Histoire d’un soldat et El Amor Brujo – Opéra Comique
Jusqu’au 7 avril 2014
Deux oeuvres de l’entre deux guerres sur la scène lyrique dirigée par Marc Minkowski : Stravinski s’inspire d’un conte russe tandis que Manuel de Falla met en scène une gitane amoureuse. Un spectacle inégal.
Le conte plaisamment mis en scène est porté par trois comédiens : un merveilleux récitant à l’accent mystérieux, Yohan Leysen. Sa très belle présence confère au texte beaucoup d’émotions retenues, deux comédiens incarnent le soldat (Alexandre Steiger) et le diable (Arnaud Simon). Leur prestation séduit et emporte le spectateur dans cet univers merveilleux. La scénographie de Jacques Osinski est efficace même si elle rappelle le travail de Joël Pommerat.
Le soldat est “enfermé” dans une cage transparente en fond de scène. Paradoxalement, il est vu sans qu’il donne l’impression de voir à l’extérieur. Il est prisonnier des autres et de lui-même, aveuglé par ignorance. Il ne sait pas lire mais joue du violon. La cage de verre coulisse d’avant en arrière suggérant à la fois un mouvement dans le temps et dans l’espace. La mise en scène est assez sobre. Le soldat, au centre, est longtemps en position verticale ou assise, jamais en mouvement, immobilisé tandis que le diable tournoie autour de lui.
La musique est remarquablement exécutée par un orchestre restreint créant toute l’intensité dramatique. En revanche, la chorégraphie de Jean-Claude Gallotta rompt cet univers inquiétant se contentant d’être simplement illustrative.
La seconde oeuvre tient en tête d’affiche Olivia Ruiz. La vedette de la Nouvelle Star a grimpé les échelons. Elle est extrêmement applaudie pour sa prestation. Certes, la chanteuse a un joli timbre légèrement roque et brutal qui convient bien aux gitanes. Elle a su trouvé la force sauvage de la “sorcière” amoureuse, mais sa voix est peu puissante même transcendée par la rage. Elle danse assez gracieusement. On reste cependant un peu sur sa faim.
Cette fois, la danse a la part belle et trouve davantage sa place dans la mise en scène. Elle participe à l’ensorcèlement, à la transe qui habite les corps. Elle appelle le rituel et le feu.
La mise en scène reste sobre au point qu’on ne voit pas très bien les étapes de l’histoire, même si le choix efficace de ne pas recourir au folklore espagnol est tout à fait convaincant. Les Musiciens du Louvre Grenoble dirigés magistralement par Marc Minkowski font partager leur plaisir à jouer ces airs bien connus.
Marie Torrès
Histoire d’un soldat, Stravinski
El Amor Brujo, Manuel de Falla
Jusqu’au 7 avril 2014
Opéra Comique
Salle Favart
5, rue Favart
75002 Paris
M° Richelieu Drouot ou Quatre Septembre
[Photos : ©Jean-Louis Fernandez]
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