La Belle Hélène renverse la Grèce au Châtelet
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La Belle Hélène De Jacques Offenbach, livret de Henri Meilhac et Ludovic Halévy Mise en scène de Giorgio Barberio Corsetti et Pierrick Sorin Avec Gaëlle Arquez, Merto Sungu, Gilles Ragon, Marc Barrard, Jean-Philippe Lafont, Kangmin Justin Kim, Mark van Arsdale, Raphaël Brémard, Franck Lopez, Jennifer Michel, Je Ni Kim, Rachel Redmond, Olivier Podesta et Renaud de Rugy Jusqu’au 22 juin 2015 Tarifs : de 10 à 99 € Réservation au Durée : 2h40 Théâtre du Châtelet M° Châtelet |
Jusqu’au 22 juin 2015
Pour cette toute nouvelle production, le duo Pierrick Sorin à la vidéo et Giorgio Barberio Corsetti à la mise en scène a transformé l’opérette d’Offenbach en un croustillant péplum où triomphe la très belle et très talentueuse Gaëlle Arquez dans le rôle-titre sous la direction d’un jeune chef de 25 ans. Très kitsch, pour coller au millefeuille d’Offenbach. Créée en 1864 au Théâtre des Variétés, La Belle Hélène constitue le “must” de l’opérette, un mélange de genres ébouriffant de fantaisie et de références culturelles. Prenez le principe de la cocotte-minute : placez-y Ménélas, le roi de Sparte, un souverain pas très brillant mais fier de ses muscles et de ses exploits, régnant sur une cour de pacotille dans laquelle sa belle épouse Hélène s’ennuie à mourir et ne se distrait qu’avec l’arrivée d’un beau berger, Pâris, qui parvient à remporter toutes les épreuves d’un jeu et auquel Vénus en personne a promis la plus belle des femmes. Jacques Offenbach et ses compères Meilhac et Halévy brodent sur le plus célèbre adultère de l’antiquité grecque qui voit s’enfuir sur Cythère le couple Hélène et Pâris, aux yeux de tous les rois et du principal intéressé, son époux Ménélas, berné tel un dindon de la farce. Le compositeur s’amuse à torpiller les mœurs des bourgeois de son époque et à pulvériser l’académisme mélodique par des emprunts aux chansons paillardes, aux marches militaires, tout en se référant à Mozart, Bizet ou Rossini. Il pastiche à souhait ses maîtres, se moque de la société de manière irrévérencieuse par une orchestration brillante où les percussions et les cuivres s’en donnent à cœur joie pour mettre de l’ambiance. Encore faut-il connaître son répertoire pour tricoter ainsi avec ses pairs. D’emblée, on est saisi par la maîtrise et la précision du dispositif de caméras minuscules et savamment orientées qui permettent de démultiplier l’image jusqu’à quatre fois, superposant les plans, réels et virtuels, grossissant les visages et les maquettes d’engins à moteur ou d’avions jusqu’à nous faire croire à des divinités embarquées dans des hors-bords ou des soucoupes volantes. Le vidéaste Pierrick Sorin et le metteur en scène Giorgio Barberio Corsetti, qui signent pour le Châtelet leur troisième création après Pietra del paragone en 2007 et Pop’pea en 2102, réalisent un film d’animation en direct en mélangeant plusieurs personnages à l’écran dans plusieurs lieux différents et sur plusieurs niveaux de jeu. Le résultat est impressionnant, même s’il confère à la longue au procédé télévisuel du zapping et de la multiplication d’écrans. Où sommes-nous au juste ? Bien sûr, le propos s’y prête, qui place Hélène en bourgeoise superficielle et enamourée dans son salon devant une série télé avec Pâris ou qui met les rois de Grèce en concurrence sur le jeu Qui veut gagner des millions ?. Couleurs vives, costumes de carnaval, chorégraphies grotesques, qui provoquent souvent le rire et la gaudriole avec des chanteurs engagés avec une valeureuse énergie dans la farce. Il faut le souligner, celle que l’on ne peut oublier est une jeune mezzo-soprano à la diction parfaite, à la musicalité remarquable et au jeu subtil et sincère. Corps de reine, port sculptural et visage de madone, la jeune cantatrice remporte tous les suffrages dans ce rôle à la technicité vocale évidente en y apportant une touche personnelle sincère qui joue avec les clichés de la cocotte. Merto Sungu est un Pâris sympathique et drôle, mais juste vocalement. Dans le rôle de Calchas, l’augure de Jupiter, Jean-Philippe Lafont fait merveille, roublard et malicieux comme un vieux magicien, face à l’Oreste de Kangmin Justin Kim qui en fait beaucoup dans la facétie juvénile. Mark van Arsdale (Achille), Raphaël Brémard (Ajax 1) et Franck Lopez (Ajax 2) rivalisent de ridicule et d’orgueil dans leurs joutes verbales et musicales. Le jeune chef Lorenzo Viotti excelle au pupitre par sa maîtrise précise de la partition avec un orchestre encore un peu frais lors de la première. Un spectacle musical total et techniquement inventif, qui met l’opéra bouffe à la portée de tous les publics. Hélène Kuttner [Photos © Marie-Noëlle Robert pour le Châtelet] |
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Gaëlle Arquez est une très belle Hélène



