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Einstein on the Beach – Philip Glass

10 janvier 2013
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En 1976, le compositeur Philip Glass et le metteur en scène Robert Wilson s’associent pour créer à Avignon Einstein on the Beach, un opéra démesuré en quatre actes, considéré comme l’un des chefs d’œuvre du XXème siècle, rapidement devenu culte pour toute une génération de mélomanes.

En 2011, le miracle s’accomplit. Les deux artistes, ainsi que la chorégraphe Lucinda Childs, créent la surprise en annonçant la reprise de leur production mythique le temps d’une tournée mondiale espacée sur un an. Après son coup d’envoi à l’Opéra de Montpellier en mars dernier, l’œuvre s’est déjà envolée pour l’Italie, l’Angleterre, le Canada, les États-Unis, le Mexique et vient de s’arrêter aux Pays-Bas, avant de continuer sa croisière vers la Chine et l’Australie.

Rien ne prépare aujourd’hui la nouvelle génération à découvrir cette œuvre totale avec ses 4h45 de musique sans entracte, ses tonalités répétitives et hypnotiques et sa mise en scène épurée. Une expérience sensorielle, humaine et physique comme il en existe peu et qui en fait un phénomène unique en son genre.

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Le Philip Glass Ensemble

Lisa Bielawa a rejoint le Philip Glass Ensemble en 1992 en tant que soprano soliste. Depuis plus de vingt ans, elle interprète à travers le monde l’œuvre de Philip Glass au côté d’une dizaine de musiciens. « Philip Glass a créé son Ensemble en 1968 pour que sa musique puisse exister et être interprétée en toute liberté. Travailler à ses côtés m’a permis de jouir d’une précieuse indépendance et d’y trouver une source d’inspiration majeure. »

Lisa Bielawa avait seulement 22 ans lors de son arrivée au Philip Glass Ensemble. L’une de ses premières prises de rôle fut celle de choriste dans une reprise d’Einstein on the Beach. En 2012, elle y chante en tant que soliste et se voit confier le poste de chef de chœur. « La musique de Philip Glass est aujourd’hui ancrée dans la tradition. Elle ne change pas autant que la mise en scène conçue par Robert Wilson, qui a de son côté souhaité revoir de nombreux détails liés aux mouvements et à la lumière. »

Choriste et soprano

Dans Einstein on the Beach, la partition pour choristes est d’une difficulté toute particulière. Ils doivent non seulement être tout au long de l’opéra constamment en harmonie, mais aussi apprendre une gestuelle bien particulière, propre à la vision d’un Robert Wilson. « Il est dans cet opéra facile de se perdre et de provoquer à tout moment la confusion. Pour cela, les choristes doivent se doter d’une mémoire sans faille et être constamment concentrés. Il n’y a pas de secret pour cela, il suffit de réduire son énergie intellectuelle durant la journée pour se donner au maximum de sa forme le soir venu. »

En tant que soprano soliste sur cette production, le rôle de Lisa Bielawa est différent puisqu’elle reste dans la fosse au côté des musiciens. « Avec une musique si minimaliste et si répétitive, il est impossible de quitter les yeux de la partition au risque de se perdre soi-même. Même après plus d’une cinquantaine de représentations, chaque soir m’apparaît unique. Nous sentons tous que l’anatomie de notre corps a quelque part changé. L’opéra dure même 15 minutes de moins grâce à l’efficacité renforcée de nos techniciens. »

Du jamais vu

Opéra en quatre actes, séparés par des interludes intitulés « Knee part », Einstein on the Beach est doté de tableaux d’une époustouflante précision. Réflexion sur le temps qui passe, sur l’amour entre deux êtres, sur la folie humaine, les mathématiques, la science et l’apocalypse, l’opéra dresse aussi derrière ces concepts le portrait d’une Amérique multiethnique et égalitaire.

Voulu par ses auteurs comme une représentation où le spectateur est libre de venir et sortir comme bon lui semble, le plus sidérant est de voir un public captivé de bout en bout, comme hypnotisé par une force surhumaine. Pour Lisa Bielawa, « le plus impressionnant est de voir des publics venus du monde entier réagir unanimement à chacune de nos représentations. Quand on pense qu’il y a vingt ans, des huées se faisaient entendre… » Preuve en est que la musique de Philip Glass est de nos jours devenue indispensable, à l’image de cette production mythique qui a de beaux jours devant elle. 

Edouard Brane
Twitter : Cinedouard
 

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