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Retour sur le 13e Festival du Film Asiatique de Deauville

14 mars 2011
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Il fallait avoir le cœur bien accroché lors de ce Festival du Film Asiatique de Deauville. Entre deuil, meurtre, avortement, immigration et séquestration, difficile de ne pas sortir de chaque séance avec le cœur lourd et quelque peu décomposé. Pourtant, c’est bien une certaine réalité qui nous est dévoilée à l’écran sur laquelle on ne peut fermer les yeux et qui demeure vraie et sincère.

L’annonce terrible du tremblement de terre qui a touché le Japon le vendredi 11 mars est venue nous le rappeler. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien si deux films nippons ont été récompensés cette année. L’un, Sketches of Kaitan City, (Lotus du Jury ex-æquo), se passe précisément dans le Nord du pays tandis que l’autre, Cold Fish (Prix de la critique internationale), est l’adaptation du fait divers le plus sanglant qui ait touché l’archipel. Si le premier a sa place au palmarès, on comprend mal la position du second. Violent, sanglant et oppressant, ce film de Sion Sono sonne comme un mauvais Tarantino. A l’inverse, des films comme Buddha Mountain de la chinoise Li Yu, Donor du philippin Mark Meily ou Udaan de l’indien Vikramaditya Motwane auraient davantage eu leur place au palmarès.

4220xtylnguanyins1 Chine, Philippines, Inde

Parmi eux, Buddha Mountain a donc particulièrement retenu l’attention. Cette histoire d’amitié contemporaine entre trois jeunes en mal de repère et une vieille chanteuse d’opéra en deuil de son fils a su toucher par son traitement narratif particulier et par sa réflexion finale qui ne laisse pas indifférent. C’est aussi ce qui ressort du premier film Donor doté d’un micro-budget. Cette docu-fiction aux allures d’un Brillante Mendoza nous entraine dans le marché noir de faux DVD de Manille où une jeune vendeuse va tout faire pour émigrer à Dubaï, quitte à vendre son foie sur le marché noir. C’est court, vif et efficace, malgré les imperfections techniques qui vont de pair avec les difficultés économiques. L’inverse de Udaan qui, malgré ses facilités scénaristiques, émeut par son propos : la recherche de liberté d’un jeune indien forcé de vivre avec son père autoritaire qui fera tout pour briser ses rêves. Espérons qu’ils seront un jour visible sur nos écrans.

 

palmares-026-470x313 The journals of Musan

Déjà lauréat de l’Etoile d’Or au dernier Festival de Marrakech, le film sud-coréen The journals of Musan de Park Jungbum est l’autre grand gagnant du festival Asiatique en remportant ex-æquo le Lotus du Jury. D’une grande maîtrise et interprété en toute sobriété par le réalisateur lui-même, cette vraie chronique raconte la vie de Jeon Seungchul, récent réfugié nord-coréen à Séoul en perte totale de repères, dépassé par la société de consommation coréenne, maltraité et devant luter pour survivre avec son handicap culturel. Il y a à la fois des frères Dardenne et du Ken Loach dans cette œuvre touchante qui en dit long sur la situation en Corée du Nord. Espérons aussi que cette œuvre ne tardera pas à trouver son distributeur.

 

j-ai-rencontre-le-diable Kim Jeewoon accroche, Park Chan-wook déçoit

Le festival aura aussi été l’occasion de (re)découvrir les univers radicalement opposés des sud-coréen Hong Sangsoo et Kim Jeewoon. On a ainsi pu découvrir respectivement leurs nouvelles œuvres. Du côté de Sangsoo, les doutes existentiels persistent dans Oki’s movie tandis que chez Kim Jeewoon, la violence n’aura jamais autant été présente dans J’ai rencontré le diable, efficace mais éprouvant. Notons enfin dans la section Panorama la projection de Night Fishing, le dernier Park Chan-wook (Old Boy) co-réalisé avec son frère. Ce moyen-métrage qui se vante d’être le premier film réalisé avec un iphone 4 n’est malheureusement qu’un exercice de style déroutant et décevant. Peut-être la déception de cette 13ème édition qui aura permis au public de saisir les maux qui touchent actuellement les pays asiatiques. Parmi ceux-ci, on pourra souligner la perte de repères d’une jeunesse pauvre et déboussolée à la recherche d’un idéal parfois utopique, parfois salutaire. On ressort de ce festival tout aussi ému que marqué malgré un manque légèreté qui n’aurait pas été de refus.

Edouard Brane

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