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Rencontre avec Urumi, la DJ de demain

Urumi ©RoxannePeyronnec

À l’occasion de la sortie de son nouvel EP, Première danse, l’on a pu rencontrer Urumi, 28 ans, DJ et productrice.

Pourquoi ce nom de scène ?

Parce que je suis hyper fan, depuis toute petite, du manga GTO et le personnage de Urumi Kenzaki a retourné mon esprit tout au long de mes enfance et adolescence. Ce nom m’est resté en tête et je me suis dit que je le ressortirais dès que je saurais ce que je fais de ma vie. Et quand j’ai commencé la production et mes représentations ça a été le moment.

Tu as débuté avec tes sœurs au sein de GDIB, la musique a t-elle toujours fait partie de vos vies ?

Pour être honnête, je n’écoutais pas du tout de musique avant de mixer. J’étais restée bloquée sur Britney Spears et Linkin Park. J’écoutais vraiment toujours la même chose puis c’est venu très progressivement. Vers 2012, j’ai découvert que j’aimais la musique, avec Kaytranada, Sango et toute la team de Selection. J’ai eu le déclic en organisant une soirée : en payant le DJ je me suis dit que si j’apprenais j’étais certaine de pouvoir le faire et économiser. À la base ça a commencé sur un coup de tête, et l’idée s’est renforcée à force de voir les DJ en club. La première fois que je suis allée en boite et qu’on m’a mise sur liste, j’ai essayé de comprendre le pourquoi du comment, la logique du système. Et quand j’ai assimilé l’équation DJ, liste, table, bouteilles,… qu’il était payé et qu’il pouvait inviter tous ses potes, j’ai commencé à cogiter… On a organisé une première soirée avec une amie, et ça a vraiment très bien marché. Puis j’ai réussi à convaincre ma sœur et l’histoire “Girls Do It Better” s’est rapidement écrite. Aujourd’hui je suis fière d’avoir fait ce choix qui m’a ouvert sur tout un monde. Je sais maintenant que je ne ferais pas le métier dont je rêvais de faire quand j’étais toute petite mais que ce serait encore plus fou ! C’est en essayant que l’on sait si on est fait pour ça ou pas.

Il est rare de rencontrer des filles DJ qui percent ? Tes débuts dans la discipline ont-ils été compliqués ?

Ça n’a pas été si compliqué. Je pense que dans tous les domaines il faut se servir de ce qui est censé nous porter préjudice. Nous on a utilisé le fait d’être des femmes noires, et on était plus ou moins les seules à ce moment. Ce que l’on a fait de nouveau c’est monter un crew. C’était surement la première fois en France sous cette forme je pense et c’est ce qui a fait que ça se soit monté assez rapidement, en plus du fait que nous produisions des soirées dans lesquelles nous jouions. Grâce à notre persévérance il y a eu un effet boule de neige. Ce qui a été compliqué ça a été d’arriver sur nos lieux de représentation et qu’une fois en backstages il fallait faire comprendre qu’on était là en tant que DJ et non pas pour tenir la jambe des DJ hommes présents au line-up. En dehors de ça, l’insertion dans le métier s’est passé plutôt aisément et je suis reconnaissante envers tous ces tourneurs et bookeurs qui nous ont fait travailler. Beaucoup ont compris directement ce que l’on voulait. Et c’est ce qui nous a poussé à continuer dans nos carrières solo pour mes sœurs et moi. Je ne peux alors que conseiller à tout le monde et encore plus aux femmes noires de foncer sans retenue pour arriver à leurs objectifs.

Quels ont été tes modèles et influences ?

Mes modèles absolus et mes influences au niveau de la production sont Kanye, Missy Elliott (j’insiste), The Neptune (en numéro un), et Timbaland, pour tout ce qu’ils ont pu apporter dans le monde de la production. Après leurs enfants, tous les nouveaux producteurs, Sango, Kaytranada, Selection, ou Yaeji, une productrice femme excellente, un vrai modèle. Mais aussi Prodigy, The Chemical Brothers et Britney Spears, Britney parce que les productions utilisées au début des années 2000 relèvent du génie, The Neptune revient souvent, c’était toujours les mêmes producteurs à l’époque, qui étaient des génies. C’est de là que me viennent mes influences et inspirations.

Urumi ©Roxanne Peyronnec

Alors qu’on t’avait connue dans un style afro-electro avec Afrocalypse, Première Danse se trouve dans une énergie presque contraire, un R’n’B alternatif. Ce morceau marque t-il une rupture ?

C’est bien le problème quand on commence en tant que producteur. Moi mon problème a été de vouloir maitriser plusieurs styles différents surtout pour les drums. Il est vrai que Première Danse a une approche différente d’Afrocalypse et c’est pour ça qu’il n’apparait pas sur mon EP. J’arrive vraiment ici en tant que productrice, c’est Simon (Atlan N.D.L.R) qui porte le son.

Comment décrirais-tu ton univers ?

Question extrêmement difficile. Je suis un peu border border. J’aime changer de style. Que ce soit avec les vêtements, la musique et même professionnellement. Je dirais que mon univers est métissé et varié. Je n’en suis qu’à mon second single et je n’ai qu’un clip pour l’instant, donc il y a encore pas mal de matière à venir, dont un premier EP, qui permettrons de présenter mon étendue artistique. Je compte sur ma musique et les retours du public pour préciser cet univers parce que personnellement j’ai énormément de mal à définir ce que je fais.

Où te verrais-tu dans dix ans ?

En studio et en tournée. J’espère que dans dix ans je serai encore là à faire mes trucs, c’est mon rêve et j’aurai énormément de chose à dire !


Propos recueillis par Soraya Assae Evezo’o

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