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“Je ne savais pas que je faisais partie d’une espèce en voie de disparition !”, Barton Hartshorn sort son nouvel album

Juliette Labati 5 décembre 2022
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Barton Hartshorn © we are the good children

Dans la lignée des singer-songwriters anglais qui va de Nick Drake, à Pete Doherty, en passant par Lloyd Cole et bien d’autres, Barton Hartshorn propose dix chansons indie-folk sur son nouvel album “Manchester Sun”.

Comment expliques-tu ce retour au folk ? À une musique moins produite et plus direct.

La musique folk a toujours été à la base de ce que je fais, et même quand le produit final finit par recevoir un revêtement pop, rock ou americana, la chanson folk est toujours là, en-dessous. C’est un genre qui se prête particulièrement bien à des textes narratifs, comme si la maison folk avait plus de place à l’intérieur, plus de pièces dans lesquelles on peut placer des personnages. C’est une maison accueillante où l’on revient de temps en temps pour se ressourcer avant de partir sur d’autres aventures…

Peut-on dire que cet album est plus intime que le précédent ?

Sans doute. C’est aussi dû au fait qu’avec des arrangements plus minimalistes, on a forcément l’impression d’être plus proche de celui qui vous chante la chanson. Mais quand j’y pense, je crois que les textes sont plus personnels que sur le précédent. C’est peut être la nature des textes qui a appelé le retour au style folk. J’ai du mal à voir la racine de départ.

Manchester Sun de Barton Hartshorn

Manchester Sun nest pas le titre dune chanson . Y a-t-il une “histoire cachée” sur le titre de lalbum ?

Je n’aime pas utiliser le titre d’une chanson en tant que titre d’album. Je trouve que ça donne trop d’importance à une chanson au détriment des autres. Ça peut créer des jalousies… Manchester Sun vient d’une ligne dans la chanson In a house overlooking the sea qui récrée la scène d’une photo prise quand j’avais à peine quelques semaines. Je suis dans un jardin avec mes parents et le soleil de Manchester nous baigne dans une lumière dorée.

Tu joues de plusieurs instruments sur cet album qui a été enregistré en une semaine. Peux-tu nous en dire un peu plus sur l’enregistrement ?

Je l’ai commencé à Echo Studios en Angleterre. Même si j’ai mon propre studio, je préfère m’éloigner des questions techniques (quel micro ? quel effet ?…) pendant que j’enregistre. Si non, c’est trop de casquettes à un moment où il est mieux de se concentrer sur l’interprétation. Donc, une fois de plus, j’ai trouvé un endroit au milieu de nulle part – peu de signal, zéro wifi.

J’ai enregistré assez rapidement les parties de guitares, suivies des quelques batteries et l’orgue Hammond. L’ingé son (Jamie Masters) m’a même fait la remarque : “Tu travailles toujours à cette vitesse ?”. Je pense que les idées qu’on trouve en cours de route, par nécessité, ont une fraîcheur qui est quasiment impossible à retrouver plus tard.

Barton Hartshorn © we are the good children

Est-ce que ce sont les textes qui influencent ta musique ou le contraire ?

En ce qui me concerne, les phrases me viennent souvent avec une mélodie attachée, comme si elles demandaient à être mises en musique. Mes chansons commencent donc souvent par une phrase. En général, je ne termine les paroles que plus tard, une fois que l’accompagnement est bien en place. Il y a des exceptions, mais c’est le plus courant…

Depuis quelques années, on parle beaucoup de songwriters américains et beaucoup moins des songwriters anglais. Tu arrives à point pour prendre la relève… est-ce une musique en perte de vitesse en Angleterre ?

C’est la deuxième fois qu’on me pose cette question récemment, alors qu’il y a quelques jours je ne savais pas que je faisais partie d’une espèce en voie de disparition ! Je pense que le modèle qu’on a depuis plusieurs années, voire des décennies, d’une personne qui compose et écrit la chanson de A à Z, a fini par laisser la place au gabarit américain d’un collectif, comme dans le hip-hop. Forcément, l’Angleterre a suivi ce mouvement et on est toujours en plein dedans aujourd’hui alors qu’aux States, il sont en train de revenir au point de départ. C’est cyclique…

J’adore la scène dans le film Yesterday où les exécutives du label sont émerveillés devant l’idée qu’une personne seule puisse créer des chansons tout seul, comme s’ils avaient oublié le début de l’histoire. Cette scène est très parlante.

Peut-on établir un parallèle entre tes paroles et le cinéma de Ken Loach qui met aussi en lumière des “gens ordinaires” ?

Je me sens honoré par cette comparaison ! Je pense qu’il est plus facile de raconter une histoire basée sur des gens “ordinaires”. Il faut un enjeu quelque part, et au risque de me faire des ennemis puissants… les problèmes des riches ont quelque chose de moins légitime.

Peux-tu nous dire quelques mots sur ta collaboration avec Roxane Arnal ?Travailles-tu avec dautres artistes ?

J’avais déjà travaillé avec Roxane sur deux projets auparavant, Beauty & the Beast et My Sweet Afterlife. Nos façons de travailler en studio sont très compatibles, donc les choses se sont faites naturellement. On est allé avec son groupe enregistrer – encore une fois ! – dans un coin perdu. Cette fois, au Studio Faune, en Bretagne. J’ai également réalisé plusieurs albums avec Pauline Paris, ainsi que l’album des Downtown Merrylegs. La liste est longue !

Quels sont les albums que tu écoutes en ce moment ?

Un peu de tout comme d’habitude ! Revealer de Madison Cunningham (j’adorerais collaborer avec!), Lucifer on the sofa de Spoon, un groupe que je suis depuis longtemps, je revisite le magnifique Channel Orange de Frank Ocean (dans lequel il y a une super chanson sur les problèmes des riches !), et puis pas mal de musique classique en préparation des arrangements pour mon prochain album – Le Rachmaninov no.3 joué par Martha Argerich tourne en boucle depuis un moment…

Nouvel album Manchester Sun disponible sur toutes les plateformes

Dernier clip, Starter Kiss disponible sur YouTube

Interview réalisée par Juliette Labati


À lire également sur Artistik Rezo : Rencontre avec Roxane Arnal, chanteuse et actrice par Juliette Labati

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