Mama event – live in Montmartre !

Si, parmi les 22  soirées Mama on ne devait en choisir qu’une, ce serait l’air rytmo night, croisement aérien atypique, à mi-chemin de la Réunion, comme des Antilles, de la Louisiane  et comme de l’Oklaoma, de Paris comme de Genêve. La terre d’accueil est celle de Moriarty, arride et chaleureuse, épurée et authentique. Et on y croise des revenants : des fugitifs d’un autre siècle, dont les passions ou encore les détresses étaient chantées par des ancêtres parfois anonymes du songwriting anglo-saxon. Ils sont à l’honneur dans ce siximème album de Moriarty, Fugitives. Et sur la scène de la Cigale, l’hommage est sublimé par sa déambulation naturelle en terre voisine, étrangère mais familière.

Première escale dans les profondeurs  sublimes et vibrantes de la voix de Christine Salem, avec pour seul écrin,  des percussions mélodieuses au rythmes Maloya de son île, celle de la Réunion. Deuxième escale chez Mama Rosin, folk cajun électrique, entre la Suisse et la Louisiane. Puis on arrive dans cette ville-fantôme bâtie par  Moriarty, où un archet se ballade sur toutes les cordes qu’il croise, où l’instrument vocal de Rosemary cherche à se fondre humblement parmi ceux des instrumentistes, artisans complices d’une folk toujours aussi intemporelle. Enracinés, chacun à sa manière,  dans  des traditions musicales éloignées, les trois univers de la soirée s’invitent les uns chez les autres, pour tisser  une cohérence prenante et surprenante. Au premier regard, celui de Christine Salem se détache des deux autres. Mais sa voix à la gravité chantante et pénetrante se promène harmonieusement sur les deux autres terres, qu’elle parcourt sans efforts pour nous dévoiler ses reliefs inexplorés.

La voix charmeuse et hypnnotique de Phildel

Avant les concerts dans les grandes salles, il y a ceux, plus courts, dans les petites salles, pas toujours habituées à accueillir du live entre leurs murs. Parfois, au détriment d’une musique qu’on découvre ou redécouvre, pas toujours dans les meilleures conditions d’écoute. Pourtant, certaines émotions passent, certains instants restent. Attrapée à la volée entre quelques notes voilées d’Alka saisies dans l’élégance intime du Carmen, et la pop électro libanaise de Yasmine Hamdan au Divan, les 40 minutes de Phildel au Dandy sont de ceux-là. Pop mélancolique et rêveuse, evasion poétique et multiforme, la musique de la chanteuse britannique touche , malgré une fragilité qui semble parfois surjouée. Melodies aussi envoûtantes que sa voix, charmeuse et hypnotique, dans sa douceur comme dans sa force. Et les percussions bricolées par Shafil Percuzong leur donne un relief original, presqu’innattendu: moins électronique, plus brute, et deroutante. 

Et avant les petits concerts, il y a les débats, les conférences, les rencontres professionelles, formelles ou informelles, raison d’être de cet évènement. Des interrogations marginales ou des questionnements de fond sur l’industrie musicale investissent les grands espaces nord-parisiens de diffusion culturelle, principalement le  Trianon – centre de l’évènement – et le Centre Musical FGO-Barbara. Face aux jeunes et moins jeunes professionnels du secteur, le Mama tend, le jour, ses micros à ceux qui font vivre la musique du côté du management, du côté de la  production et de la diffusion, ou encore du côté des artistes. Le temps est souvent trop court, pour des enjeux complexes aux facettes multiples. Alors aux grands débats, on préfère par exemple un tête-à-tête avec l’un des grands de l’industrie qui signe notamment la Madonna des premières heures: Paul Stein, vice-président de Warner Bros Records et co-fondateur de Sire Records. Assis face à Jeremy Silver, dans les élégants fauteuils rouges sur la scène de Trianon, il dévoile un parcours qui brasse d’un point de vue personnel, quelques-unes des tendances et des questions débattues.

Lydie Mushamalirwa
@M_lydie