Bestie di scena ( Bêtes de scène ) – Emma Dante au Théâtre du Rond Point
© Masiar Pasquali
Ils courent, sautent, s’entraînent devant nous comme une armée d’athlètes qui se préparent à résister, ou à l’exploit. 14 artistes affirment leur présence face à nous, qui prenons place, les lumières de la salle encore allumées.
On songe au film « On achève bien les chevaux » dans lequel Sydney Pollack montrait des marathons de danse durant la grande dépression des années 30 aux Etats-Unis, avec des candidats qui dansent jusqu’à épuisement pour gagner de quoi survivre. Après un échauffement épuisant qui tire déjà les traits des visages en sueur, chacun des participants se déshabille, lentement, pour n’apparaître plus que dans sa totale nudité.
A quoi bon garder des vêtements, gardons notre corps qui nous appartient, quitte à pudiquement se cacher le sexe et les seins semblent penser ceux qui nous font face, regard grave et fixe, semblant revenus de tout. Leur appartient-il donc vraiment, ce corps unique, qui va maintenant obéir à des injonctions, des impulsions, des répétitions de mouvements comme des animaux de cirque ? On leur jette une citerne d’eau, une corde, une grande serviette dans laquelle ils s’enroulent un à un, le temps est chronométré comme aux Jeux Olympiques, mais la souffrance est de toute manière supérieure à la satisfaction de réussir l’exploit. Des serpillières pour éponger, puis des cacahuètes à manger, une épée, un hochet d’enfant.

© Masiar Pasquali
Terrain de jeu ou camp de concentration ? Paradis ou enfer, que cette concentration d’individus abêtis, abrutis, réduits à l’état d’animaux qui n’ont même plus d’identité propre que leur corps qui leur échappe ? Ajoutons que le spectacle est totalement frontal, et opère par une interaction constante avec le public, yeux dans les yeux. Certaines images, notamment celle des corps pressés les uns contre les autres, sont saisissantes. D’autres scènes, comme celle du singe, cocasses, sont plus faciles. Mais il faut avouer que la sincérité et l’engagement des artistes, qui se mettent à nu pour de bon, est à saluer. Car cet engagement dépasse de loin celui de la simple exhibition, pour exprimer la souffrance et la rage d’exister.
Hélène Kuttner
A découvrir sur Artistik Rezo :
– Avignon 17, cinquième épisode : la revanche des corps, Hélène Kuttner
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