Vintage soul made in 93, rencontre avec Principles Of Joy
Principles Of Joy
Après des années à enflammer les foules, il était temps pour Principles Of Joy de capturer l’énergie brute et la magie des shows intenses et explosifs qui redonnent à la soul toute sa force, sa profondeur et son pouvoir de transcendance partagée. “Live at CXVIII”, leur quatrième album est leur premier enregistrement en public : un véritable retour aux sources, enregistré à l’ancienne, sur bande et sans filet.
Quels sont vos artistes de référence ? Ceux qui vous ont influencé ?
Des dizaines de noms viennent rapidement à l’esprit. Je dirais en vrac : Curtis Mayfield, RZA, Mary J. Blige, Byard Lancaster, Alice Coltrane, Syl Johnson, Major Lance, The Marvelettes, Sharon Jones, Redman… Ceux qui nous influencent dans la production ou la composition sont par exemple Curtis Mayfield, pour la profondeur de son songwritting et la beauté de ses arrangements de cordes, Willie Mitchell pour le son de ses rythmiques et l’écriture minimaliste de ses cuivres, RZA pour sa capacité à transcender un sample, l’écriture mélodique de Ashford & Simpson, les B.O de Johnny Pate et son sens de la ligne de basse et des arrangements à la fois complexes et évidents… bref c’est sans fin, j’oublie beaucoup de choses encore.
Comment composez-vous les morceaux ? Les paroles en premier et la musique ensuite ou le contraire…
J’écris la musique des morceaux de mon coté au piano tandis que Christelle Amoussou s’occupe des paroles et de la mélodie. C’est parfois la musique en premier, parfois les paroles, il n’y a pas de règle. Par contre, chez Christelle, paroles et mélodie arrivent toujours ensemble. Les deux jaillissent de manière concomitante dans un mouvement commun. Je crois que cette particularité est un des éléments constitutif du son “Q-Sounds”
Votre musique a une énergie très spontanée. Est-ce que l’improvisation a une place importante dans votre manière de travailler ?
Paradoxalement, les morceaux de Principles Of Joy sont très composés, très écrits. Par la suite chaque musicien s’approprie la composition et y apporte sa touche, son style, sa personnalité. Cette étape du processus est par contre très libre et ne s’achève que lorsque que s’impose l’évidence du morceau. L’énergie très spontanée vient à mon avis de cette appropriation collective qui fait que chacun d’entre nous se sent libre au sein des règles de la compo.
Vous avez une bonne expérience de la scène. Quelle est la clef pour transcender votre musique devant son public ?
C’est vrai que la scène est un lieu très important, c’est un espace de vérité et de révélation. Pour que ce moment de transcendance advienne, il ne faut pas qu’il y ait de “spectacle” mais plutôt un échange entre le groupe et le public se trouvant au même niveau. La “représentation” instaure une distance qui empêche la transcendance, c’est pour ça qu’on aime bien jouer sur des scènes peu surélevées dans des petits clubs : la frontière entre le groupe et le public s’estompe. C’est à ce moment que la musique se transcende et nous transcende.
Vos paroles semblent inspirées d’expériences vécues… est-ce que vous vous glissez dans la peau d’un personnage à la manière d’un(e) acteur / actrice ?
Christelle investit beaucoup d’elle-même dans ses lyrics. Elle s’inspire de ses émotions et de son vécu. Cette manière d’écrire est une constante de la soul, mais aussi du hip-hop. L’authenticité de l’expérience est le chemin le plus direct vers l’âme de l’auditeur qui peut alors voir dans les paroles le reflet de sa propre existence, de ses propres sentiments.
Votre musique se fait l’écho de cette période dorée ou des labels tels que la Motown ou Stax alignaient les singles dans les charts dans les années 60. Au-delà de votre amour de cette musique qui transpire sur cet album live, comment définissez-vous votre touche “personnelle” ?
C’est vrai qu’on fait de la soul et qu’à ce titre Motown ou Stax sont des labels incontournables de l’histoire de cette musique. Faire de la soul aujourd’hui en ignorant les racines du genre n’est pas possible. On puise donc dans le patrimoine de ceux qui nous ont précédés sur le chemin de la soul. On s’inscrit dans une continuité tout en étant contemporains. Loin de nous l’idée de nous inscrire dans une démarche muséographique ou nostalgique. Ce qui rend notre soul contemporaine c’est déjà le fait qu’elle est faite aujourd’hui, mais aussi et surtout qu’elle intègre les apports sonores du hip-hop. La soul de Principles Of Joy est post hip-hop, elle intègre l’idée du sample à venir et de la composition par rupture ou collage.
L’autre aspect très contemporain de notre démarche est le positionnement économique et politique de notre label : alors qu’à la base, la soul est aussi un moyen de réussir au sens capitaliste du terme (cf Motown), chez Q-Sounds nous nous inscrivons à l’inverse dans une démarche très indépendante, proposant une organisation alternative non soumise aux lois du marché, renouvelant radicalement les conditions dans lesquelles advient la soul d’aujourd’hui.
À la manière des grands labels soul comme Motown vous avez votre propre studio dans lequel vous enregistrez vos albums et ceux d’autres artistes signés sur votre label Q-sounds recording. Qu’est-ce qui a “déclenché” cette démarche ?
Comme je l’expliquais précédemment, nous avons toujours cherché à être indépendant, à ne dépendre de personne. Cette culture underground vient du fait que certains d’entre nous ont commencé la musique avec le hip-hop à la fin des années 80, à une époque où cette musique n’existait que par la volonté de ses acteurs passionnés. L’autre chose est notre culture de banlieue qui nous a toujours appris à ne compter que sur nous même pour atteindre nos objectifs. Avoir notre propre studio, maîtriser le processus créatif du début à la fin est une garantie d’indépendance. Effectivement c’est un point commun avec les grands labels historiques du genre. Je crois qu’eux aussi y trouvaient un moyen d’être libre de mener leur productions comme ils l’entendaient et ainsi de créer une musique sans jugement extérieur.
Dans quels pays votre musique est elle le mieux accueillie ?
Sans hésiter en Allemagne… la France n’a pas une grande tradition de pop musique. La soul est loin d’être un genre dominant. Bref, c’est l’Allemagne qui nous a ouvert les portes en grand. On y a déjà tourné à de nombreuses reprises. On espère que la France va petit à petit s’intéresser à ce qu’on fait.
Quel message souhaitez-vous faire passer ?
La soul est une musique de l’Amour et de la transcendance. C’est ça le message.
Avec ce nouvel album, quelles sont vos ambitions ?
Notre première ambition était de graver un bout de l’énergie déployée par le groupe lors des concerts, garder une trace de ces moments de communion avec le public. On espère aussi que ce quatrième album aidera à faire reconnaître en France la place incontournable de Principles Of Joy et de Q-Sounds Recording sur la scène soul contemporaine.
Live at CXVIII capture cette expérience, cette communion d’émotions et de rythmes, et en fait un témoignage sonore unique. Live at CXVIII est bien plus qu’un simple album live : c’est l’empreinte d’un groupe qui vit sa musique dans l’instant et la partage en toute sincérité, avec la passion et l’énergie qu’elle porte.
Ne manquez pas Principles Of Joy en concert le 5 mai au Supersonic (Paris)

Propos recueillis par Juliette Labati
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