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Alina Ibragimova – Kirill Karabits – Salle Pleyel

5 février 2012
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KARABITS_Kirill_2_-_credit_Sasha_Gusov

Le premier Concerto pour violon de Chostakovitch est une œuvre réputée difficile. Le compositeur russe dut attendre la mort de Staline pour faire exécuter une œuvre qui dormait depuis plusieurs années dans son tiroir, de peur que son style n’effraie l’idéologie culturelle alors dominée par la figure de Jdanov.

Le Nocturne qui ouvre le Concerto est un long mouvement agencé de couleurs sombres. Très belle sonorité profonde des cordes graves de l’orchestre.

La soliste, Alina Ibragimova, est capable de très belles inflexions de timbre, y compris dans les nuances les plus pianissimo, où elle demeure toujours parfaitement audible.

Le jeune chef ukrainien, est, quant à lui, précis et stable.
D’une grande précision rythmique dans le Scherzo, le chef sait contenir l’orchestre jusqu’aux tutti où sa fougue se libère. La violoniste est explosive.
Le déroulement inexorable et fatal de la Passacaille est magnifique, jusqu’à la cadence de soliste, d’une puissance expressive extraordinaire, Alina Ibragimova est littéralement recourbée sur son violon, et oppose les nuances les plus extrêmes.
Le dernier mouvement, Burlesque, enchaîne les tempi de plus en plus rapides. La soliste finie épuisée, tandis que le chef semble demeurer stoïque.
Très applaudie, Alina Ibragimova joue en bis la Sarabande de la Partita en ré mineur de Bach.
Les Danses Symphoniques de Rachmaninov sont sa dernière oeuvre, composées en 1940, plusieurs décennies après l’écriture de ses oeuvres les plus célèbres (avant 1914), mais dans un style harmonique toujours proche.
Beaucoup plus mobile sur son estrade que dans le Concerto, Kirill Karabits conduit l’orchestre d’une précision rythmique presque saccadée. Dans la partie centrale du premier mouvement, le saxophone couvre les autres bois, mais le phrasé des cordes ensuite est magnifique.
Dans les deuxième et troisième mouvements, le caractère burlesque et sardonique  est moins présent que l’aspect mécanique. Les parties centrales, plus lentes, sont plus réussies.
Le chef est applaudi sans enthousiasme particulier par l’orchestre et le public.

Laurent Torrès

Danses Symphoniques
Dimitri Chostakovitch, Concerto pour violon et orchestre n°1 en la mineur
Serge Rachmaninoff, Danses symphoniques
Alina Ibragimova, violon
Orchestre Philharmonique de Radio France
Kirill Karabits, direction
Vendredi 3 février à 20h à la Salle Pleyel
Concert en direct sur  France Musique
Tarifs : 45, 35, 25, 17 et 10 €
Samedi 4 février 2012 au 20h au Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence
Tarifs : de 10 à 50 €

[Crédit visuel : Sasha Gusov]

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