0 Shares 5945 Views

Alexandre Bonstein

15 mai 2009
5945 Vues
l_d1002175f207d0ed783ce8f8587338e6

 
 

Si Alexandre Bonstein était un animal, ce serait un chien. Plus précisément  un bâtard. Un chien parce qu’il aime bien qu’on le caresse s’amuse-t-il. Un bâtard, parce qu’il aime le mélange. Et le mélange, c’est ce qui fait toute la beauté et la spécificité de son métier, de sa passion : le théâtre musical.

Né à Lausanne le 7 octobre 1963, il suit quelque cours au conservatoire avant de monter à Paris à l’âge de 20 ans. Il cherche à enrichir son expérience et veut diversifier sa formation en suivant des cours de théâtre, de chant, de danse et d’acrobatie. Mais à Paris, « il est difficile d’être pris au sérieux quand on s’intéresse à plusieurs disciplines en même temps » confie-t-il. Il décide alors de faire des allers-retours entre Paris et New York pour suivre quelques cours, entre autres, au H.B. Studio avec Herbert Berghof et Ed Morehouse. Un temps, il lui est venu l’idée de rester à New York, capitale du théâtre musical, mais Paris lui manque. Quand il décide de s’y installer, il n’a pas fallu plus de trois semaines pour que le rêve américain s’effondre, sans raison. New York ne sera plus qu’une destination de passage.

Paris, c’est elle qui lui a donné sa première chance, son premier contrat. En 1989, alors qu’il était serveur au Piano Zinc, un ami lui annonce qu’une audition à lieu pour la comédie musicale Cats, mise en scène par Gillian Lynn, au Théâtre de Paris. Alexandre tente sa chance et réussit. Dès lors, au gré des rencontres, les rôles s’enchaînent pour lui dans plusieurs comédies musicales : Zazou, les Misérables, Barnum, Mayflour, Le magicien d’oz, Hair, 7 filles pour 7 garçons…

En 1999, alors qu’il est de passage à New York, un ami, Thierry Voiblet, dispose d’un espace à Alphabet City, dans l’East village, lieu de prédilection des artistes et junkies des années 1960 aux années 1980. D’improvisations en improvisations, des histoires de monstres névrotiques sortent de ce lieu. C’est ainsi que Créatures, la première pièce musicale d’Alexandre Bonstein, se monte peu à peu. Mise en scène par Agnès Boury, la pièce est produite à New York, à Dublin, puis au Casino de Paris de 2004 à 2009.

Un mélange entre Disney et le trash, entre l’humain et l’animal.

Créer des spectacles permet à cet être timide et introverti de faire partager son univers. S’il fallait définir ce monde personnel, Alexandre explique qu’il s’agirait d’un mélange étrange entre quelque chose de très proche de l’enfance, de très coloré, de très « Disney » mais en même temps de trash, de sale, d’animal. C’est le conflit, la tension entre ces deux mondes antithétiques qui le fascine et ce qui l’intrigue dans l’humain, c’est bien la part d’animalité qui réside en nous. C’est d’ailleurs l’une des premières questions qu’il se pose lorsqu’il rencontre quelqu’un ou qu’il travaille à un nouveau rôle : à quel animal cette personne ressemble-t-elle ?

Mais partager et faire surgir ce qu’il a à dire comme créateur ne suffit pas et Alexandre n’envisage pas de quitter la scène. Pour lui, le métier de comédien et de chanteur complète vraiment celui d’auteur. Il ne s’agit pas seulement d’exprimer ce que l’on a au fond de soi, encore faut-il confronter son monde intérieur à celui dans autres et pénétrer des univers différents. « Incarner les personnages des autres, c’est vivre plusieurs vies, des vies qu’on n’aura jamais l’occasion de vivre, précise-t-il. C’est une sorte de défouloir, cela permet de laisser libre cours aux fantasmes ».  De l’animal à l’homme, de soi à l’autre tout n’est qu’histoire de mélange, semble-t-il.

Alors qu’il vient de finir la tournée du Cabaret des hommes perdus, une création de Christian Siméon mise en scène de Jean-Luc Revol, Alexandre prépare quelques projets. Il y a d’abord son bébé, comme il l’appelle, « Chienne », une nouvelle pièce de théâtre musical. La pièce, qu’il prépare avec l’aide d’Isabelle Ferron, prendra la forme d’un one man show, accompagnée de deux musiciens chanteurs, prévue pour 2010.

Autre projet pour 2010, une commande dans le cadre de l’année France-Russie : la mise en scène du spectacle musical Bonnie and Clyde, de Bernard Poli à Irckoutsk, en Sibérie. Avec Jacques Verzier, il aura à sa disposition une troupe russe de trente acteurs et quarante musiciens. La pièce étant adaptée en russe, les metteurs en scène seront aidés de traducteurs. « Un beau challenge » se réjouit Alexandre, qui envisage bien de se mettre au russe.

Chloé Goudenhooft
 

En ce moment

Articles liés

« Pourquoi je n’ai jamais été heureux en amour » : un one man show bouleversant
Spectacle
173 vues

« Pourquoi je n’ai jamais été heureux en amour » : un one man show bouleversant

Se saisissant de la scène comme d’un livre ouvert, le comédien Patrick Massiah se livre à coeur ouvert, depuis les rives de la Méditerranée, du Maroc et de Nice, jusqu’au cours de théâtre de Julien Bertheau qui lui a...

“Damascus” (feat. Omar Souleyman and Yasiin Bey) : nouveau titre de Gorillaz extrait du prochain album “The Mountain”
Agenda
78 vues

“Damascus” (feat. Omar Souleyman and Yasiin Bey) : nouveau titre de Gorillaz extrait du prochain album “The Mountain”

“Damascus” (feat. Omar Souleyman and Yasiin Bey) est le tout nouveau titre de Gorillaz, le quatrième extrait du prochain album studio du groupe, “The Mountain”, qui sortira le 27 février 2026 sur leur propre nouveau label, KONG. Écrit par...

Billie Eilish au cinéma : découvrez les premières images exclusives du film coréalisé avec James Cameron
Agenda
79 vues

Billie Eilish au cinéma : découvrez les premières images exclusives du film coréalisé avec James Cameron

Réalisé pendant sa tournée mondiale jouée à guichets fermés, BILLIE EILISH – HIT ME HARD AND SOFT TOUR (3D) propose une nouvelle expérience de concert innovante sur grand écran, avec l’une des artistes les plus célèbres et les plus...