pourrait leur reprocher tant leur style fémissien se rapproche et se font échos. Alyah d’Elie Wajeman et Augustine d’Alice Wincour souffrent de cette étiquette dont le cinéma français devrait depuis longtemps se défaire. Il faudrait davantage d’ambition, des scénarios mieux préparés en amont et surtout une meilleure prise son pour que ces films puissent être pris au sérieux. Las, seuls l’interprétation de Pio Marmai dans le premier et Soko dans le second viennent sauver ces premiers films du naufrage.

Film choral

IMG_2269Entre Alain Resnais (Vous n’avez encore rien vu) et Wes Anderson (Moonrise Kingdom), la compétition officielle fait honneur au film choral. La Quinzaine des réalisateurs aussi avec The we and the I de Michel Gondry et Adieu Berthe, l’enterrement de mémé de Bruno Podalydes. Deux comédies ambitieuses qui ont toutes leur place dans une compétition comme Cannes. Si Gondry prend trop de temps à raconter les déboires d’une bande de collégiens américains traversant Brooklyn à bord d’un bus (il s’agit d’un huit clos aéré), Podalydes à l’inverse use d’un humour noir à la sauce anglaise délicieuse où ses acolytes habituelles (Arditi, Vuillermoz, Candelier…) se régalent autant que dans Versailles-Chantiers. En est-il justement de même avec le nouveau Resnais qui reprend certains d’acteurs ? Nous ne saurions le dire puisque notre séjour à Cannes a dû prendre fin la veille de sa présentation.

Et les soirées dans tout ça ?

On les aurait presque oubliés et pourtant ! A chaque film sa soirée, à chaque soirée, sa débauche de stars… et d’alcooliques. Sobre, nous sommes restés, ivre de films nous sommes partis. Ce qui ne nous a pas empêchés de discuter avec de multiples artistes parmi lesquelles Céline Sciamma, Adèle Haenel, Alexandre Desplat (qui a offert une leçon de musique des plus didactiques en rendant hommage à ses compositeurs fétiches), Pio Marmai, Xavier Dolan, Michel Gondry, Michel Franco, Bruno Podalydes et bien d’autres encore. Au sujet des discussions : le cinéma bien sûr, mais pas seulement. Sauf que nous n’en dirons rien: secret professionnel oblige.

Texte & Photos: Edouard Brane
Twitter: Cinedouard

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