Camille Chamoux « Née sous Giscard » – Théâtre Petit Saint-Martin

Camille Chamoux est née en 1977, sous Giscard. Après un premier one, « Camille attaque »,  où elle campait des femmes plus foldingues les unes que les autres, elle est apparue dans des publicités au scénario décalé. Bien entendu, sa formation de comédienne l’a aussi amenée au théâtre (« Love and Fish », « Britannicus », « L’École des femmes »…). Beaucoup d’entre vous l’auront enfin repérée dans les séries « Clem » et « WorkingGirls » avant d’aller la voir dans « Les gazelles », film dont elle a également cosigné le scénario.

Née sous Giscard a beau être un spectacle très personnel, il parle à tous. Entre rire, fantaisie et émotion, Camille y relate sa vie et ses rêves de petite fille, mais aussi les nôtres puisqu’elle a eu la bonne idée de resituer son histoire dans notre Histoire. De ses souvenirs d’école à aujourd’hui via le temps de l’adolescence au sein d’une famille pour le moins réac et ses débuts d’adulte, Camille ne parle pas vraiment de son métier. Ce qu’elle nous raconte, c’est la difficulté pour un enfant de devenir grand… et, au passage, de perdre ses illusions. Elle nous dit aussi tout de ses doutes quant à ce « siècle de l’émotion mais sans convictions » qui l’amène à ne pas se « sentir hyper à l’aise avec cet espace-temps ».

Rassurez-vous, ce n’est pas pour autant un spectacle métaphysique. Non, c’est tout simplement un spectacle qui a du fond parce qu’il interroge les changements de ce monde, des paroles de Marseillaise à la montée d’une agressivité certaine en passant par tous les « fatigués » (comprendre « déprimés »). L’ensemble, à l’image de Camille, en douceur, avec une belle dose de fantaisie et beaucoup d’humour.

D’ailleurs, Camille donne immédiatement le ton en passant des vinyles de Michèle Torr, Charles Aznavour ou encore Anne Sylvestre qui marquèrent cette époque comme « Big Bisou » de Carlos ou « La chenille » de la Bande à Basile. Elle ajoutera d’autres de ses références, BHL, Valérie Kaprisky, Patrick Bruel, Michel Leeb… pour avouer s’être construite sur des « bases molles » !

En nous regardant prendre nos sièges, Camille, l’oeil malicieux, note ses impressions dans son journal intime. Plus tard, elle en relira des passages plus anciens. Ah oui, il faut préciser que nous nous trouvons… chez elle. C’est plus facile pour se glisser dans sa vie !

Entrer dans sa vie, c’est aussi faire un retour en arrière sur la nôtre, quel que soit notre âge. Car l’auteur, Camille herself, passe en revue les présidents qui ont précédé et suivi Giscard et nous remémore des éléments clés qui ont marqué chaque époque, le mange-disque, les yéyés, le Palace… Impossible alors de passer à côté de ce que nous avons vécu… et vivons aujourd’hui.

Attention, Camille Chamoux ne cultive pas la nostalgie. Au contraire, elle tord le nez au fameux « c’était mieux avant ». Pour se faire, elle n’est pas seule. Elle a convoqué des membres de sa famille, des personnes qu’elle a côtoyées, une ado, une mère… d’hier et d’aujourd’hui. Rien à voir donc avec un quelconque one woman show nombriliste. Au contraire, l’universalité est de mise, accentuée par une écriture subtile, une interprétation sans faille et une mise en scène efficace. .

En résumé, on est totalement sous le charme de cette comédienne pleine de fraîcheur et de naturel comme de son ton libre et de son autodérision. Alors, courrez voir ce spectacle surprenant, attachant et enthousiasmant !

Caroline Fabre

[Crédit photos : Cyril Bruneau]