Les Contes de la Nuit – film de Michel Ocelot
Les films de Michel Ocelot sont des voyages. Kirikou et la Sorcière (1998) nous avait emmené à la découverte de la culture africaine. Le somptueux Azur et Asmar (2006) plaidait pour le dialogue et la mixité des civilisations, faisant se rencontrer l’Orient et l’Occident dans une harmonie visuelle parfaite. Cette fois, c’est par l’intermède de contes et légendes aztèques, tibétains ou africains, que le réalisateur nous offre les clefs de l’évasion. L’imagination est reine ; le point d’embarquement pour ces continents lointains n’est autre qu’un vieux cinéma, probablement abandonné, où chaque soir, un garçon, une jeune fille, et un vieil homme se retrouvent pour se raconter des histoires, les inventer, les changer, les jouer, les interpréter ; en se déguisant, en lisant, en dessinant des créatures monstrueuses et des paysages luxuriants.
Dépaysants, exotiques, ces Contes de la Nuit possèdent donc aussi une dimension ludique, puisque dès le départ le spectateur est invité à participer au jeu des trois protagonistes, parfois eux-mêmes réticents devant la « moralité » suspecte de certaines histoires : la jeune fille ne voulant pas faire la « monstrueuse » princesse, le vieil homme suggérant de changer la fin d’une aventure qui ne se terminait pas bien. Cette atmosphère de jeu permanent donne une saveur, une drôlerie irrésistible à certains des contes, tels que « Ti-Jean et la Belle Sans-Connaître », dont la chute est particulièrement délectable.
Pourtant, même dans la féérie de « La Femme-Biche et le Fils de l’Architecte », la magie manque. Les images bien léchées où éclosent des fleurs resplendissantes et colorées, où surgissent des animaux fantasmagoriques aux nombreuses vertus, séduisent, mais ne fascinent pas. Michel Ocelot met en scène un théâtre d’ombres chinoises esthétiquement impeccable, mais dépourvu du charme de ses précédents films. Ce qui ne serait peut-être pas si gênant si, en dépit des valeurs humanistes qui y sont disséminées, ces Contes de la Nuit ne sonnaient pas si creux. Le voyage est certes agréable mais on en repart les mains vides et sans vraiment s’être posé de question. Les plus petits apprécieront sans doute, mais les plus grands se demanderont où sont passés les intéressants discours qui sous-tendaient par exemple Azur et Asmar.
Il est regrettable aussi qu’Ocelot s’en tienne au schéma strictement traditionnel des contes de fées : la princesse est toujours en détresse, et n’a qu’à subir son triste sort en attendant que le brave garçon vienne à sa rescousse. Pourquoi n’avoir pas imaginé un personnage féminin fort ? Pourquoi faut-il toujours terrasser les dragons ?
Au fur-et-à-mesure que les contes se succèdent, un certain ennui, dû au caractère répétitif de cette structure narrative, s’installe, heureusement troublé par quelques moments cocasses. Michel Ocelot nous a habitués à beaucoup mieux, et c’est donc un peu déçus qu’on revient à terre, après une excursion qui n’a pas tenu toutes ses promesses, laissant à l’esprit une amère impression d’inachevé.
Raphaëlle Chargois
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Les Contes de la Nuit
De Michel Ocelot
Avec les voix de Julien Beramis et Marine Griset.
Sortie le 20 juillet 2011
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