Délices du rêve avec Sacha Guitry
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Faisons un rêve D’après Sacha Guitry, adapté par Nicolas Briançon Mise en scène de Nicolas Briançon Avec Nicolas Briançon, Éric Laugérias, Marie-Julie Baup, Michel Dussarat Jusqu’au 31 octobre 2017 Du mardi au samedi à 19h Tarifs : de 18 à 49 € Réservation Durée : 1h30 Théâtre de la Madeleine M° Madeleine |
Alléger les inéluctables lourdeurs de l’existence est l’art exquis de Sacha Guitry. Quoique jeune lorsqu’il écrit Faisons un rêve, il instille déjà dans cette pièce son sens merveilleux et subtil de la dérision. Ennemi du chagrin, il passe par le rêve pour détourner la réalité. Au diapason de l’auteur, l’équipe menée par et avec Nicolas Briançon nous enchante comme en un songe éveillé. Ils sont quatre, la femme et le mari, l’amant et le valet de chambre. Évidemment, l’adultère guette les époux et chacun s’y livre sans se douter que l’autre en fait autant. Ce serait plus simple de se l’avouer puisque la tromperie est à égalité, mais tout le piment de la situation repose sur la dissimulation. La ruse qu’il faut déployer pour ne pas éveiller les soupçons atteint une intelligence savoureuse sous les traits de l’amant, avocat célibataire et virtuose du verbe en n’importe quelle circonstance.
Le décor peint en fond de scène nous plonge dans un Paris romantique et la nuit d’amour passe comme un rêve. Sacha Guitry créa la pièce en pleine Première Guerre mondiale avec sa première femme puis la reprit successivement avec ses deuxième et troisième femmes, y compris au cinéma, harmonisant sa vie aux caprices du théâtre. Raimu lui donnait la réplique et l’accent provençal du personnage nous le rappelle non sans émotion. On sort de cette proposition de rêve avec bonne humeur, étourdi des répliques grisantes dont Sacha Guitry a le secret. Émilie Darlier-Bournat [Photo © Pascal Riondy] |
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Jusqu’au 31 octobre 2017
Comme souvent, cet amant est un ami du mari, et quand celui-ci vient lui confier ses frasques, les infidélités croisées donnent lieu à des bijoux de savoir-vivre. Il faut esquiver, accélérer, stopper, rebondir et garder son calme tout en alignant de pétillants mensonges. Nicolas Briançon, dans le rôle du séducteur et ami, brille sous ces facettes multiples. Il charme la jeune femme avec l’arme de la délicatesse infinie, déroulant l’immensité de son sentiment avec une sincérité touchante. Avec la même franchise, il ne se dérobe nullement aux obstacles de l’amour qui, tout compte fait et après examen des désavantages du mariage, deviennent des secours fort utiles à sa tranquillité de célibataire volage. L’œil souriant, l’allure souple et le ton charmeur sont les qualités requises et Nicolas Briançon les possèdent irrésistiblement. À ses côtés, la drôlerie naïve du mari est menée par Éric Laugérias. Admirablement pataud, celui-ci soulève des rires expansifs dans le public et sa malice bien cachée attire immanquablement la sympathie.
Autour d’eux, la jeune femme scintille en une magnifique robe jaune qu’elle porte on ne peut plus joliment. Le metteur en scène organise ses déplacements afin que chacun puisse l’admirer sous toutes les coutures et c’est chose faite. Chez Guitry, une femme se regarde, il faut s’y prêter sans s’offusquer. La comédienne ajoute ici un vrai sens de la comédie, la situation est menée en toute et brillante logique. Quant au valet de chambre, son grain de folie sans excès fait passer sur le plateau une note gracieuse et désopilante. Le rythme d’ensemble est vif, la tonalité cristalline.



